Le Pape aux cardinaux: viser le déficit zéro et éviter le superflu

Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican

Le «déficit zéro» n'est pas un objectif théorique, mais un but «réalisable» estime le Pape dans une lettre publiée ce vendredi 20 septembre et adressée au Collège des cardinaux. Et pour ce faire, François liste les solutions: trouver des ressources externes, éviter le superflu, mettre en œuvre une «gestion transparente et responsable au service de l'Église»… Dix ans après le début de la réforme de la Curie, François invite les cardinaux à gérer les ressources économiques avec rigueur et sérieux sur le modèle des «bonnes familles».

Dévouement et travail

Dans le document, signé le 16 septembre mais rendu public aujourd'hui, ce vendredi 20, François écrit qu'il reconnaît «le dévouement et le travail acharné de femmes et d'hommes déterminés à s'adapter à ce mouvement de renouveau», malgré «les difficultés et, parfois, la tentation de l'immobilisme et de la rigidité face au changement». Ce mouvement a néanmoins donné de nombreux résultats au cours des dernières années, estime-t-il.

De plus, le Pape reconnaît que les demandes de réforme formulées dans le passé par de nombreux membres du Collège des cardinaux ont également été «clairvoyantes» et ont permis d'«acquérir une plus grande conscience du fait que les ressources économiques au service de la mission sont limitées et doivent être gérées avec rigueur et sérieux afin que les efforts de ceux qui ont contribué au patrimoine du Saint-Siège ne soient pas dispersés».

Trouver des ressources externes

Après ces remerciements et ces constats, le Pape François exige du changement par «un effort supplémentaire demandé à tous pour que le "déficit zéro" ne soit pas seulement un objectif théorique, mais un objectif réellement réalisable».

Reconnaissant que la réforme a jeté les bases de la mise en œuvre de politiques éthiques visant à améliorer les performances économiques des actifs existants, le Saint-Père assure qu’il est primordial que chaque institution œuvre «à la recherche de ressources externes pour sa mission, en donnant l'exemple d'une gestion transparente et responsable au service de l'Église».

Autre demande du Pape pour atteindre ce «déficit zéro»: la réduction des coûts, «en évitant le superflu et en sélectionnant bien nos priorités, en favorisant la collaboration mutuelle et les synergies». Ces mesures voulues par le Pape interviennent pour «l'avenir de la Mission» de chaque dicastère et, poursuit-il, s’adressant aux cardinaux: «nous sommes confrontés à des décisions stratégiques à prendre avec une grande responsabilité».

Le modèle des bonnes familles

La «solidarité des bonnes familles» est le modèle auquel doivent se référer les institutions du Saint-Siège, écrit le Souverain pontife. «De même que dans ces familles, ceux qui jouissent d'une bonne situation économique viennent en aide aux membres les plus nécessiteux, les entités qui ont un excédent doivent contribuer à couvrir le déficit général».

Autre image prise par le Pape François, celle du corps. «Chacune des institutions du Saint-Siège forme avec toutes les autres un seul corps: par conséquent, une collaboration et une coopération authentiques vers un seul but, le bien de l'Église, est une exigence essentielle de notre service», assure-t-il.

De plus, la générosité intérieure, entre les institutions vaticanes est même pour François une «condition indispensable pour demander la générosité aussi de l'extérieur».

En conclusion, le Pape formule une invitation personnelle: «Acceptez ce message avec courage, dans un esprit de service, et soutenez les réformes en cours avec conviction, loyauté et générosité, en contribuant de manière proactive au processus de réforme grâce à vos connaissances et à votre expérience».