Le Pape à Venise: la prison doit être un lieu de renaissance
Marie Duhamel - Cité du Vatican
Le Pape ne voulait pas d’une rencontre «officielle» avec les détenues de la prison vénitienne et, dans la cour de l’ancien couvent augustinien où des sœurs accueillaient jadis les courtisanes en reconversion, ce fut comme l’espérait François un temps «de prière, de proximité et d'affection fraternelle». Plusieurs détenues, la voix parfois tremblante, ont remercié le Pape de sa venue, de son attention ou d’avoir amené des artistes dans leur prison à l’occasion de la Biennale et, de surcroit, de leur permettre -à elles- de faire découvrir leurs œuvres d’art à des étrangers.
«Comme l’événement artistique que vous accueillez le symbolise, le temps passé en réclusion peut marquer le début de quelque chose de nouveau, à travers la redécouverte d'une beauté insoupçonnée en nous-mêmes et chez les autres», a souligné le Pape qui a invité les 80 détenues qui l’écoutaient ce dimanche matin à faire de leur séjour en prison «un chantier de reconstruction». Ces femmes arrivées là «par des chemins différents, certains très douloureux, également à cause d'erreurs pour lesquelles, de différentes manières, chacun porte des blessures et des cicatrices», ont été encouragées par François à évaluer leur vie avec courage pour enlever ce qui n’est pas nécessaire, «ce qui encombre ou qui est nuisible», pour établir un plan, creuser des fondations nouvelles et poser une brique après l’autre «à la lumière de l’expérience», avec détermination.
François a demandé à ces femmes de «ne pas fermer la fenêtre», de regarder l’horizon et le futur avec espérance. «J’aime penser à l’espérance comme une ancre jetée dans le futur, nous avons en nos mains la corde qui permet de l’atteindre». À chaque prisonnière, François a demandé de commencer leur journée en se disant qu’«aujourd’hui est le bon jour», «le jour où je recommence».
Le Saint-Père croit en ces femmes, et en la possibilité de faire de la prison un lieu de renaissance en dépit des problèmes du système carcéral que sont la surpopulation, le manque de structures et de ressources, les épisodes de violence. La prison est un lieu «à la réalité dure», reconnait François mais «il peut aussi devenir un lieu de renaissance morale et matérielle où la dignité n’est pas mise à l’isolement». Le Pape invite au respect réciproque, à se montrer attentif aux talents et aux capacités «qui ont été emprisonnés par les affres de la vie (…) et qui peuvent réapparaitre pour le bien de tous».
François juge «fondamental» que le système carcéral offre aux détenus des instruments et des espaces de croissance humaine, spirituelle, culturelle et professionnelle, pour permettre leur réinsertion. «S’il vous plait, ne mettez pas la dignité à l’isolement, mais donnez de nouvelles possibilités!», a-t-il lancé.
À la fin de leur rencontre, des détenues travaillant en prison ont offert plusieurs de leurs productions au Pape, du savon ou des créations textiles. François leur a offert une icône de la Vierge, la mère de la tendresse.
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