Veillée de prière œcuménique avec les délégués fraternels du Synode
Alexandra Sirgant – Cité du Vatican
Sur la place des protomartyres romains, là où selon la tradition a eu lieu le martyre de l’apôtre Pierre, le Pape François a présidé une veillée de prière œcuménique en présence des délégués fraternels du synode et de plusieurs autres représentants des Églises chrétiennes. Dans l’homélie, consignée aux participants, le Pape François a enjoint les chrétiens du monde entier à témoigner de leur unité en se concentrant sur la «mission commune». En association avec cette célébration au Vatican, des prières locales ont été organisées dans 80 lieux différents sur tous les continents.
La veillée de prière, organisée ce vendredi soir par la communauté de Taizé, est le prolongement de celle baptisée «Together» (Ensemble, ndlr) qui s’est tenu le 30 septembre 2023 à la veille de l’ouverture de la première session du Synode sur la synodalité. Cette année, la date symbolique du 11 octobre a été choisie afin de commémorer l'anniversaire de l'ouverture du Concile Vatican II, qui a eu lieu le 11 octobre 1962. «Nous voulons particulièrement rendre grâce pour tous les fruits œcuméniques qui se sont développés dans l'élan du Concile», a souligné dans un cours discours d’introduction le cardinal Kurt Koch, Préfet du Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens, en rappelant le 60e anniversaire de la publication du décret sur l'œcuménisme Unitatis Redintegratio et de la Constitution dogmatique sur l'Église Lumen Gentium. Des extraits des deux documents conciliaires ont été lu par l’ensemble des responsables d'Église présents, parmi lesquels le métropolite orthodoxe Job, l'évêque anglican Warner, l’archimandrite Katsynas de l’Église grecque-orthodoxe ou encore la Révérende franco-suisse Anne-Cathy Graber, pasteure de la Conférence mennonite mondiale.
Œcuménisme et synodalité
«Plus les chrétiens sont proches du Christ, plus ils sont proches les uns des autres» (cf. n.7) a écrit le Pape François dans son homélie, rappelant les mots du décret sur l'œcuménisme Unitatis Redintegratio du 21 novembre 1964. Le Saint-Père a ensuite rappelé le lien entre œcuménisme et synodalité, l’un accompagnant l’autre dans un processus où «il ne s’agit pas tant de construire quelque chose que d’accueillir et de faire fructifier le don que nous avons déjà reçu». L’expérience synodale vécue jusqu’ici permet selon François de comprendre ce «don de l’unité» sous plusieurs aspects.
Le don de l’unité, un don imprévisible
Premièrement, l’évêque de Rome a souligné l’imprévisibilité de ce don: «Ce n’est pas nous qui sommes le véritable protagoniste, mais l’Esprit Saint qui nous guide vers une plus grande communion». Ainsi, «c’est un don dont nous ne pouvons prévoir ni les moments ni les manières; nous devons le recevoir «sans mettre un obstacle quelconque aux voies de la Providence et sans préjuger des impulsions futures de l’Esprit Saint», comme le dit encore le Décret conciliaire (UR, n. 24)».
L’unité est un chemin harmonieux
Ensuite, poursuit l’homélie remise aux participants, à l’image du processus synodal, «l’unité est un chemin» qui «mûrit dans le mouvement» et qui «grandit dans le service réciproque, dans le dialogue de la vie, dans la collaboration de tous les chrétiens». «L’union entre les chrétiens grandit et mûrit dans le pèlerinage commun “au rythme de Dieu”, comme les pèlerins d’Emmaüs accompagnés par Jésus ressuscité» a souligné l’évêque de Rome.
Le troisième enseignement mis en lumière par François est que «l’unité est harmonie». Elle n’est pas uniforme, «ni fruit de compromis ou d’équilibrismes» mais «harmonie dans la diversité des charismes suscités par l’Esprit pour l’édification de tous les chrétiens». Ainsi, a exhorté François, «nous avons besoin de marcher sur le chemin de l’unité en vertu de notre amour pour le Christ et pour tous ceux que nous sommes appelés à servir».
Être fidèles à une mission commune
En dernier lieu, le Pape François a insisté sur l’importance du «témoignage» de cette unité. Citant l’évangile selon Saint Jean «Que tous soient un … pour que le monde croie» (Jn 17, 21), le Souverain pontife a souligné l’importance de témoigner «ensemble, avec les autres et non pas loin les uns des autres, ou pire encore, les uns contre les autres». «En ce lieu, les Protomartyrs nous rappellent qu’aujourd’hui (…) des chrétiens de diverses traditions donnent leur vie ensemble pour la foi en Jésus-Christ, vivant l’œcuménisme du sang», un témoignage «plus fort que toute parole, car l’unité vient de la Croix du Seigneur».
Le Pape François a conclu son homélie en appelant chaque chrétiens à se concentrer «sur le fondement commun de notre baptême commun, qui nous pousse à devenir des disciples missionnaires du Christ». «Le monde a besoin d’un témoignage commun, le monde a besoin que nous soyons fidèles à notre mission commune» a-t-il écrit.
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