Le Pape aux jeunes de Venise: sortir du virtuel pour révolutionner le monde réel
Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican
Nous sommes tous des enfants de Dieu, appelés à réaliser le rêve du Seigneur, celui de «témoigner et vivre dans la joie», a déclaré le Pape devant les jeunes. Comme nous partageons les belles expériences, ce dimanche est une occasion «pour redécouvrir dans le Seigneur la beauté que nous sommes et pour nous réjouir au nom de Jésus, le Dieu jeune qui aime les jeunes et qui surprend toujours», a poursuivi François.
Pour conserver le souvenir de ce beau moment de rencontre dans la beauté de Venise, le Saint Père a proposé aux jeunes deux verbes «pratiques», «maternels» et «de mouvement», qui ont animé le cœur de Marie et l’ont portée à aller répandre la joie du Seigneur et aider ceux qui étaient dans le besoin: se lever et aller.
Dieu voit en nous des enfants à relever et non pas des malfaiteurs à punir
Rapprochant le verbe se lever de se relever, le Pape a décrit la gamme de réalités existentielles auxquelles il est attaché, comme: se relever de terre, des chagrins pour regarder vers le haut, se lever pour faire face à la vie, pour dire à Dieu «Me voici», pour accueillir le don précieux et irremplaçable que nous sommes. François a conseillé aux jeunes qu’en se levant chaque matin, ils puissent faire un acte de reconnaissance au Seigneur en lui disant un merci pour la vie. Il les a aussi exhortés à prier avant de se plonger dans les activités du jour, en disant par exemple le Notre Père, dont le premier mot «Père», nous fait reconnaître comme des fils et filles bien-aimés, car pour Dieu, personne n’est un «profil digital», nous sommes «des enfants du ciel».
Une telle confiance aide à lutter contre une force de gravité négative qui tire vers le bas, «une inertie oppressante qui veut que nous voyions tout en gris». Celui qui tombe dans une telle situation doit laisser le Seigneur le prendre par la main pour le relever. En cas de doute, il ne doit pas hésiter à changer de cadre et à penser au regard de Dieu, lui qui manifeste toujours sa miséricorde face à nos fragilités, comme il a fait avec Pierre, Marie-Madeleine ou Zachée. Face à nos erreurs, Dieu ne voit pas des malfaiteurs à punir, mais des enfants à relever, puisqu’il sait que nous sommes à la fois beaux et fragiles, comme Venise est splendide et délicate à la fois, a dit le Pape.
La constance et le travail d’ensemble font réaliser des grandes choses
Une fois relevés, il faut désormais «rester constant» et ne pas lâcher prise, car c’est cela le secret des grandes réussites, a exhorté François. Le Saint-Père a mis en garde contre les situations éphémères dans lesquelles beaucoup tombent aujourd’hui, sans aller loin: les émotions rapides, les sensations momentanées, les instincts qui durent quelques instants. Les champions sportifs, les artistes et les scientifiques montrent pourtant que «les grandes réalisations ne se font pas en un instant, tout et tout de suite». De même, ce qui compte dans la vie, «la foi et l’amour», ne se réalisent pas non plus en un instant, a fait remarquer le Pape, soulignant le danger de l’improvisation, de prier, d’aller à la messe ou de faire des bonnes choses quand on en a envie. Une telle manière de faire ne donne pas des bons résultats, il faut persévérer jour après jour, «faire ensemble» car «le faire seul ne fonctionne pas dans les grandes choses», a insisté François. Il a invité les jeunes à ne pas s’isoler, à chercher les autres et à faire ensemble l’expérience de Dieu, à suivre les chemins du groupe sans se lasser. L’évêque de Rome a aussi appelé les jeunes à la décision courageuse d’aller «sans crainte à contre-courant: prends ta vie en main, engage-toi; éteins la télé et ouvre l'Évangile; quitte ton téléphone portable et va à la rencontre des gens!»
Se faire «don» et devenir des créateurs de beauté et de nouveauté
Le Pape s’est ensuite penché sur le deuxième verbe. «Si se lever, c'est s'accueillir comme un don, aller signifie se faire don», a-t-il expliqué. La vie est un don que nous sommes appelés à vivre en nous faisant don. François a par ailleurs appelé les jeunes à sortir du monde des produits fabriqués pour s’émerveiller devant la beauté de la création qui les entoure, afin de devenir des créateurs de beauté et de nouveauté. Pour cela, il invite à penser à Dieu le Père qui a tout créé et à se demander: «et nous, ses enfants, pour qui créons-nous quelque chose de beau?». Être créateur signifie faire quelque chose qui n’existait pas avant, a expliqué le Saint-Père. Pour le faire, il ne faut pas être «des professionnels d’un tapotement compulsif mais des créateurs de nouveauté», a martelé François, avant d’expliciter ce en quoi consiste créer et imiter le style de Dieu: «Une prière faite avec le cœur, une page que vous écrivez, un rêve que vous réalisez, un geste d'amour pour quelqu'un qui ne peut pas vous rendre la pareille». Un tel style de gratuité permet de sortir de la logique nihiliste du «je fais pour avoir» et du «je travaille pour gagner», a déclaré le Pape, qui a appelé les jeunes à être créatifs avec gratuité, à être révolutionnaires et à se donner sans crainte, à donner vie «à une symphonie de gratuité dans un monde qui cherche le profit!».
Jeune, lève-toi et va!
François a conclu son discours avec cette exhortation: «Jeune qui veut prendre ta vie en main, lève-toi! Ouvre ton cœur à Dieu, remercie-le, embrasse la beauté que tu es, tombe amoureux de ta vie. Et puis va! Sors, marche avec les autres, cherche ceux qui sont seuls, colore le monde avec ta créativité, peins avec l'Évangile les rues de la vie. Relève-toi et va. C'est à toi que Jésus adresse cette invitation. À tant de personnes qu'il a aidées et guéries, il a dit: "Relève-toi et va" (cf. Lc 17,19). Écoute cet appel, répète-le en toi, garde-le dans ton cœur. Relève-toi et va!»
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