Ce 13 décembre, le Pape célèbre ses 55 ans de sacerdoce
Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican
«Père... Je préfère qu'on m'appelle père, parce que ce que je préfère, c'est être prêtre». La vocation sacerdotale, celle qui l'a conduit à être ordonné le 13 décembre, il y a 55 ans (en 1969), est peut-être l'une des expériences les plus intimes du Pape François, une expérience capable, des années plus tard, de l'émouvoir encore. Ainsi il y a 55 ans, l'archevêque de Cordoba (Argentine), Mgr Ramon José Castellano, imposait les mains au jeune Jorge Mario, alors âgé de 33 ans.
L'appel de saint Matthieu
C'est l'achèvement d'un parcours qui a commencé à l'âge de 17 ans. C'était l'âge du futur Pape argentin le jour où, lors d'une confession à la paroisse, il a eu un contact direct et profond avec Dieu. Un appel. Et il y a une image à laquelle Bergoglio -il l'a confié lui-même dans de nombreux livres et interviews, avant et après son pontificat- associe ce moment: le tableau du Caravage «L'appel de Matthieu», une œuvre d'art - conservée en l'église Saint-Louis-des-Français à Rome- qui compte parmi les plus chères au Pape. Il aimait souvent s'arrêter devant elle pour en admirer le symbolisme, les significations cachées derrière les jeux d'ombre et de lumière, ce rayon de lumière qui, presque comme un iris dans un théâtre, accompagne le geste de Jésus qui pointe son doigt vers Matthieu. Un doigt, semblable à celui de Dieu dans la «Création» de Michel-Ange, qui symbolise la grâce, la possibilité d'abandonner une vie de péché et de renaître à une vie nouvelle. Et ce, grâce à sa miséricorde.
Ce doigt que François a toujours senti pointé vers lui: «Voilà comment je suis. Voilà ce que je ressens. Comme Matthieu», confiait le Pape au père Antonio Spadaro en août 2013, dans l'une des premières interviews qui ont fait connaître les côtés les plus intimes et personnels du Pape élu quelques mois plus tôt. «C'est le geste de Matthieu qui me touche: il saisit son argent, comme pour dire: “Non, pas moi ! Non, cet argent est à moi”. Voilà, c'est moi: un pécheur sur lequel le Seigneur a tourné son regard. Et c'est ce que j'ai dit quand on m'a demandé si j'acceptais mon élection comme Souverain pontife».
La naissance de la vocation
L'histoire de saint Matthieu est inextricablement liée au parcours sacerdotal du Pape François. C'est le 21 septembre 1953, jour de cette «expérience de Dieu», que Bergoglio a ressenti sa première impulsion vocationnelle. C'était précisément le jour de la mémoire liturgique de saint Matthieu. En Argentine, on célébrait la fête de l'étudiant et, avant de se rendre aux festivités, le jeune Jorge Mario passa par la paroisse qu'il fréquentait et y trouva un prêtre qu'il ne connaissait pas. Il a cependant ressenti le besoin de se confesser. «Ce fut pour moi une expérience de rencontre: j'ai découvert que quelqu'un m'attendait», a raconté le Pape lors d'une veillée de Pentecôte participative en mai 2013, avec des mouvements et des réalités ecclésiales. «Je ne sais pas ce qui s'est passé, je ne me souviens pas, je ne sais pas vraiment pourquoi ce prêtre était là, que je ne connaissais pas, pourquoi j'ai ressenti ce désir de me confesser, mais la vérité est que quelqu'un m'attendait. Il m'attendait depuis longtemps. Après la confession, j'ai senti que quelque chose avait changé. Je n'étais plus le même. J'avais entendu comme une voix, un appel: j'étais convaincu que je devais devenir prêtre».
L'ordination sacerdotale
À l'âge de 21 ans, le futur Pape décide d'entrer au séminaire. Il opte pour la Compagnie de Jésus, attiré par l'image des jésuites en «première ligne» dans l'Église, par la discipline, par la «nature missionnaire». Il entre au séminaire de Villa Devoto et, le 11 mars 1958, commence son noviciat au séminaire des disciples de saint Ignace, passant une période au Chili et revenant ensuite à Buenos Aires. Dans sa ville natale, il obtient son diplôme de philosophie en 1963. À partir de 1964, il enseigne la littérature et la psychologie pendant trois ans dans les collèges de Santa Fé et de Buenos Aires. Le 13 décembre 1969, il est ordonné prêtre, les mains imposées sur la tête et devant les yeux une autre main, celle du Christ, le doigt pointé, appelant le jésuite à le suivre, comme Matthieu.
La miséricorde
Ce n'est pas un hasard si la devise épiscopale, puis pontificale, choisie par Bergoglio, le futur François, était précisément «Miserando atque eligendo» («Il l'a regardé avec miséricorde et l'a choisi»). Un passage d'une homélie de saint Bède le Vénérable qui commente précisément l'épisode évangélique de la vocation du publicain devenu apôtre. La miséricorde est depuis lors l'une des pierres angulaires du ministère du Pape François, déclinée en «proximité, compassion, tendresse». Les trois caractéristiques de Dieu, mais aussi de tout prêtre, comme il l'a toujours dit aux prêtres qu'il a rencontrés au fil des ans, en leur recommandant d'être des «pères» pour le peuple. Non pas comme un titre, mais comme une manière d'être.
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