Jubilé des malades: «Partager la douleur est une étape vers la sainteté» assure François
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
Depuis deux semaines, le Pape François est en convalescence au Vatican, après avoir passé un mois à l’hôpital Gemelli. N’ayant pu participer à la messe finale du Jubilé des malades et du monde de la santé, il a écrit une homélie qui a été lue par le pro-préfet du dicastère pour l’Évangélisation, Mgr Rino Fisichella, lors de la messe célébrée place Saint-Pierre ce dimanche 6 avril.
«À quelques mètres de nous, depuis la résidence Sainte Marthe, le Pape François nous est proche. Il participe à cette Eucharistie comme beaucoup de personnes malades et de personnes fragiles, à travers la télévision», a ainsi débuté Mgr Fisichella, après les lectures de ce 5e dimanche de Carême. Le Saint-Père a toutefois fait une brève apparition à la fin de la messe, saluant les pèlerins: «Bon dimanche à tous, merci beaucoup».
Dieu toujours à nos côtés
Reprenant les textes de la liturgie, François insiste d’abord sur la présence permanente de Dieu aux côtés de son peuple. Auprès du peuple d’Israël en exil à Babylone à qui il assure faire «une chose nouvelle» qui germe déjà, alors qu’il n’y a plus d’espoir. «Ce qui est en train de naître, c'est un peuple nouveau», explique le Saint-Père. Ce peuple, loin de Jérusalem, «ne pouvant plus célébrer de liturgies solennelles, il a appris à rencontrer le Seigneur d'une autre manière: dans la conversion du cœur, dans la pratique du droit et de la justice, dans la sollicitude envers les pauvres et les nécessiteux, dans les œuvres de miséricorde».
Il en va de même pour la femme adultère, amenée devant Jésus par des scribes et des pharisiens, et qu’il ne condamne pas. «Au contraire, juste au moment où ses bourreaux serrent déjà les pierres dans leurs mains, c'est là que Jésus entre dans sa vie, la défend et la soustrait à leur violence, lui donnant la possibilité de commencer une nouvelle existence», souligne François.
À chaque fois, malgré l’absence apparent d’espoir, Dieu est présent, car rien ne peut empêcher Dieu de «se tenir à notre porte et de frapper», assure-t-il, encourageant chacun à s’ouvrir à l’amour divin et à accueillir sa grâce lorsque les épreuves deviennent difficiles.
Le lit du malade, lieu saint de salut et de rédemption
Parmi ces épreuves, «la maladie est certainement l'une des épreuves les plus difficiles et les plus dures de la vie, au cours de laquelle nous touchons du doigt à quel point nous sommes fragiles». Une épreuve qui peut faire disparaitre «l’espérance en l’avenir». «Mais il n’en n'est pas ainsi», insiste François, Dieu ne laisse jamais seuls et «c'est justement lorsque nos forces nous font défaut que nous pouvons expérimenter la consolation de sa présence», s’appuyant sur Dieu lui-même fait homme et ayant connu la souffrance.
En recevant cet amour, chacun est appelé à le partager autour de lui, en devenant «des “anges”, des messagers de sa présence», transformant le lit d’un malade en «un “lieu saint” de salut et de rédemption».
La présence des malades, don dans l’existence des soignants
S’adressant ensuite aux membres du personnel de santé, le Souverain pontife les encourage, auprès des patients, à nourrir leur vie «de gratitude, de miséricorde et d'espérance», en prenant conscience que «rien n'est acquis et que tout est don de Dieu». Il insiste aussi sur les seuls gestes qui comptent: «les petits et grands gestes d'amour».
Une école pour aimer et se laisser aimer
En convalescence depuis 15 jours au Vatican, le Pape François explique ensuite vivre l’expérience difficile de la maladie, «de se sentir faible, de dépendre des autres en bien des choses, d'avoir besoin de soutien».
«C'est une école où nous apprenons chaque jour à aimer et à nous laisser aimer, (…)abandonnés et confiants pour ce qui doit encore venir», poursuit-il, convaincu que le malade depuis son lit peut entendre la voix du Seigneur, et être renforcé dans sa foi.
Le Pape Benoit XVI assurait que «la mesure de l'humanité se détermine essentiellement dans la relation avec la souffrance», dans la lettre encyclique Spe salvi. Son successeur, François, insiste sur le fait que «faire face ensemble à la souffrance nous rend plus humains et que partager la douleur est une étape importante de tout cheminement vers la sainteté».
En concluant, le Saint-Père demande de ne pas reléguer «ceux qui sont fragiles à l’écart de notre vie», ni «d’exclure la douleur de notre environnement». Au contraire, il encourage à faire de la souffrance et de la douleur l’occasion de «cultiver l'espérance grâce à l'amour que Dieu a d'abord répandu dans nos cœurs et qui (…) demeure pour toujours».
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici