«Prions pour que les mers et les déserts ne deviennent pas des cimetières»
Olivier Bonnel - Cité du Vatican
En ce jour où l'Église célèbre Saint Augustin, évêque en Afrique du Nord et Docteur de l'Église, le Pape François a fait un pas de côté ce mercredi lors de l'audience générale place Saint-Pierre. Sautant sa catéchèse prévue sur l'Esprit Saint, le Pape s'est en effet arrêté sur le drame des routes migratoires souvent mortelles pour de nombreux hommes, femmes et enfants. Une réalité qui fait écho au Psaume 107 dont un extrait a été lu: «Certains erraient dans le désert sur des chemins perdus, sans trouver de ville où s'établir: ils souffraient la faim et la soif, ils sentaient leur âme défaillir. Dans leur angoisse, ils ont crié vers le Seigneur, et lui les a tirés de la détresse» Ps 107 (106), 1.4-6.
Le besoin de paix et de sécurité de ces personnes fait souvent la une des journaux, tout comme la tragédie des disparitions. François est revenu sur deux espaces géographiques de cette souffrance, la mer et le désert. «Mer et désert: ces deux mots reviennent dans tant de témoignages que je reçois, aussi bien de la part des migrants que des personnes qui s'engagent à leur secours», a-t-il souligné. La mer et le désert sont à entendre au sens large: cela concerne les espaces hostiles traversés par les migrants, que ce soit aussi des fleuves ou des jungles.
Le «péché grave» de repousser des migrants
Une nouvelle fois, le Saint-Père a tourné les yeux vers la Méditerranée où les naufrages se succèdent. «J'ai souvent parlé de la Méditerranée, parce que je suis évêque de Rome et parce qu'elle est emblématique: la mare nostrum, lieu de communication entre les peuples et les civilisations, est devenue un cimetière», a-t-il souligné en écho à des propos déjà tenus lors de son voyage à Marseille en septembre 2023. «La tragédie, a poursuivi François, c'est que beaucoup, la plupart de ces morts, auraient pu être sauvés». Et de dénoncer le «péché grave» qui consiste à repousser par tous les moyens les migrants.
Le Souverain pontife, qui avait notamment reçu Pato à sa résidence, un migrant ayant perdu femme et enfant sur la route entre la Libye et la Tunisie, a dénoncé ceux qui mènent et abandonnent ces personnes dans le désert.
La mer et le désert «sont également des lieux bibliques chargés d'une valeur symbolique», a poursuivi le Pape, rappelant l'Exode du peuple juif et la fuite vers la Terre Promise. «Des lieux de passage vers la libération, la rédemption, la liberté et l'accomplissement des promesses de Dieu».
Un combat pour la civilisation
Ces migrants ne devraient jamais trouver la mort lors de leur voyage. il est nécessaire de trouver des solutions, a plaidé l’évêque de Rome. «Ce n'est pas par des lois plus restrictives, ce n'est pas par la militarisation des frontières, ce n'est pas par des rejets que nous y parviendrons, a-t-il expliqué, mais en encourageant de toutes les manières possibles une gouvernance mondiale des migrations fondée sur la justice, la fraternité et la solidarité».
Le Pape a aussi loué les efforts des «bons samaritains» qui font tout leur possible pour secourir et sauver les migrants blessés et abandonnés sur les routes de la désespérance, sur les cinq continents. Des hommes et des femmes courageux «qui sont le signe d'une humanité qui ne se laisse pas contaminer par la culture néfaste de l'indifférence et du rejet». Ceux qui ne peuvent être comme eux, «en première ligne», a-t-il précisé peuvent le faire dans la prière, une contribution précieuse dans ce «combat pour la civilisation».
Avant de saluer les fidèles en différentes langues, le Pape a achevé sa catéchèse par cette supplique déjà formulée à maintes reprises: «Que les mers et les déserts ne deviennent pas des cimetières».
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