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Le Pape appelle la France et l'Europe à de nouveau tressaillir de foi

Devant plus de cinquante mille fidèles réunis au sein du stade Vélodrome de Marseille, le Pape François a présidé la messe qui a conclu son séjour dans la Cité phocéenne. Dans son homélie, il a souhaité que nous trésaillions devant la vie et devant nos prochains comme le fit le fils d’Elisabeth devant Marie.

Xavier Sartre – Cité du Vatican

C’était un moment très attendu. La rencontre entre les catholiques de France et le successeur de Pierre lors d’une messe. Cela n’avait pas eu lieu depuis 15 ans dans l’Hexagone. 50 000 fidèles ont répondu présents dans la clameur du mythique stade Vélodrome, 100 000 le long de l’avenue du Prado, samedi 23 septembre. 

Dans une marée de bleu et de blanc, les couleurs de Marie, de Marseille et de l’Argentine, terre natale du Pape, les chants et la louange entonnés par 800 choristes ont rythmé la célébration. Pour accueillir le Souverain pontife sous un ciel bleu éclatant, de grands tifos du virage sud: le Pape en personne, la cathédrale de la Major, ou un simple merci en lettres jaunes sur fond bleu.

Dans ce stade bleu et blanc qui lui était tout acquis, le Pape François, pour ce dernier rendez-vous avec les catholiques français lors de son séjour à Marseille, a présidé la messe. «Nous avons besoin de retrouver passion et enthousiasme, de redécouvrir le goût de l’engagement pour la fraternité, d’oser encore le risque de l’amour dans les familles et envers les plus faibles, et de retrouver dans l’Évangile une grâce qui transforme et rend belle la vie» a déclaré le Saint-Père. L’Église, la France et l’Europe ont besoin de cela, a-t-il affirmé, nos sociétés aussi, elles qui sont marquées par «le sécularisme mondain et par une certaine indifférence religieuse», a-t-il noté.

 

Pour cela, il faut suivre l’exemple du fils d’Elisabeth enceinte quand elle reçut la visite de sa cousine Marie, «véritable Arche d’Alliance qui introduit le Seigneur incarné dans le monde», «signe de la visite de Dieu vainqueur de toute stérilité», qui «rend possible ce qui semble impossible», qui «engendre la vie, même dans la stérilité». Il faut, en d’autres termes, tressaillir, d’abord devant la vie, puis devant son prochain. 

Lutter contre les passions tristes

Celui qui croit, qui prie, tressaille dans l’Esprit, sent quelque chose qui bouge dans son cœur, a expliqué François. C’est tout le contraire «d’un cœur plat, froid, installé dans la vie tranquille, qui se blinde dans l’indifférence et devient imperméable, qui s’endurcit, insensible à toute chose et à tout le monde, même au tragique rejet de la vie humaine qui est aujourd’hui refusée à nombre de personnes qui émigrent, à nombre d’enfants qui ne sont pas encore nés, et à nombre de personnes âgées abandonnées», a-t-il dénoncé. Notre société européenne porte ainsi ces maladies: «cynisme», «désenchantement», «résignation», «incertitude», «sentiment général de tristesse», autant de «passions tristes», a-t-il listé.

Mais les personnes nées dans la foi évitent ces maladies, en reconnaissant la présence de Dieu «même au milieu des difficultés, des problèmes et des souffrances». Elles se sentent accompagnées et soutenues par Lui. Elles cultivent une passion, un rêve, un intérêt qui «pousse à s’engager personnellement». Elles savent que le Seigneur «invite à témoigner de l’Évangile pour édifier avec douceur, à travers les dons et les charismes reçus, un monde nouveau», a précisé François.

Tressaillir devant la chaire blessée

Celui qui croit tressaille aussi devant son prochain car «Dieu est relation et souvent il nous rend visite à travers des rencontres humaines», quand «notre cœur ne reste pas impassible et insensible devant les blessures de ceux qui sont les plus fragiles». Les grandes villes métropolitaines et tant de pays européens comme la France, a remarqué le Saint-Père, «sont en ce sens un grand défi contre les exacerbations de l’individualisme, contre les égoïsmes et les fermetures qui produisent solitudes et souffrances».

Le Pape invite à apprendre de Jésus à «éprouver des tressaillements pour ceux qui vivent à nos côtés», et à faire comme Jésus, à tressaillir de miséricorde «devant la chaire blessée de ceux qu’il rencontre». Nous pouvons y parvenir en regardant Marie qui se dérange et qui nous enseigne que Dieu est cela: «Il nous dérange, il nous met en mouvement». «Nous voulons être des chrétiens qui rencontrent Dieu par la prière et nos frères par l’amour», qui accueillent le feu de l’Esprit «pour se laisser brûler par les questions d’aujourd’hui, par les défis de la Méditerranée, par le cri des pauvres, par les “saintes utopies” de fraternité et de paix qui attendent d’être réalisées».

Une pensée pour les Niçois victimes de l'attentat du 14 juillet

À l’issue de la messe, avant de prendre congès des Marseillais, le Pape François a tenu à remercier toutes celles et ceux qui ont travaillé à sa visite, toute l’Église de Marseille, dont l’archidiocèse «a été le premier au monde à avoir été consacré au Sacré-Cœur de Jésus, en 1720, au cours d’une épidémie de peste», a-t-il précisé.

Il a aussi tenu à saluer tous les catholiques venus de France et notamment les Niçois «qui ont survécu au terrible attentat du 14 juillet 2016. Souvenons-nous dans la prière de tous ceux qui ont perdu la vie dans cette tragédie et dans tous les actes terroristes perpétrés en France et dans toutes les parties du monde. Le terrorisme est lâche». Il n’a pas oublié non plus d’avoir une pensée pour les Ukrainiens, invitant à prier «pour la paix dans les régions ravagées par la guerre».

François a salué aussi les malades, les enfants et les personnes âgées «qui sont la mémoire vivante de la civilisation», ainsi que les personnes dans le besoin et tous les travailleurs de Marseille. Il en a profité pour rappeler que Jacques Loew, premier prêtre ouvrier de France, travailla sur le port de Marseille.

Les derniers mots du Pape furent prononcés en français: «Je vous bénis. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Ce travail n’est pas facile! Merci.»

Remerciement des Marseillais

Le cardinal Jean-Marc Aveline, auparavant, avait remercié le Pape pour «cette inoubliable journée». Évoquant la visite du Pape à Notre-Dame de la Garde, il n’a pas manqué de souligner qu’ainsi, il avait été «baptisé marseillais». Mais ce sont les paroles du Saint-Père qui ont le plus marqué évidemment. «Sans faire le tour de la France, vous vouliez attirer les regards de notre pays vers cette Méditerranée et éveiller nos consciences à la responsabilité qui est la nôtre par rapport à cet espace qui fait partie de notre histoire et de notre géographie», a souligné l’archevêque-hôte de Marseille.

Soulignant, non sans malice, que les Marseillais sont «à jamais les premiers» en France à avoir accueilli une messe célébrée par le Pape François, le cardinal a confié qu’en venant au Vélodrome, le Saint-Père avait finalement rendu visite chez eux à tous les Marseillais. «Si vous saviez comme nous en sommes fiers et heureux! Je crois que ce soir, même la Bonne Mère a la larme à l’œil !».

La Messe du Pape François au Stade Vélodrome

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23 septembre 2023, 17:54