François sur les abus: aucun silence ni aucune dissimulation
Jean-Charles Putzolu - Cité du Vatican
En recevant samedi 18 novembre les participants à la première rencontre nationale des services et des centres d'écoute territoriaux pour la protection des mineurs et des plus vulnérables, le Pape a soutenu «une culture de la prévention» dans laquelle s’est engagée la conférence épiscopale italienne. Au jour où, pour la troisième année consécutive, «toutes les communautés ecclésiales d'Italie s'engagent dans la prière, dans la demande de pardon et dans la sensibilisation à cette douloureuse réalité», le Pape a rappelé la figure du prophète Jérémie: le Seigneur est prêt à guérir toute blessure, même la plus profonde. Il y a cependant une condition à cela: «notre conversion et la reconnaissance de nos faiblesses sont nécessaires», dit François.
Veiller, écouter et guérir
L’évêque de Rome articule sa pensée autour des trois verbes, veiller, écouter et guérir. Veiller pour «participer activement à la douleur des blessés et rendre toute la communauté responsable de la protection des mineurs et des plus vulnérables»; écouter, pour «mettre de côté toute forme de protagonisme et d'intérêt personnel»; et enfin guérir parce que «la guérison des blessures est aussi une œuvre de justice». Et le Pape d’ajouter: «C'est précisément pour cela qu'il est important de poursuivre les auteurs de ces crimes, d'autant plus s'ils sont commis dans des contextes ecclésiaux».
Ces trois verbes sont indissociables pour le Souverain pontife. Et avant toute chose, «nous ne pouvons pas nous arrêter dans nos efforts pour protéger les mineurs et les personnes vulnérables», souligne le Pape. Une attention constante est par conséquent indispensable. «La tutelle fait partie intégrante de la mission de l'Église», dit-il, «aucun silence ni aucune dissimulation ne peuvent être acceptés en matière d'abus». Le Saint-Père souligne l’importance d’une formation permanente «même en dehors de notre monde ecclésiastique», n’hésite pas à affirmer François, poursuivant: «Songez que, selon les statistiques mondiales, entre 42 et 46 % des abus ont lieu au sein de la famille ou du voisinage. Chut, tout est couvert : oncles, grands-parents, frères, tout. Ensuite, dans le monde du sport, puis dans les écoles».
Concernant la culture de la prévention, elle est appelée à se développer en écoutant les victimes. «Seule l'écoute de la douleur des personnes qui ont subi ces crimes terribles ouvre à la solidarité et pousse à tout mettre en œuvre pour que l'abus ne se reproduise pas», relève le successeur de Pierre. «Nous sommes appelés à une réaction morale», continue-t-il, pour «réparer le tissu déchiré de l'histoire».
Lutter contre la pornographie infantile
Encourageant ses hôtes à poursuivre sans relâche la lutte contre les abus, François les invite à s’inquiéter aussi «d'une chose très grave qui se produit, à savoir les vidéos pornographiques utilisant des enfants», et donc à élargir la lutte à ces nouveaux phénomènes, aux responsables et aux sources de financement «parce que les choses les plus horribles sont diffusées sur les téléphones portables».
Restaurer la confiance
Enfin, il faut rétablir une relation de confiance, faire absolument tout ce qui est possible «pour que tous ceux qui ont été blessés par le fléau des abus puissent se sentir libres de se tourner avec confiance vers les centres d'écoute, pour y trouver l'accueil et le soutien qui peuvent apaiser leurs blessures et renouveler leur confiance trahie». François souhaite que soit opéré «un véritable changement culturel qui place les plus petits et les plus vulnérables au centre de l'Église et de la société civile», et que l’attention soit mise «sur ce fléau qui touche malheureusement beaucoup, trop, de mineurs et d'adultes».
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