Le Pape en silence pour les défunts et en prière devant les enfants non-nés
Salvatore Cernuzio et Jean Charles Putzolu – Cité du Vatican
Comme chaque jour, et plus particulièrement à l’occasion de la commémoration des défunts, les familles se rendent au cimetière pour une visite à leur proches disparus. L’activité normale rythme la vie du cimetière Laurentino, l’un des trois plus importants de la ville de Rome, situé dans le sud de la capitale. Une mère retrace au feutre le prénom de sa fille sur une pierre tombale, une autre femme change l’eau des fleurs, posées dans un vase au milieu des jouets et des peluches qui entourent la petite tombe. Nous sommes dans le «jardin des enfants», un espace du cimetière réservé aux enfants qui n’ont jamais vu le jour, décédés pendant la grossesse ou victimes d’avortement. François traverse les allées, s’arrête pour prier et dépose d’une gerbe de fleurs à l’entrée du carré. Sans prononcer le moindre mot, l’évêque de Rome réaffirme par son geste le soutien inconditionnel à la vie, dès sa conception jusqu’à la mort naturelle.
Thomas, Matthias, Marie, Joseph, André, Ariana: les prénoms sont gravés dans la pierre ou sur une stèle en bois, parfois écrits à la main. Sur de nombreuses tombes le mot «foetus» est gravé qui précède le prénom de l’enfant.
Le geste du Pape accompagne aussi son intention de prière pour le mois de novembre pour les papas et les mamans qui traversent la souffrance atroce de la perte d'un enfant. «Les paroles de réconfort sont parfois triviales ou sentimentales et inutiles. Même si elles sont prononcées avec les meilleures intentions du monde, elles peuvent finir par amplifier la blessure», dit François dans la vidéo publiée sur notre site ; d’où le choix du silence aussi bien dans les allées du jardin des enfants, qu’au cours de la messe, en préférant à l’homélie un temps de prière personnelle et de méditation.
Un moment de méditation pendant la messe
Au moment de l'homélie, le Pape reste silencieux, tête baissée. À la fin de la messe, il récite les prières de la liturgie du jour: «notre existence terrestre n'est qu'un souffle: apprends-nous à compter nos jours et donne-nous la sagesse du cœur qui reconnaît au moment de la mort non pas la fin, mais le passage à la plénitude de la vie». Au terme de la célébration, avant de donner sa bénédiction, il invite les fidèles à renouveler leur «foi dans le Christ qui est mort, a été enseveli et est ressuscité pour notre salut. Même les corps mortels se réveilleront au dernier jour et ceux qui se sont endormis dans le Seigneur seront associés à lui dans le triomphe sur la mort».
Puis il adresse au Très haut une prière: «Sois béni, ô Dieu, Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, dans ta grande miséricorde, nous as régénérés par la résurrection de Jésus d'entre les morts, pour une espérance vivante à un héritage qui ne se décompose pas et ne pourrit pas; écoute la prière que nous t'adressons pour tous nos proches qui ont quitté ce monde: ouvre les bras de ta miséricorde et accueille-les dans l'assemblée glorieuse de la sainte Jérusalem. Réconforte ceux qui sont dans la douleur de la séparation avec la certitude que les morts vivent en toi et que même les corps confiés à la terre participeront un jour à la victoire pascale de ton Fils». Et, le regard tourné vers la Mère de Dieu, placée par son Fils sur le chemin de l’Église, il conclut: «par son intercession soutiens notre foi, afin qu'aucun obstacle ne nous fasse dévier de la route qui mène à toi, qui es la joie sans fin».
Le salut aux «Étincelles d'espérance»
Dans l’assemblée priante, les «Étincelles d'espérance», un groupe de mamans qui ont toutes perdu un enfant en bas âge pour des raisons différentes, sont serrées les unes contre les autres, émues. Elles se sont rassemblées après le Jubilé de la Miséricorde grâce au curé de la paroisse du cimetière, qui «nous a donné l'espérance de la résurrection et de l'acceptation, la seule chose dont nous ayons besoin, ainsi que le partage du chagrin. Nous vivons notre peine ensemble». Il y a les orphelins, les veuves, mais pour les parents, expliquent ces femmes, «il n'y a pas de mot qui nous définisse». Elles se présentent en associant leur nom à celui de leur enfant: Francesca, l'organisatrice, mère de Giorgia, morte à 15 ans, Caterina mère de Marina, Maria Teresa mère de Daniele, Shanti de Marco, puis Roberta qui a perdu son petit Claudio, Roberta mère de Chiara, Nazarena mère de Chiara et Angela de Cinzia. Elles ont toutes remis au Pape une écharpe blanche: «C'est le signe de notre étreinte chaleureuse avec lui, une étreinte symbolique de la part aussi de nos enfants», ont-elles expliqué, remerciant le Successeur de Pierre pour son silence «respectueux» pendant la messe et pour sa présence au cimetière de Laurentino: «Un témoignage d'affection. Le meilleur moyen d'être proche de nos enfants».
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