Le Pape François rend hommage au cardinal Sáenz

Alessandro De Carolis - Cité du Vatican

Un pasteur qui, «par son dévouement et son travail, a offert sa vie pour le bien de l'Église». C'est par ces mots que le Pape se souvient du cardinal Pedro Rubiano Sáenz, décédé le lundi 15 avril à Bogota à l'âge de 91 ans. Dans un télégramme envoyé à l'actuel archevêque métropolite de la capitale colombienne, le cardinal Luis José Rueda Aparicio, François confie l'âme du cardinal défunt à l'intercession de la Vierge de Chiquinquira et bénit l'Église locale, «comme un signe de foi et d'espérance dans le Christ ressuscité».

Pasteur dans les années difficiles

Le pape Paul VI l'avait nommé évêque en 1971, alors qu'il n'avait que 38 ans, et l'Église colombienne a profité de cette nouvelle figure de pasteur attentif aux bouleversements de son pays, dans les décennies dures et sanglantes de la guerre interne entre le gouvernement et les milices des Farc et de l'ELN, et de la lutte entre les cartels de la drogue. Le ministère du cardinal Pedro Rubiano Sáenz, né à Cartago en 1932, a débuté comme jeune séminariste au séminaire de Popayán et comme étudiant en théologie à l'université canadienne de Laval au Québec. Il a parcouru le continent du nord au sud pour se spécialiser dans la catéchèse et la doctrine sociale de l'Église, jusqu'à son ordination sacerdotale à Cali en 1956.

Travailler pour la paix dans le pays

Ses premières expériences pastorales le forment sur plusieurs fronts. Il a été curé, a fondé deux paroisses, a été trésorier et vicaire épiscopal, jusqu'à ce qu'il soit nommé évêque de Cúcuta par le Pape. Il est devenu archevêque en 1983 et, en février 1995, il a été appelé à diriger le siège primatial, l'archidiocèse de Bogota.

Au cours de ces années, il multiplie les engagements au sein de l'épiscopat colombien, dont il devient ensuite vice-président, puis président pendant deux périodes successives, de 1990 à 1996, et de 2002 à 2005. Jean-Paul II le crée cardinal en 2001 et l’encourage dans son activité en faveur de la pacification du pays. Ses déclarations résonnent souvent face à la dérive violente de l'actualité. «Nous sommes attristés et préoccupés, disait-il en 2005, par les actes criminels qui sont enregistrés chaque jour: homicides, morts violentes, assassinats ciblés dans les villes, jeunes tués dans les stades, enfants innocents battus et violés... autant d'événements sanglants" qui "nous placent comme l'un des pays où la vie humaine est la moins respectée».

Les dernières années

Au cours de sa vie, il s’est également penché sur le phénomène migratoire, en œuvrant au sein de la Commission catholique internationale pour les migrations et les réfugiés. Son activité pastorale l'avait amené à créer la Banque alimentaire de l'archidiocèse, dont bénéficient chaque année des milliers de personnes. De mai 2003 à juillet 2007, il a été président de la commission économique du CELAM et, en 2010, il est devenu archevêque émérite de Bogota.