Belgique: faire de la formation académique un espace vital

Dans le cadre solennel de la salle des diplômes du siège historique de l’université catholique de Louvain, l’actuelle KU Leuven, le Pape François a rencontré les professeurs de cet établissement parmi les plus prestigieux d’Europe et qui célèbrera l’an prochain son 600e anniversaire. Il les a encouragés à élargir les frontières de la connaissance et de promouvoir une culture qui ne soit pas sectaire mais qui se mette «dans la pâte du monde, y apportant un bon levain.»

Marie Duhamel – Cité du Vatican

Ce qui motiva tout d’abord la visite apostolique du Pape en Belgique, fut la rencontre avec le monde universitaire catholique. Unies jusqu’en 1968, l’université catholique de Louvain (UCLouvain), francophone, et la KU Leuven, néerlandophone, s’apprêtent à célébrer le 600e anniversaire de leur fondation en 1425.

Ce vendredi, avant de se rendre demain auprès des étudiants de UCLouvain, le Pape s’est adressé au corps enseignant de la KU Leuven, les exhortant à élargir leurs frontières

L’université, un espace générateur

Le premier devoir de l’Université, estime François, est d’offrir une formation intégrale afin que les personnes disposent des outils nécessaires pour «interpréter le présent et projeter l’avenir». Pour lui, la formation culturelle n’est pas une fin en soi, les universités risqueraient alors de devenir des «cathédrales dans le désert». François les envisage plutôt comme des «espaces générateurs» de culture, d’idées en promouvant surtout «la passion pour la recherche de la vérité au service du progrès humain». Dans cet esprit, les établissements catholiques sont appelés, dit François, à «apporter la contribution décisive du levain, du sel et de la lumière de l’Évangile», en élargissant les frontières de la connaissance pour faire de la formation académique et culturelle «un espace vital qui englobe la vie et parle à la vie». Un espace ouvert, pour l’homme et la société. L’invitation que lance là le Pape est d’autant plus pressante qu’aujourd’hui «les frontières sont étroites» pour notamment deux raisons.

La recherche de la vérité

D’abord, François déplore que nous soyons aujourd’hui «immergés» dans une culture marquée par le renoncement à la recherche de la vérité. On se réfugie dans «le confort d’une pensée faible dans la conviction que tout se vaut, que tout est relatif», séduits par une vie superficielle qui ne pose pas trop de questions. Et cette «fatigue de l’esprit nous condamne à l’incertitude et à l’absence de passion, comme s’il était inutile de chercher un sens à une réalité qui reste incompréhensible». Le Pape reconnait que la recherche de la vérité est pénible parce qu’elle oblige à sortir de soi-même, à prendre des risques, à se poser des questions.

Savoir s’émerveiller

Alors que la société est conditionnée par la culture technocratique, un autre risque menace, celui d’un rationalisme sans âme selon lequel seul peut être considéré comme vrai ce que qui peut être mesuré et expérimenté:

“Alors disparaît l’émerveillement, disparaît cette émerveille intérieure qui nous pousse à chercher au-delà, à regarder le ciel, à découvrir cette vérité cachée qui traite des questions fondamentales: pourquoi est-ce que je vis ? Quel est le sens de ma vie ? Quel est le but ultime et la fin ultime de ce voyage ?”

Pour éviter de tels écueils, le Pape invite à prier comme Yabés, protagoniste du Livre des Chroniques qui ne veut pas vivre enfermé dans sa douleur mais prie Dieu d’élargir les frontières de sa vie. «Seigneur, élargis nos frontières !» L’Esprit Saint, promet François, «nous pousse à chercher, à ouvrir les espaces de notre pensée et de notre agir jusqu’à nous conduire à la vérité tout entière». Le Pape convient que nous ne savons pas tout mais assure que c’est précisément cela qui aide à «maintenir allumée la flamme de la recherche» et à rester «une fenêtre ouverte sur le monde».  

Protagonistes d'une culture de l'inclusion

Le Pape en profite pour remercier l’université de KU Leuven d’accueillir des réfugiés qui ont parfois vécu des souffrances atroces, «alors que certains appellent à renforcer les frontières». Nous avons besoin de cela, estime François, d’une culture qui élargisse les frontières, «qui ne soit pas sectaire et ne se prétende pas au-dessus des autres mais qui au contraire se mette dans la pâte du monde en y apportant un bon levain». Les professeurs sont ainsi finalement invités par le Pape à demeurer les «protagonistes de la création d’une culture de l’inclusion, de la compassion, de l’attention aux plus faibles et aux grands défis du monde»

L’université a d'ailleurs voulu montrer au Pape son ouverture et son engagement en faveur des réfugiés, en diffusant une vidéo lors de cette rencontre leur donnant la parole. À l’issue de temps de partage avec les professeurs, François a enfin pris le temps d’échanger avec certains d’entre eux.

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27 septembre 2024, 17:55