Recherche

Dans les locaux de la fondation Napoléon. Dans les locaux de la fondation Napoléon.  

Vivre la fraternité en actes pendant les Jeux olympiques

Au cours des trois semaines qu’ont duré les épreuves des Jeux olympiques, l’Église de France s’est mobilisée pour que toutes les personnes puissent participer à la fête, même celles en situation de précarité. Promue par les valeurs de l’olympisme, la fraternité a ainsi été vécue concrètement.

Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

Dans son message adressé à l’attention de l’Église de France pour les Jeux Olympiques, diffusé mi-juillet, le Pape François a assuré «apprécier vivement que les personnes les plus vulnérables ne soient pas oubliées en particulier celles qui se trouvent en situation de grande précarité, et que l’accès à la fête leur soit facilité».

Inviter tout le monde à la fête

À Paris, cet appel a été entendu. Le rendez-vous est donné dans le Ve arrondissement, dans les locaux de la fondation Napoléon sont investis pour l’été par le pôle solidarité d’Holy Games. Trois fois par semaine, bénévoles et accueillis se réunissent autour d’une même devise: «le sport pour tous».

Au programme: cercle de spiritualité, messe, partage d’Évangile mais aussi olympiades et bien sûr, diffusion des épreuves olympiques sur grand écran. Tous sont les bienvenus, personne en difficulté, personne isolée, à la rue, ou encore en situation de handicap, explique Claire Rossignol responsable solidarité pour le diocèse de Paris.

Un havre de paix 

«Il fallait que ces Jeux olympiques soient une fête pour tout le monde et qu'on les y invite. Si elles ne se sentent pas invitées, elles se disent: “la fête n'est pas pour moi“. Et notre souhait, c’est de leur dire: “mais si, la fête ne sera pas complète si tu n'es pas là“», souligne-t-elle.

Dans ce lieu unique au cœur de Paris, la fraternité des Jeux olympiques est vécue concrètement et célébrée. «La fraternité, il faut la vivre entre les peuples, mais il faut la vivre aussi ici avec les personnes qui sont là, à côté de nous», encourage Claire Rossignol. La chanson de l’été, choisie par l’équipe d’Holy Games, illustre ce désir de fraternité avec le refrain des frères du groupe Hopen, «Unis comme des frères».  

Être un trait d'union

Ce pari d’inclure tout le monde n’était pas si évident. En effet, dans les mois précédent les Jeux olympiques, plusieurs associations avaient alerté sur l’impossibilité de réunir tout le monde autour de la fête olympique. D’abord quant au déplacement des sans domiciles fixes, le Secours catholique avait alerté en avril sur les risques de nettoyage social. Mais pour Claire Rossignol, il était impossible de laisser certains sur le bord de la fête des JO: «c'est très compliqué pour moi de faire la fête en sachant que des personnes en sont exclues, c'est même assez insupportable».

Elle se souvient du moment où elle a pu porter la flamme olympique, comme plus de 10 000 personnes. «J’étais heureuse de pouvoir être le trait d’union avec ces personnes qui n’osaient pas s’approcher et leur dire: “venez, venez“», se rappelle-t-elle.

Autre difficulté pour participer aux festivités des JO, les prix jugés excessifs pour assister aux épreuves. Mais, via la fondation Notre-Dame, 500 places ont été offertes dont 150 pour les personnes à mobilité réduite. Olivier Calon, responsable solidarité d’Holy Games a accompagné trois personnes pour aller voir la finale du 100m au stade de France. «Assister à de très belles épreuves en accompagnant ces personnes, en échangeant avec elle, c’est très réjouissant. On se dit: “jamais elles n’auraient pu avoir un billet aux Jeux olympiques à la finale du 100 mètres“», témoigne-t-il.

Le stade de France lors de la finale du 100 mètres.
Le stade de France lors de la finale du 100 mètres.

«Un vrai moment de bonheur»

Pour tout organiser, de nombreuses associations travaillent d’arrache-pied comme la société Saint-Vincent-de-Paul, ou, Aux captifs la libération. D’autres encore se mobilisent pour accueillir des familles en difficulté, dans des paroisses ou chez des congrégations religieuses, avec l’opération «Hospitalité Familles».

«Pour moi, c'est une joie qui est de l'ordre de la réconciliation. Quand on sort du sacrement de réconciliation, on a une joie profonde qu'on n'explique pas, qui est la joie d'être pardonné. Et j'éprouve cette même joie au contact des personnes dont on n'aurait jamais dû être séparées. On partage un vrai moment de bonheur avec celles qui sont ici», se réjouit Claire Rossignol.

Après les Jeux paralympiques en septembre, Holy Games pense déjà aux Jeux Olympiques d’hiver de 2030 attribués aux Alpes françaises.


09 août 2024