Le Pape exhorte l'audiovisuel catholique italien à lutter contre les discordes

Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican

«L'innovation technologique a transformé les modes de production et d'utilisation des contenus, et maintenant l'intelligence artificielle "modifie aussi radicalement l'information et la communication et, à travers elles, certains des fondements de la coexistence civile». Le Pape François l’a affirmé à l’entame de son discours, se souvenant de sa dernière rencontre avec cette équipe il y a dix ans. Rappelant que «la communication et l'information sont toujours enracinées dans l'humain», le Saint-Père a souligné l’importance «d'incarner la foi dans la culture, à travers le témoignage, en racontant des histoires dans lesquelles l'obscurité qui nous entoure n'éteint pas la lumière de l'espoir».

Être proche des personnes

Leur conseillant une première attitude à adopter, «la proximité», François a rappelé l'importance de la proximité par le biais de la télévision ou de la radio, aux personnes qui «trouvent en vous des amis dont ils peuvent recevoir des informations, avec lesquels ils peuvent passer agréablement du temps, ou partir à la découverte de nouvelles réalités, d'expériences et de lieux». Cette proximité, a-t-il assuré, «s'étend également aux territoires et aux banlieues où les gens vivent». C’est pourquoi le Souverain pontife les a encouragés à «créer des réseaux, à tisser des liens, à raconter ce qu'il y a de bon et de beau dans nos communautés». Par ailleurs, face aux risques de s'aplatir sur certaines logiques dominantes, de se plier au pouvoir ou même de construire des fausses nouvelles que court la communication le Saint-Père les a exhortés à ne pas céder à la tentation de l'alignement. «Allez à contre-courant, toujours avec vos semelles et à la rencontre des gens», a-t-il demandé. Car, ce n'est qu'ainsi que vous pourrez être «authentiques par vocation», conseillant de ne jamais oublier ceux qui sont en marge, «les pauvres, les solitaires, les laissés-pour-compte».

Communiquer avec le cœur

Abordant une deuxième attitude, le Pape s'est référé à son message en vue de la Journée mondiale des communications sociales, invitant à une communication avec le cœur. Car, dit-il, en dehors du cœur, «vous ne pouvez pas observer un fait, vous ne pouvez pas interviewer quelqu'un, vous ne pouvez pas raconter quelque chose». Pour François, la communication ne se résume pas à la transmission d'une théorie ou à l'exécution d'une technique, c'est un «art qui a pour centre la capacité du cœur qui rend possible la proximité». Cela permet de faire place à l’autre, «de se libérer des chaînes des préjugés, de dire la vérité sans la séparer de la charité». Enfin, le Souverain pontife a invité à ne jamais séparer «les faits du cœur», mais à avoir le courage d’être alternatif «sans devenir polémique ou agressif; d'être crédible, sans avoir la prétention d'imposer son point de vue; d'être un bâtisseur de ponts».

Exercer le métier avec responsabilité

«Chacun doit faire sa part pour que toutes les formes de communication soient objectives, respectueuses de la dignité humaine et attentives au bien commun», a affirmé l'évêque de Rome, faisant allusion à la responsabilité dans l’exercice du métier. C'est ainsi, selon lui, que nous «pourrons réparer les fractures, transformer l'indifférence en accueil et en relation», pour correspondre à la vocation de cette profession: «celle d’être des messagers qui informent avec respect et compétence, en luttant contre les divisions et les discordes. Sans jamais oublier qu'au centre de chaque service, de chaque article, de chaque programme, il y a la personne».