Le Pape raffermit la foi et l'action des jeunes des Églises orientales
Delphine Allaire – Cité du Vatican
François a remis jeudi son discours préparé aux participants à la plénière de la Roaco sans le lire, expliquant qu'il n'avait pas «une bonne respiration» et qu'il était encore «sous l'effet de l'anesthésie» après son opération de laparotomie du 7 juin dernier à l'hôpital Gemelli de Rome.
«La générosité solidaire est souvent la seule réponse concrète à l'injustice et à la douleur qui oppriment tant d'êtres humains». Dans le texte non lu, le Pape a remercié à nouveau les membres de la Roaco pour «leur solidarité proactive» envers la mosaïque de chrétiens orientaux. «Elle aide à guérir les blessures, elle est comme une caresse sur le visage de ceux qui souffrent, et restitue l’espérance dans la tourmente des conflits», a-t-il estimé, déplorant le contraste persistant entre le projet de paix de Dieu et les guerres d’hier et d’aujourd’hui. Pourtant, la Bible aussi, «montre, dès le début, la violence du frère sur le frère»: Caïn et Abel, le meurtre de l'innocent... «Dieu, qui a chassé Caïn, l'a cependant empêché d'être tué (cf. Gn 4, 1-16). C'est le premier acte de justice et de miséricorde», a souhaité rappeler le Pape François aux membres de la Roaco.
Jeunes d'Orient, «soyez des sentinelles de paix»
Cette année, les représentants des agences membres de cet organisme d'aide aux Églises d'Orient ont placé au centre de leur travaux les attentes des jeunes. Un choix judicieux, selon le Pape, qui s’envolera dans un mois et demi pour Lisbonne à la rencontre des jeunes catholiques du monde entier pour les 37e JMJ.
«Les jeunes veulent être les protagonistes du bien commun, qui doit être la "boussole" de l'action sociale. Chers jeunes ici présents, vous vivez sur des terres où la restauration du bien commun est une condition essentielle de survie. Soyez des sentinelles de la paix pour tous, des prophètes qui rêvent et annoncent un monde différent et non plus divisé!», a écrit le Pape, revenant sur l’héritage de Benoît XVI en la matière.
La charité n'est pas «une bureaucratie de la bonté»
Dans l'Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Medio Oriente (2012), sur laquelle, dix ans après sa publication, la Roaco a récemment organisé une rencontre à Chypre, Benoît XVI encourageait les jeunes à «cultiver continuellement la véritable amitié avec Jésus par la force de la prière» (n. 63), a souligné François, considérant que là était pour les chrétiens, la source première de l'action. «Si nous partons de là, de l'amour crucifié et ressuscité, il sera plus facile de rejeter non seulement le particularisme, mais aussi le triomphalisme, et de rejeter une solidarité exhibée pour se faire bien voir et être pertinent», a-t-il observé, poursuivant: «Le cœur transpercé de Dieu nous libère d'une charité pensée comme un commerce, un calcul de pure philanthropie, une bureaucratie de la bonté ou, pire, un réseau d'intérêts politiques».
L'aide après les séismes en Syrie et en Turquie
Le Pape rappelle aux jeunes que c’est par la Croix, «engagement suprême de Dieu dans la souffrance de l'humanité», qu’ils atteindront «l'authenticité qu'ils recherchent, le courage de témoigner, la force de dépasser l'individualisme et l'indifférence qui font fureur aujourd'hui». La visée étant de faire grandir la compassion. «Un mot qui est au cœur de notre foi, parce qu'il nous montre l'amour de Dieu qui s'implique totalement dans la souffrance humaine».
François a ensuite salué les efforts des organismes engagés pour les chrétiens d’Orient, notamment après les séismes meurtriers survenus en Turquie et en Syrie en février dernier, «au milieu des souffrances quotidiennes de populations durement éprouvées». «Dans le sol aride de la douleur, vous y faites germer des graines d'espérance», a-t-il noté, prenant la mesure de toutes les difficultés entourant cette mission: «J'espère que nous pourrons vraiment continuer à aider ces populations; tant de promesses ont été faites, mais il est encore difficile d'utiliser les systèmes bancaires normaux pour envoyer de l'aide aux victimes».
«La chère Ukraine martyrisée»
François a remercié pour «les efforts considérables» déployés pour aider l'Ukraine à soutenir les personnes déplacées à l'intérieur du pays et les réfugiés. Le Pape, qui avait lancé il y a quelques années «pour ce cher pays» l’initiative «Le Pape pour l'Ukraine» lancée en 2016, a profité de cette assemblée pour inviter chacun «à ne pas manquer de proximité concrète, de proximité de prière et de charité, avec le peuple ukrainien martyrisé».
Outre l'attention habituelle portée à la Terre Sainte et au Moyen-Orient, cette session de la Roaco a mis l'accent sur des projets d'aide en Iran, en Turquie et en Érythrée. «Puissent les immenses trésors humains et naturels dont Dieu a doté ces belles contrées être mis en valeur et apporter un peu de sérénité à leurs habitants», en a conclu le Souverain pontife argentin dans ce discours.
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