Le Pape souhaite que soit tissé un réseau mondial pour soutenir les prêtres

Marie Duhamel – Cité du Vatican

Affection, gratitude et proximité sont les premiers sentiments que le Pape a souhaité exprimer aux prêtres et diacres du monde, par l’intermédiaire du dicastère qui les accompagne. François a recconnu avoir souvent mis en garde contre les dangers du cléricalisme et de la mondanité spirituelle, mais s'est dit «bien conscient» que la grande majorité d’entre eux travaillent avec «tant de générosité et d'esprit de foi pour le bien du saint peuple de Dieu, en portant le poids de tant de labeurs et en affrontant des défis pastoraux et spirituels qui ne sont parfois pas faciles à relever».

Le Pape est ensuite revenu sur trois thèmes actuellement au cœur de l’Assemblée plénière du dicastère pour le Clergé: la formation continue des prêtres, la promotion des vocations et le diaconat permanent.

Des séminaires pour croître dans son temps

Concernant la formation continue «dont on parle beaucoup», dans un monde marqué par des changements rapides, dans lequel émergent toujours de nouvelles questions et des défis complexes auxquels il faut répondre, le Pape a invité à «ne pas se tromper», en pesant que la formation au séminaire «peut suffire en posant des bases sûres une fois pour toutes». Au contraire, il a estimé que l’Eglise doit plutôt «consolider, renforcer et développer» les enseignements mis en place sur un chemin qui aide, a-t-il dit, «à mûrir dans la dimension humaine, à grandir spirituellement, à trouver les langages appropriés pour l'évangélisation et à approfondir ce dont nous avons besoin pour aborder de manière adéquate les nouvelles questions de notre temps».

La solitude des prêtres

La formation du prêtre doit être un «chemin permanent», et le voyage ne doit pas se faire seul car «s’il tombe, il n’y a personne pour le relever (Hec 4,10), a mis en garde François. «Tant de prêtres sont trop seuls, a-t-il regretté, sans la grâce de l'accompagnement, sans ce sentiment d'appartenance qui est comme une bouée de sauvetage dans la mer souvent agitée de la vie personnelle et pastorale.» Le Souverain pontife a souhaité qu’un réseau solide de relations fraternelles soit tissé, c’est selon lui une tâche prioritaire de la formation continue: «l'évêque, les prêtres entre eux, les communautés par rapport à leurs pasteurs, les religieux et les religieuses, les associations, les mouvements: il est indispensable que les prêtres se sentent ‘chez eux’ ». Le dicastère est ainsi invité à poursuivre le travail engagé en ce sens de manière créative. Il a un «rôle clé» à jouer dans ce domaine.

Oser un choix de vie radicale

C’est l'un des grands défis pour le Peuple de Dieu, dans de plus en plus de régions du monde, les vocations au ministère sacerdotal et à la vie consacrée sont en forte diminution et, dans certains pays, «presque en voie d'extinction». François d’ailleurs noté que la vocation au mariage, «avec le sens de l'engagement et de la mission qu'elle requiert», est également en crise. C'est pour cette raison qu’il dit avoir, à l’occasion des Journées mondiales de prière pour les vocations, tourné son regard en particulier vers cette vocation fondamentale qu'est la vie de disciple, conséquence du baptême. «Nous ne pouvons pas nous résigner à ce que, pour tant de jeunes, l'hypothèse d'une offre de vie radicale ait disparu de l'horizon», a affirmé le Pape. Il a ainsi proposé de réfléchir ensemble à cette problématique, à réactiver selon de nouvelles modalités l'Œuvre pontificale pour les vocations sacerdotales et a appellé à rester attentifs «aux signes de l'Esprit». Là encore, le réseau est important, avec les Églises locales et «en identifiant les bonnes pratiques à diffuser».

Le Pape a demandé enfin au dicastère pour le Clergé d’accompagner les réflexions lancées par le Synode sur la synodalité sur la question du diaconat permanent, réintroduit par le Concile Vatican II. Le rapport de synthèse de la première session de l'Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, en octobre dernier, a recommandé de «procéder à une évaluation de la mise en œuvre du ministère diaconal après le Concile Vatican II» et a appelé également à une focalisation plus décisive, parmi les diverses tâches des diacres, sur la diaconie de la charité et le service des pauvres.  «Je vous encourage à y travailler et à déployer toutes les forces nécessaires» leur a lancé François.