Le Pape invite les théologiens à rendre leur matière «lumineuse» accessible à tous
Augustine Asta - Cité du Vatican
À l'Université pontificale du Latran, 450 théologiens venant de différentes parties du monde, réfléchissent «sur la manière d'hériter du grand patrimoine théologique des générations passées et d'imaginer son avenir». Promu par le dicastère pour la Culture et l'Éducation, les participants ont été tous reçus lundi 9 décembre, au Palais apostolique du Vatican par le Pape François, qui a tenu à les remerciés pour le travail qu’ils effectuent au quotidien.
Les valeurs théologiques
«La théologie, a dit François c'est la lumière qui me vient à l'esprit». En effet, a-t-il ajouté, «c'est par la lumière que les choses sortent de l'obscurité, que les visages révèlent leurs contours», et «que les formes et les couleurs du monde apparaissent enfin». Pour le Pape, «la lumière est belle parce qu'elle fait apparaître les choses, mais sans se mettre en valeur». La théologie, a poursuivi le Souverain pontife, «travaille dans la discrétion et l'humilité, pour faire émerger la lumière du Christ et de son Évangile». Un constat l'a ainsi amené à formuler une recommandation: «cherchez la grâce et restez dans la grâce de l'amitié avec le Christ, la vraie lumière qui est venue en ce monde». Car, a estimé François, «toute la théologie naît de l'amitié avec le Christ et de l'amour pour ses frères, ses sœurs, son monde». Un monde a-t-il précisé, «dramatique et magnifique à la fois, plein de douleur mais aussi d'une beauté émouvante».
La théologie et la contribution des femmes
Les travaux du congrès mettront un accent sur un ensemble de questions notamment le «‘‘où’’, le ‘‘comment’’ et le ‘‘pourquoi’’ de la théologie», a souligné l’évêque de Rome. C’est une manière de formuler plusieurs interrogations: «théologie, où es-tu? Avec qui vas-tu? Que faites-vous pour l'humanité?». Cette rencontre est très importante a dit le Pape, «pour aborder ces questions», mais aussi «pour se demander si l'héritage théologique du passé peut encore répondre aux défis d'aujourd'hui et nous aider à imaginer l'avenir». «C'est un voyage» que les théologiens sont «appelés à faire ensemble», a renchéri le Pape.
S’appuyant sur le deuxième livre des Rois, précisément «lors de la restauration du Temple de Jérusalem», François a souligné qu’«un texte a été trouvé, peut-être la première édition du Deutéronome, qui avait été perdue». François a détaillé et rappelé l’importance du rôle des femmes. «Il y a des choses que seules les femmes comprennent, et la théologie a besoin de leur contribution». Car «une théologie exclusivement masculine est une théologie en demi-teinte. Il reste encore un long chemin à parcourir à cet égard», a-t-il affirmé.
La théologie aide à «repenser la pensée»
Le Souverain pontife a formulé le vœu «que la théologie aide à repenser la pensée». Il est question a indiqué le Pape, que grâce à la théologie la «façon dont nous pensons», puisse façonner également «nos sentiments, notre volonté et nos décisions». Un «cœur large correspond à une imagination et à une pensée large, tandis qu'une pensée rétrécie, fermée et médiocre peut difficilement générer de la créativité et du courage». François a donc préconisé aux participants «de sortir de la simplification». Face à une «réalité est complexe», avec des défis «variés», «l'histoire dira François, est habitée par la beauté et en même temps blessée par le mal, et quand on ne peut ou ne veut pas affronter le drame de cette complexité, on a facilement tendance à simplifier». Cependant «la simplification veut mutiler la réalité», et donne «naissance à des pensées stériles et univoques, génère des polarisations et des fragmentations». En revanche les idéologies, par exemple «ramènent tout à une seule idée, qu'elles répètent ensuite de manière obsessionnelle et instrumentale».
L’«antidote» à la «simplification est indiqué dans la Constitution apostolique Veritatis gaudium: l'interdisciplinarité et la transdisciplinarité». Il s'agit de «‘‘faire fermenter’’ ensemble la forme de la pensée théologique avec celle des autres savoirs: philosophie, littérature, arts, mathématiques, physique, histoire, sciences juridiques, politiques et économiques». Cette année, sera célébrée le 750e anniversaire de la mort de deux grands théologiens: saint Thomas d'Aquin et saint Bonaventure. «Thomas nous rappelle que nous n'avons pas un seul sens, mais des sens multiples et différents, afin que la réalité ne nous échappe pas». Et Bonaventure «affirme que dans la mesure où l'on «croit, espère et aime Jésus-Chris », on «retrouve l'ouïe et la vue [...], l'odorat, [...] le goût et le toucher».
«Que la théologie soit accessible à tous», a lancé le Pape face aux participants du Congrès international de Rome. Dans le même sillage François a fait remarquer le grand intérêt pour les formations académiques ces dernières années, dans de nombreuses régions du monde. Plusieurs «hommes et des femmes a-t-il dit, surtout d'âge moyen, souhaitent approfondir leur foi, veulent faire un voyage, s'inscrivent souvent dans une faculté universitaire». Il s'agit «d'un phénomène croissant qui mérite l'intérêt de la société et de l'Église», a reconnu François. L'âge adulte, «est une période particulière de la vie. C'est une période où l'on jouit généralement d'une certaine sécurité professionnelle et d'une solidité affective, mais aussi une période où les échecs sont ressentis plus douloureusement, et où de nouvelles questions se posent alors que les rêves de jeunesse s'effondrent», a détaillé le Pape. «Dans cette phase, un sentiment d'abandon peut être ressenti et, parfois, l'âme se bloque». Et la «théologie est ce compagnon de route!», a martelé François, soulignant la nécessité de faire «en sorte que ces femmes et ces hommes trouvent dans la théologie une maison ouverte», a conclu le Pape.
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