Exercices spirituels: prendre soin du cœur pour reconnaître la présence de Dieu
Benedetta Capelli – Cité du Vatican
Écrit en décembre 1997 par le poète, dramaturge, essayiste et sénateur italien Mario Luzi, «Nous sommes ici pour cela» rythmera l’ensemble des méditations de cette semaine de retraite spirituelle de début de Carême.
Pour la méditation introductive, dom Bernardo Francesco Maria Gianni a d’abord évoqué la ville de Florence. La capitale de la Toscane, entourée de collines, est «un lieu de la géographie de la grâce» pour Giorgio La Pira, qui en fut le maire de 1951 à 1957 puis de 1961 à 1965.
Regarder le désert de nos villes
Le Pape François et les cardinaux et évêques de la Curie romaine ont d’emblée été invités à tourner les yeux vers Florence pour scruter «une trace, un indice sur la manière dont Dieu habite la ville». «Un regard de foi» sur une ville qui offre souvent «la cendre, poussiéreuse, inerte, sans davantage de vie qu’un feu qui semble ne plus brûler, ne plus flamber». Il faut regarder «d’en-haut: non pas pour tomber sur les tentations du Malin qui voudrait bientôt posséder les choses de ce monde, les dominer, les conditionner», mais en étant animé «par l’Esprit-Saint, par la Parole du Seigneur». Il s’agit donc d’un «regard de contemplation de gratitude, de vigilance si nécessaire, de prophétie. Et c’est un regard qui n’a pas de peine à reconnaître combien nos villes sont bien des fois – trop de fois!- un véritable désert».
Raviver le feu de l’amour
Regarder ainsi permet de rallumer des flammes qui redonnent la véritable vie, dans le Christ et l’Évangile. Dom Gianni a demandé au Pape et aux prélats d’avoir «un regard de mystère sur Florence, pour que notre action pastorale, le soin des personnes qui nous sont confiées, du peuple qui nous est confié mais je dirais de l’humanité qui nous est confiée par le Seigneur, puisse vraiment être à nouveau la vive flamme d’un ardent désir, et redevienne un jardin de beauté, de paix, de justice, de mesure, d’harmonie».
«Là où est l’amour, il y a un regard»
Citant Richard de Saint-Victor, moine mystique du 12e siècle, le prédicateur a ensuite rappelé la nécessité de reconnaître «les traces et les indices que le Seigneur ne se lasse pas de laisser au cours de son passage dans notre histoire, dans notre vie». Le regard de Giorgio La Pira sur Florence, à l’image du regard de Jésus sur Jérusalem et sur tous ceux qu’il rencontrait, était plein d’amour. «Une dynamique pascale» se met alors en place, en nous rendant conscients que ce «moment historique est grave» parce que «le souffle universel de la fraternité paraît très affaibli». La force de la fraternité, a poursuivi le père abbé de San Miniato al Monte, est la nouvelle frontière du christianisme.
Laissons-nous regarder par Jésus
Il faut également tenter d’apercevoir «le visage de Jésus mort et ressuscité qui recompose notre humanité, y compris celle qui est fragmentée par les peines de la vie ou marquée par le péché», a expliqué dom Gianni. «Laissons-nous regarder par Lui. Jésus est notre humanisme: laissons-nous toujours préoccuper par sa question “Et vous, qui dites-vous que je suis?”. «Laissons-nous regarder par Lui pour apprendre, dirais-je, à regarder comme Lui regardait», par exemple le jeune homme riche -«Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima» (Mc 10,21)- ou Zachée – «Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : “Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison”» (Lc 19,5).
Un cœur qui se convertit
Un tel regard chasse aussi la peur de ne pas reconnaître le Seigneur qui vient, comme le craignait saint Augustin, puisque le cœur est changé. «Si tu n’es pas attentif à ton cœur, tu ne sauras jamais si Jésus te rend visite ou non», a expliqué le prédicateur, invitant à «prendre soin du cœur». «Un cœur attentif, en conversion, qui fasse mémoire et en faisant mémoire s’ouvre pour reconnaître la présence de Dieu dans notre Histoire, et comment celle-ci s’ouvre à des espérances ardentes, inédites et inouïes», a-t-il précisé.
Garder le Seigneur devant ses yeux et entre ses mains
En conclusion de cette méditation introductive, le moine bénédictin a fait référence à la mission des consacrés, appelés à «une vie simple et prophétique dans sa simplicité, où le Seigneur se tient devant les yeux et entre les mains, et rien d’autre ne sert». «La vie c’est Lui, l’espérance c’est Lui, le futur c’est Lui. “La vie consacrée est cette vision prophétique dans l’Église, elle est regard qui voit Dieu présent dans le monde, même si tant de personnes ne s’en aperçoivent pas”. Voilà ce que nous a dit le Pape François le 2 février 2019, en nous parlant à nous, les consacrés. Mais ce sont des paroles qui, je crois, peuvent résonner ici pour nous tous», a conclu dom Gianni.
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