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Le Pape a reçu les délégations de la fédération professionnelle italienne des artisans, le 10 février 2024, en salle Paul VI du Vatican. Le Pape a reçu les délégations de la fédération professionnelle italienne des artisans, le 10 février 2024, en salle Paul VI du Vatican.   (Vatican Media)

Le Pape encourage les artisans «à faire tomber les murs de l’exclusion»

Le Pape a reçu 5 000 entrepreneurs et représentants de la Confartigianato, fédération professionnelle italienne rassemblant près de 700 000 artisans dans toute la Botte, samedi 10 février, en salle Paul VI. L’évêque de Rome a loué l’ingéniosité et la créativité humaine propre à ce secteur, mettant en garde contre la mentalité consumériste du «jetable».

Delphine Allaire - Cité du Vatican

Ces dernières décennies, le domaine de l'artisanat a connu des transformations notables, passant de petits ateliers à des entreprises produisant biens et services à grande échelle. «L'utilisation des technologies a augmenté les possibilités du secteur, mais il est important qu'elles ne finissent pas par remplacer l'imagination de l'homme, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu», a d'emblée espéré François, soulignant que les machines reproduisent, mais que les hommes inventent.

Habileté des mains, passion du cœur, idées de l'esprit

Dans son discours, le Souverain pontife a relié l’artisanat au travail des mains, des yeux et des pieds. Le travail manuel fait selon lui «participer l'artisan à l'œuvre créatrice de Dieu». En effet, fabriquer n'est pas la même chose que produire. «Cela met en jeu la capacité créatrice qui peut réunir l'habileté des mains, la passion du cœur et les idées de l'esprit. Vos mains savent faire beaucoup de choses qui font de vous des collaborateurs de Dieu», a relevé le Pape citant le Livre de Jéremie «comme l’argile est dans la main du potier, ainsi êtes-vous dans ma main».

Le Saint-Père a reconnu les difficultés inhérentes à la profession: «Il arrive que vos entreprises cherchent du personnel qualifié et ne le trouvent pas: ne vous découragez pas en offrant des emplois et n'ayez pas peur d'inclure les groupes les plus fragiles, à savoir les jeunes, les femmes et les migrants.»

La dignité du travailleur

François les a exhortés à faire tomber les murs de l'exclusion à l'égard de ceux qui ont des handicaps graves ou qui sont handicapés peut-être à cause d'un accident du travail, de ceux qui sont maintenus en marge et exploités. «Chaque personne doit être reconnue dans sa dignité de travailleur. Ne coupons jamais les ailes aux rêves de ceux qui veulent améliorer le monde par le travail et utiliser leurs mains pour s'exprimer», a-t-il souligné, développant l’importance des yeux après celle des mains.

L'artisan porte un regard original sur la réalité. Il a la capacité de reconnaître dans la matière inerte un chef-d'œuvre avant même qu'il ne soit réalisé. «Ce qui pour tout un chacun est un bloc de marbre, est pour l'artisan un meuble ; ce qui pour tout un chacun est un morceau de bois, est pour l'artisan un violon, une chaise, un cadre!», s’est réjoui le Pape, estimant que l'artisan arrive avant tout le monde à pressentir le destin de beauté que peut avoir la matière. Cela le rapproche du Créateur. Le Pape rappelle là que Jésus  a vécu plusieurs années au milieu des rabots, des ciseaux et des outils de menuiserie. Il a appris la valeur des choses et du travail.

Et François de dénoncer la mentalité consumériste du jetable. «La Création n'est pas une somme de choses, c'est un don, "un mystère joyeux que nous contemplons dans la joie et la louange" (Enc. Laudato si' 12). Et vous, artisans, vous nous aidez à avoir un autre regard sur la réalité, à reconnaître la valeur et la beauté du matériau que Dieu a mis entre nos mains.»

Des compagnons de route au milieu de la culture de l'indifférence

Enfin, le Pape a détaillé l’apport des «pieds» à l’ouvrage artisanal. «Les produits issus de vos activités parcourent le monde et l'embellissent, en répondant aux besoins des gens. L'artisanat est une façon de travailler, de développer l'imagination, d'améliorer l'environnement, les conditions de vie, les relations. C'est pourquoi j'aime aussi vous considérer comme des artisans de la fraternité». La parabole du bon Samaritain rappelle cet artisanat de la relation, du partage.

Selon François, nos pieds nous permettent de rencontrer de nombreuses personnes déchues sur le chemin: par le travail, nous pouvons leur permettre de marcher avec nous. «Nous pouvons devenir des compagnons de route au milieu de la culture de l'indifférence. Chaque fois que nous faisons un pas pour nous rapprocher de notre frère, nous devenons les artisans d'une nouvelle humanité», a conclu le successeur de Pierre confiant ces travailleurs à la protection de saint Joseph charpentier, patron des artisans.

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10 février 2024, 11:00