Écologie, femme, études…. Le Pape François avec les étudiants de Louvain

Ce samedi 28 septembre, le Pape François avait rendez-vous avec les étudiants de l’Université catholique de Louvain, à l’occasion des 600 ans de l’Université, créée en 1425. Le Saint-Père est revenu sur le rôle de la femme dans l'Église et a rappelé que celle-ci est au coeur de l'événement salvifique grâce au «oui» de Marie. «Ce sont les relations qui expriment notre être à l’image de Dieu, homme et femme ensemble et non pas séparément!», a-t-il assuré.

Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

Dans la salle de conférence de l’Université catholique de Louvain, environ 4 000 étudiants ont accueilli le Pape François pour célébrer les 600 ans de la fondation de leur université. Après le mot d’accueil de la rectrice et une lettre lue par des étudiants écrite à partir de leur réflexion sur l'encyclique Laudato si', le Saint-Père s’est réjoui de la quête d’espérance, de justice et de vérité qui émanaient de ces questions.

En introduction, le Souverain pontife a fustigé le «mal qui détruit l’environnement et les peuples», dont la guerre est l’expression la plus brutale. Lorsque les religions sont utilisées pour faire ce mal, François a estimé qu’il s’agissait d’un «blasphème» car «Dieu est Père, pas maître; il est Fils et Frère, pas dictateur; il est Esprit d’amour, pas de domination».

Près de 40 ans après la visite de saint Jean-Paul II dans cette Université, François a appelé à l’espérance, à garder confiance dans l’assurance «que le mal n’a pas le dernier mot».

Gratitude, mission, fidélité

Concernant les liens entre le christianisme et l’écologie, l’auteur de Laudato si’ a d’abord conseillé d’être empli de gratitude envers la Création car «le premier à en prendre soin est Dieu». Il a rappelé le Psaume 8 «À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts/ la lune et les étoiles que tu fixas, / qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, / le fils d’un homme, que tu en prennes souci?».

Après avoir entendu le titre Séquoia (de la chanteuse Pomme, ndlr), interprété par un groupe de l'université, François a donné le «programme écologique» de l’Église: «nous sommes dans le monde pour préserver sa beauté et le cultiver pour le bien de tous, en particulier de la postérité, le prochain dans l’avenir». S’opposant à «l’indifférence arrogante des puissants qui privilégie toujours l’intérêt économique» , le Pape a estimé que le marché est le premier obstacle à un développement humain intégral et juste. «Nous sommes des hôtes, pas des despotes», a rappelé François, encourageant les jeunes à s’engager en faveur de la Création.

Répondant aux étudiants, François a proposé de s’engager pour le développement intégral à travers la fidélité envers Dieu et envers l’homme. «Le développement intégral fait appel à notre sainteté: il est une vocation à une vie juste et heureuse, pour tous», a-t-il assuré.

Distinguant le fait de «manipuler la nature ou de cultiver la nature», François met en garde contre ce possible amalgame dans le monde technique (eugénisme, intelligence artificielle…) mais aussi dans «notre monde intérieur».

Qui est la femme et qui est l’Église?

Dans la lettre des étudiants, une des étudiantes avait relevé que la position de l'Église sur les femmes lui paraissait incompatible avec un développement intégral. «Les femmes sont les grandes absentes de Laudato si’», a ainsi lancé la jeune femme, frappée par l’absence de référence à la femme dans le texte comme dans les références théologiques, réservées aux hommes. En guise de réponse, François est revenu sur ce qu’est la femme et ce qu’est l’Église. 

“L’Église est le peuple de Dieu, pas une entreprise multinationale. La femme, dans le peuple de Dieu, est fille, sœur, mère. Comme moi je suis fils, frère, père. Ce sont les relations qui expriment notre être à l’image de Dieu, homme et femme ensemble et non pas séparément!”

Le Pape a rappelé ensuite le «oui» de Marie, mot «au cœur de l’événement salvifique». Il a estimé que la femme est «accueil fécond, soin, dévouement vital», et a demandé d’ouvrir les yeux sur «les nombreux exemples quotidiens d’amour, de l’amitié au travail, de l’étude à la responsabilité sociale et ecclésiale; de la vie conjugale à la maternité, à la virginité pour le Royaume de Dieu et pour le service». Il a ensuite souligné avec insistance à plusieurs reprises que «l’Église est femme».

L’étude, un chemin vers la connaissance de soi

Dans une dernière partie, le Pape François s’est intéressé aux études que font les milliers d’étudiants réunis devant lui. Il a insisté sur le point que les études ne se font jamais seul mais, «grâce à ceux qui ont étudié avant moi –les professeurs, les camarades plus avancés–, avec ceux qui étudient à mes côtés dans la salle de cours». De même, une fois réalisées, les études serviront aux autres et au bien commun, a estimé François. Il a poursuivi sur l'importance de réfléchir au but des études.

“Parfois, j’étudie pour trouver tel genre de travail, mais je finis par vivre en fonction de tel autre. Nous devenons une “marchandise”. On ne vit pas pour travailler, mais on travaille pour vivre; c’est facile à dire, mais il faut s’engager à le mettre en pratique de manière cohérente.”

Enfin, le Souverain pontife s’est attaché à l’importance de la recherche de la vérité. «Si nous renonçons à chercher ensemble la vérité, l’étude devient un instrument de pouvoir, de contrôle sur les autres. Elle ne sert pas, mais domine. Au contraire, la vérité nous rend libres», a-t-il lancé, rappelant l’Évangile de Jean. «Soyez des chercheurs et des témoins de la vérité», a conclu François, une manière de devenir et de continuer à être «une Université catholique».

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28 septembre 2024, 17:41