Le Pape a reçu une délégation de parlementaires et divers représentants français en salle du Consistoire du Palais apostolique, le 30 novembre 2024. Le Pape a reçu une délégation de parlementaires et divers représentants français en salle du Consistoire du Palais apostolique, le 30 novembre 2024.   (VATICAN MEDIA Divisione Foto)

Le Pape interpelle des élus français sur la fin de vie

À deux semaines d’une visite à Ajaccio en Corse, le Pape a reçu une délégation de 150 parlementaires français du sud de la France au Palais apostolique, samedi 30 novembre. L’évêque de Rome les a interpellés sur le projet de loi sur la fin de vie, repris dans l’Hexagone fin janvier 2025.

Delphine Allaire – Cité du Vatican

Sous les ors de la Salle du Consistoire, le Pape a d’emblée confié sa «joie» de recevoir des élus et des représentants de l’État français provenant du Sud de la France. Il a souligné une démarche de pèlerinage à Rome «courageuse» pour des hommes et femmes en responsabilité. Convoquant quelques chantres de la Provence comme Frédéric Mistral, Marcel Pagnol ou Alphonse Daudet, le Souverain pontife a salué une région riche d’une histoire pluriséculaire, marquée par la dimension méditerranéenne. Rappelant son voyage apostolique à Marseille à l’occasion des Rencontres méditerranéennes les 22 et 23 septembre 2023, le Pape argentin a mentionné la vocation de cet espace civilisationnel méditerranéen: «Être un lieu où des pays et des réalités différentes se rencontrent sur la base de l’humanité que nous partageons tous, et non d'idéologies qui opposent les personnes et le pays.»

Un débat sur la fin de vie «en vérité»

Toutefois, dans un contexte où le gouvernement français a fait le choix de reprendre l'examen du texte sur la fin de vie à l'Assemblée nationale à partir du 27 janvier 2025, François a surtout espéré que les parlementaires présents contribuent au débat sur cette question essentielle et «qu'il soit conduit en vérité». 

Au lendemain de l’adoption en première lecture par le Parlement britannique du projet de loi sur le suicide assisté, le Pape a rappelé la nécessité «d’accompagner la vie jusqu’à sa fin naturelle par un développement plus ample des soins palliatifs». «Les personnes en fin de vie, vous le savez, ont besoin d’être accompagnées par des soignants fidèles à leur vocation, laquelle est de procurer des soins et du soulagement faute de ne pouvoir toujours guérir», leur a-t-il affirmé. Dans ce cas, les mots ne sont pas toujours utiles, a reconnu François, ajoutant que prendre un malade par la main fait tellement de bien, «pas seulement au malade, mais aussi à nous».

 

Dans un message adressé à un symposium organisé au Canada en mai dernier, le Souverain pontife rappelait à ce propos combien l’euthanasie est «un échec de l’amour et le reflet d’une culture du rejet». Outre une mobilisation plus conséquente sur la bioéthique, le Pape a également exhorté les parlementaires reçus à s’engager dans le champ éducatif.

«L'indifférence tue la sensibilité humaine»

François a mis en avant l’urgence d’offrir aux jeunes une éducation qui les tourne vers les besoins des autres et récompense le sens de l’effort. Il a rappelé combien «le jeune en construction a besoin d’un idéal». «L’on se trompe quand on croit que les jeunes n’aspirent à rien d’autre qu’à trainer sur un canapé ou sur les réseaux sociaux!», a-t-il assuré, invitant à impliquer les jeunes dans le réel, dans des visites aux personnes âgées ou handicapées, pauvres ou étrangères. Tout cela, dans la perspective de la joie de l’accueil et du don, «en offrant un peu de réconfort aux personnes rendues invisibles par un mur d’indifférence». Et le Pape de s’indigner: «Il est curieux de voir comment l'indifférence tue la sensibilité humaine!».

Le bien commun à la politique et à la religion

Le Successeur de Pierre a achevé cette audience en réitérant que la politique et la religion ont «des centres d’intérêts communs et partagés», bien que distinctes. Dans cette perspective du bien commun, l’Église a le désir «de réveiller les forces spirituelles qui fécondent toute la vie sociale», a conclu le Pape, citant son encyclique sur la fraternité humaine. «Vous pouvez compter sur son aide», a-t-il glissé avant de bénir «chaleureusement» et de remercier la délégation sudiste.

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30 novembre 2024, 10:00