Luxembourg: le Pape prône la coopération et la solidarité entre les nations
Alexandra Sirgant - Cité du Vatican
Accueilli par le Grand-Duc Henri et la Grande-Duchesse Maria Teresa de Luxembourg ainsi que par le Premier ministre Luc Frieden, le Pape François a rencontré dans la matinée les représentants civils et le corps diplomatique du pays au sein du palais des congrès Cercle Cité, situé au cœur historique du quartier de la Ville-Haute à Luxembourg. Lors de la première allocution de son 46e voyage apostolique, le Pape argentin a insisté sur les avantages de la coopération entre les nations pour contrer «les conséquences néfastes du durcissement des positions et de la poursuite égoïste (...) des intérêts personnels».
Avant que le Saint-Père ne prononce son discours, le Premier ministre luxembourgeois a pris la parole pour remercier le chef de l’Église catholique de sa présence dans le pays, «40 ans après celle de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II». «Vous ne visitez pas seulement la capitale du Luxembourg, vous visitez aussi une des trois capitales de l’Union européenne», a rappelé Luc Frieden. Il a également souligné l’attachement de son pays, influencé par les valeurs judéo-chrétiennes, aux principes du droit international, mais aussi à la liberté de conscience, de manifester et de religion, perçues comme des principes fondamentaux de la démocratie luxembourgeoise.
Au carrefour de l’histoire du Vieux Continent
Pour sa part, François a en premier lieu dressé le portrait géographique de l’une des plus petites nations souveraines d’Europe, située à la «frontière de différentes zones linguistiques et culturelles», nichée entre la France, l’Allemagne et la Belgique. Le Luxembourg s’est ainsi «souvent trouvé au carrefour des événements historiques européens les plus importants» et a subi à deux reprises au début du XIXe siècle «l’invasion et la privation de liberté et d’indépendance». Instruit par son histoire, le Grand-Duché de Luxembourg a ensuite œuvré, a souligné le Souverain pontife, «dans la construction d’une Europe unie et solidaire». Faisant écho aux propos du Premier ministre, le Pape a rappelé le rôle de «membre fondateur de l’Union Européenne et des Communautés qui l’ont précédée» de ce pays qui «abrite de nombreuses institutions européennes dont la Cour de Justice de l’Union, la Cour des Comptes et la Banque d’Investissement».
Au-delà de son importance européenne, l’évêque de Rome a souligné sa «solide structure démocratique», «qui a à cœur la dignité de la personne humaine et la défense de ses libertés fondamentales» et prévient contre «les dangers de la discrimination et de l’exclusion». Des conditions jugées indispensables par le Saint-Père pour endosser un rôle aussi significatif à l’échelle continentale mais aussi international, le Luxembourg étant aujourd’hui un centre économique et financier mondial, ainsi qu’un modèle de coopération entre les nations. «À cet égard, a poursuivi le Pape octogénaire, les paroles prononcées par saint Jean-Paul II lors de sa visite au Luxembourg en 1985 sont d’actualité: «Votre pays reste fidèle -disait-il- à sa vocation d’être, en ce carrefour important des civilisations, un lieu d’échanges et de coopération intenses entre un nombre croissant de pays. Je souhaite ardemment que cette volonté de solidarité unisse toujours plus largement les communautés nationales et s’étende à toutes les nations du monde, notamment les plus démunies» (Discours à la cérémonie de bienvenue, 15 mai 1985).
La richesse au service des plus démunis
Le Pape François a ensuite rappelé les deux grands thèmes de son pontificat, la sauvegarde de la création et la fraternité. S’adressant aux autorités de l’un des pays les plus riches du monde, le Saint-Père a rappelé la responsabilité qui incombe à la richesse. Ainsi, le développement économique ne doit d’une part «pas saccager ni dégrader notre maison commune». D’autre part, il ne doit pas «marginaliser des peuples ou des groupes sociaux». «Je demande donc que l’on soit toujours attentif à ne pas négliger les nations les plus défavorisées, et même qu’on les aide à se relever de leurs conditions d’appauvrissement. Il s’agit d’une voie maîtresse pour faire en sorte que diminue le nombre de ceux qui sont contraints à émigrer, souvent dans des conditions inhumaines et dangereuses», a souligné François au pays de 654 000 habitants, dont près de la moitié sont issus de l’immigration européenne et mondiale. Le Saint-Père a par ailleurs remercié l'esprit d'accueil et d'intégration accordé aux migrants.
Guérir la «dangereuse sclérose» de la violence, en regardant vers Dieu
Élargissant un instant son discours à l’ensemble du continent européen, le Souverain pontife a déploré la réapparition «de fractures et d’inimitiés qui, au lieu d’être résolues sur la base de la bonne volonté mutuelle, de la négociation et du travail diplomatique, débouchent sur des hostilités ouvertes, avec leur cortège de destruction et de mort». «Pour guérir cette très dangereuse sclérose qui rend les nations gravement malades et risque de les précipiter dans des aventures aux coûts humains immenses en renouvelant des massacres inutiles, il faut regarder vers le haut, a poursuivi le Saint-Père, il faut que la vie quotidienne des peuples et de leurs gouvernants soit animée par des valeurs spirituelles hautes et profondes, qui empêchent la folie de la raison et le retour irresponsable aux mêmes erreurs du passé, aggravées de surcroît par la plus grande puissance technique dont dispose aujourd’hui l’être humain». S’adressant à cette société luxembourgeoise très sécularisée, le Successeur de Pierre a tenu à témoigner de la «sève vitale» de l’Évangile de Jésus-Christ, le «seul en mesure de transformer profondément l’âme humaine en la rendant capable de faire le bien, même dans les situations les plus difficiles, d’éteindre les haines et de réconcilier les parties en conflit».
Servir, à l’image du Christ
Le Pape a conclu son allocution en rappelant la devise du voyage au Luxembourg, «Pour servir». À l’image du Seigneur serviteur, l’Église est au service de l’humanité. «Mais, a précisé François, permettez-moi de vous rappeler que c’est aussi pour chacun de vous le titre de noblesse le plus élevé, la tâche principale, le style à assumer chaque jour. Que Dieu vous donne de servir toujours avec un esprit joyeux et généreux».
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