Pape François: né de Marie, Jésus redonne sa dignité à toute vie
Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican
La solennité de Marie, Mère de Dieu, est la fête qui ouvre l’année, car célébrée le premier jour de l’an. A cette occasion, le Pape François a présidé la messe ce 1er janvier 2025 dans la basilique Saint-Pierre, en présence de nombreux concélébrants et des milliers de fidèles. «Au début d’une nouvelle année accordée par le Seigneur, il est bon de lever le regard de notre cœur vers Marie», a souligné le Saint Père. En tant que Mère, Marie nous ramène à Jésus, nous parle de Jésus, nous conduit à Jésus et «nous renvoie à notre relation avec son Fils». Ainsi, cette solennité nous plonge à nouveau dans le Mystère de Noël «Dieu s’est fait l’un de nous dans le sein de Marie», elle qui est la porte par lequel le Christ est entré dans le monde, comme nous sommes appelés à franchir la porte au cours du jubilé qui vient de s’ouvrir. Saint Paul, a constaté François, résume le mystère de la Mère de Dieu en soulignant que le Fils de Dieu est «né d’une Femme», ce qui rappelle que notre Sauveur «s’est fait chair et s’est révélé dans la fragilité de la chair».
Dieu s’est fait homme dans des entrailles humaines et est né d’une femme
L’expression «Né d’une femme» renvoi tout d’abord à Noël, car elle fait référence au Verbe fait chair, a déclaré François. En précisant qu’Il est né d’une femme, l’apôtre Paul veut rappeler que «Dieu s’est vraiment fait homme dans des entrailles humaines». Face à la tentation qui fascine un grand nombre aujourd’hui consistant à imaginer ou à se fabriquer un Dieu «abstrait» lié à une vague idée religieuse ou à un sentiment passager, le Pape insiste qu’Il «est né d’une femme», fait de chair et de sang. Ayant un visage et un nom, il nous invite à entretenir une relation avec à Lui. Pour illustrer la beauté de ce mystère de l’incarnation, le Saint Père a décrit des antinomies apparentes que renferme la personne du Christ. «Il vient du sein du Père, mais Il s’incarne dans le sein de la Vierge Marie; Il vient du haut des cieux mais Il habite dans les profondeurs de la terre; Il est le Fils de Dieu, mais Il se fait Fils de l’homme. Image du Dieu Tout-Puissant, Il vient dans la faiblesse et, bien qu’Il soit sans tache, "Dieu, pour nous, l’identifiera au péché" (2 Co 5, 21). Il est né d’une femme et Il est l’un de nous: c’est pour cette raison qu’Il peut nous sauver».
Jésus nous montre Dieu à travers son humanité fragile en prenant soin des plus fragiles
En continuant à explorer cette formulation paulinienne, François a indiqué que l’expression «Né d’une femme» souligne aussi l’humanité du Christ «qui se révèle dans la fragilité de la chair» au point de se montrer «dans la fragilité d’un Enfant». Les bergers venus l’adorer après l’annonce de l’Ange ne trouvent pas de signes extraordinaires ni de manifestations grandioses. Ils ne rencontrent que Marie, Joseph et ainsi qu’un nouveau-né couché dans la mangeoire, «sans défense, fragile, qui a besoin de langes et de lait, de caresses et d’amour» comme tout nouveau-né. Et toute la vie de Jésus prouve le choix de la petitesse et de la discrétion. Il a accompli des grands signes sans céder à l’attrait du pouvoir divin et s’imposer sur les autres comme le diable le lui a suggéré. Il a révélé l’amour de Dieu dans la beauté de son humanité en partageant la condition humaine et la vie ordinaire faite des peines et des rêves. «En ouvrant les yeux des aveugles et en réconfortant les cœurs égarés», il a montré la compassion pour les souffrances du corps et de l’esprit. En faisant ainsi, «Jésus nous montre Dieu à travers son humanité fragile, en prenant soin des plus fragiles».
Marie nous ramène au mystère de son Fils Jésus
Parlan de nouveau de la Mère de Dieu, le Pape fait remarquer que la jeune fille de Nazareth «nous ramène toujours au Mystère de son Fils, Jésus». «Elle nous rappelle que Jésus vient dans la chair et que le lieu privilégié où nous pouvons le rencontrer c’est d’abord notre vie, notre humanité fragile, celle de ceux qui nous côtoient chaque jour». L’invoquer comme Mère, c’est affirmer que le Christ, engendré par le Père, «est vraiment né du sein d’une femme». Nous affirmons aussi qu’étant le Seigneur du temps, il habite notre temps, «notamment cette nouvelle année, de sa présence aimante». Nous affirmons, en outre, «qu’Il est le Sauveur du monde, mais nous pouvons le rencontrer et devons le chercher dans le visage de tout être humain», qu’Il se révèle en tous ceux qui ont besoin des soins, en chaque sœur et frère que nous rencontrons et qui a besoin d’attention, d’écoute, de tendresse.
Confions la nouvelle année à Marie, Mère de Dieu
Poursuivant son homélie, François a invité à confier la nouvelle année à la Mère de Dieu, afin que nous apprenions, comme elle, à découvrir la grandeur de Dieu dans la petitesse; «pour que nous apprenions à prendre soin de toute créature née d’une femme, avant tout en gardant, comme le fit Marie, le don précieux de la vie: la vie dans le sein maternel, la vie des enfants, la vie de ceux qui souffrent, la vie des pauvres, la vie des personnes âgées, des personnes seules, des mourants».
Construire une civilisation de la paix
En ce 1er janvier, Journée mondiale de la paix, le Saint Père a invité à accueillir l’invitation qui jaillit du sein maternel de Marie, celle de «préserver la vie, prendre soin de la vie blessée, rendre sa dignité à la vie de toute personne “née d’une femme”». Ceci, a-t-il souligné, est «la base fondamentale pour construire une civilisation de la paix». Rappelant son Message pour la 58ème Journée Mondiale de la Paix, François a insisté sur «un engagement ferme à promouvoir le respect de la dignité de la vie humaine, depuis la conception jusqu’à la mort naturelle, afin que toute personne puisse aimer sa propre vie et envisager l’avenir avec espérance».
Pour finir, le Saint Père a de nouveau insisté sur l’humilité de Dieu. Comme aux bergers, Marie nous montre le Dieu qui nous surprend toujours, qui ne vient pas dans la splendeur des cieux, mais dans la petitesse d’une mangeoire. Le Pape a terminé son homélie en invitant à confier à la Mère de Dieu cette nouvelle année jubilaire, nos demandes, «nos préoccupations, nos souffrances, nos joies et tout ce que nous portons dans nos cœurs». «Confions-lui le monde entier, pour que l’espérance renaisse, pour que la paix germe enfin pour tous les peuples de la terre», a conclu François, qui a invité les fidèles présents dans la basilique Saint-Pierre à répéter, ensemble, par trois fois «Sainte Mère de Dieu, Sainte Mère de Dieu, Sainte Mère de Dieu».
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