Audience générale: le Pape alerte sur l’exploitation des enfants

Delphine Allaire – Cité du Vatican

«Celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas.» Méditant sur ce passage de l’Évangile selon saint Luc, le Souverain pontife a fait le choix de dédier la première catéchèse de l’année aux enfants, lors de l’audience générale en salle Paul VI, mercredi 8 janvier. Le Pape, à l'initiative d'un nouvel organisme curial sur la protection de l'enfance, a en particulier alerté sur le fléau du travail infantile. François s'est attristé de la perpétuation de cette pratique, paradoxale à l’heure où pourtant «nous regardons vers d’autres planètes ou les mondes virtuels».

L'enfance humiliée, exploitée et blessée

«Nous avons du mal à regarder dans les yeux un enfant marginalisé, exploité et abusé», a rappelé le Pape, dénonçant combien «le siècle qui génère l'intelligence artificielle et conçoit des existences multi-planétaires n'a pas encore pris la mesure du fléau de l'enfance humiliée, exploitée, mortellement blessée». Dans trois semaines, un sommet inédit consacré aux droits des enfants aura lieu au Vatican, intitulé «Aimons-les et protégeons-les».

Le Successeur de Pierre a par la suite appuyé son propos sur l'Écriture Sainte, rappelant que les enfants sont un don de Dieu et les plus aimés du Père. Et François de penser aujourd’hui au nombre d’enfants qui «meurent de faim et de misère» ou «déchiquetés par les bombes», à l’image, déjà, de la violence d’Hérode à l’encontre des enfants de Bethléem. L'ONG Save The Children dénombre en effet 473 millions d'enfants grandissant aujourd'hui en zones de guerre. Selon François, il s’agit d’un drame profond qui se répète sous d'autres formes dans l'histoire.

Prévenir et condamner la violence

Désignant les petits comme modèle pour les adultes, Jésus a rompu avec la tradition qui ne considérait l'enfant que comme un objet passif, exhortant à laisser les enfants venir à lui. «Ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent».

Ainsi le Pape souligne que «les disciples de Jésus-Christ ne devraient jamais permettre que les enfants soient négligés ou maltraités, qu'ils soient privés de leurs droits, qu'ils ne soient pas aimés et protégés». «Les chrétiens ont le devoir de prévenir sérieusement et de condamner fermement la violence ou les abus à l'encontre des enfants», a-t-il estimé. Le Pape était à l’origine il y a cinq ans de la Rencontre sur la protection des mineurs qui, en février 2019, impulsa une nouvelle dynamique dans la lutte engagée par l’Église catholique contre les abus commis par des membres du clergé.

Le travail infantile

Et François de développer ensuite le nombre trop important d’enfants contraints de travailler. «Un enfant qui ne sourit pas et ne rêve pas ne pourra pas connaître et faire éclore ses talents», regrette-t-il, pensant aux enfants «exploités par une économie qui ne respecte pas la vie»; «une économie qui, ce faisant, brûle notre plus grande réserve d'espérance et d'amour». L’Unicef estime que 160 millions d’enfants dans le monde sont contraints de travailler. Le Pape, qui a dédié son intention de prière du mois de janvier à l’éducation des enfants, assure enfin que «quiconque fait du mal à un enfant devra lui rendre des comptes».