Synode: sortir de la verticalité et responsabiliser les laïcs
Entretien réalisé par Jean-Charles Putzolu – Cité du Vatican
Communion, participation, mission. Ces trois mots accompagneront encore la seconde session du Synode des évêques sur la synodalité au mois d’octobre prochain. Ils ont pour objectif de faire entrer l’Église dans un nouveau mode de se rapporter au monde, en privilégiant l’écoute et le dialogue avec tous. Les experts et les pères synodaux se retrouveront du 2 au 27 octobre pour dessiner les contours d’une Église qui sache: marcher ensemble, concilier les différences et renforcer l’unité, en impliquant tout le peuple des baptisés, en responsabilisant plus encore les laïcs et en réveillant l’élan missionnaire.
Pour cela, les travaux se baseront sur l’Instrumentum Laboris, présenté ce mardi en Salle de presse du Saint-Siège par le Secrétaire général du Synode, le cardinal Mario Grech et le rapporteur général du Synode, le cardinal Jean-Claude Hollerich. Ce dernier répond aux questions de Radio Vatican pour nous présenter les grandes orientations de la prochaine session de la XVI Assemblée générale du Synode.
Éminence, quelles sont les principales différences entre l'Instrumentum laboris de la première session du synode, le rapport de synthèse publié la fin des travaux du mois d'octobre et ce nouveau document?
L'instrument de travail pour la prochaine session s'appuie en effet sur les deux documents qui le précèdent. Et nous avons également pris en considération les réactions des différentes Églises à ce rapport de synthèse. C'est donc à partir de ces documents que ce nouvel instrument de travail s'est constitué, avec une réflexion théologique, cela va de soi. Ceci était aussi demandé par la première session du Synode, mais c'est l'expérience de l'Église de la synodalité qui est toujours au centre.
Quelles sont les principales thématiques qui seront abordées au cours de cette deuxième session?
Il s'agit de l'Église. Il s’agit de suivre le mouvement de l'Esprit Saint qui nous pousse vers une plus grande synodalité. Alors comment peut-on être une Église synodale en mission? C'est cette mission de l'Église qui est importante, qui détermine et qui provoque aussi cette synodalité. Le peuple des baptisés a reçu cet envoi en mission du Christ au moment du baptême. À nous de voir ce que cela signifie. Quelle pourraient aussi être les structures de soutien à une telle mission ? Mais ce n'est pas une ecclésiologie dénuée de contexte. Ce n'est pas une ecclésiologie uniquement centrée sur elle-même. C'est l'Église en mission qui est le sujet de cette synodalité.
L'accent va être mis aussi sur les responsabilités des laïcs, dont les femmes, dans l'Église. Que peut-on attendre de cela?
Je pense qu'on peut attendre beaucoup. Ce sera une transformation profonde. Nous venons d'une Église qui avait une structure un peu pyramidale. Je caricature un peu. Les laïcs, les hommes et les femmes, étaient un peu là pour mettre les chaises comme le curé le voulait. Il y avait une participation des laïcs, mais quand même très limitée. Or, nous avons des laïcs, femmes et hommes d'une grande spiritualité, d'une grande compétence théologique et dans d'autres domaines. Et c'est clair que si toute l'Église chemine ensemble, ces compétences, cette spiritualité, doivent faire partie de cette Église en marche. Il y a participation et coresponsabilité, c'est évident, mais dans le respect aussi du ministère ordonné, des évêques et des prêtres.
Pas de ministère ordonné pour les femmes?
C’est une question qui reste ouverte à mon avis. Une des commissions se penchera sur le diaconat. Comment peut-on faire fructifier cette reprise du diaconat par le Concile Vatican II? Et ensuite, est-ce que ce diaconat repensé ne pourrait pas aussi être ouvert aux femmes? C'est très clair, nous voulons une Église où les femmes puissent participer pleinement. Il faut aussi que l'Église puisse marcher ensemble, c'est-à-dire ceux qui veulent un changement plus important aux côtés de ceux qui ont peur de ces changements, pour qu’elle puisse accomplir sa mission dans le monde.
La synodalité, marcher ensemble, cela signifie également progresser dans les relations œcuméniques?
Tout à fait, car on s'appuie sur le baptême. Et d'autres Églises, d'autres communautés ont aussi le baptême. La grâce du baptême porte des fruits dans ces Églises. Donc, nous devons apprendre les uns des autres et devenir conscients que nous avons une mission commune dans le monde: annoncer le Christ en dialogue avec ce monde qui est le nôtre.
Toutes ces réformes, toutes ces occasions de rencontres, de dialogue, de transformation, ont une même finalité: l’efficacité dans l'annonce de l'Évangile…
Oui. L’Église n'est pas une fin en soi. L’Église est là pour le règne de Dieu. L’Église est là pour servir. L'annonce du Christ est un service immense au monde et à la société. Et nous savons que cette annonce ne peut se faire de force. Nous savons que le respect de la liberté des autres et de première importance et que pour faire cette annonce, il nous faut un dialogue. Il nous faut aussi une très grande humilité. Quand nous nous faisons disciples missionnaires de Jésus dans l'annonce, nous découvrons mieux qui est Jésus et comment le suivre.