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Robert Schuman, 1886-1963. Robert Schuman, 1886-1963. 

Robert Schuman, père de l’unité de l’Europe, est Vénérable

Le Pape a autorisé la promulgation du décret reconnaissant les vertus héroïques de l'homme d'État français. Avec la reconnaissance de leur martyre, 10 religieuses tuées en Pologne par des soldats soviétiques à la fin de la Seconde Guerre mondiale seront également béatifiées.

Vatican News

Il y a un an, à l’occasion du 70ème anniversaire de la Déclaration de Robert Schuman, François avait souligné l’esprit constructif de ce père de l’Europe, dont l’action et les propos ont inspiré «le processus d’intégration européenne, en permettant la réconciliation des peuples du continent». Ce dimanche 10 mai 2020, en plein pic de pandémie de Covid-19, le Pape réactualisait la déclaration de l’alors ministre des Affaires étrangères de la Quatrième République : «Que l’esprit de la Déclaration Schuman ne manque pas d’inspirer ceux qui ont des responsabilités au sein de l’Union européenne, appelés à affronter dans un esprit de concorde et de collaboration les conséquences sociales et économiques provoquées par la pandémie».

Rien de surprenant donc, à ce que le décret de la Congrégation pour la Cause des Saints vienne aujourd’hui reconnaitre l’héroïcité des vertus de Jean-Baptiste Nicolas Robert Schuman.

Bercé dans la diversité culturelle

Né le 29 juin 1886 dans la cité luxembourgeoise de Clausen, fils de Jean-Pierre Schuman et d’Eugénie Duren, Robert Schuman baigne dès son plus jeune âge dans la diversité culturelle. Père français de langue maternelle luxembourgeoise, devenu allemand lors de l’annexion d’une partie de la Lorraine ; mère luxembourgeoise, allemande par alliance, Robert Schuman est allemand de naissance. Il étudie dans le Grand-Duché où il apprend la langue française. Son enfance et ses premiers pas dans la vie adulte sont marqués par la mort de ses parents: son père d’abord, en 1900, puis sa mère en 1910. Au cours de ses années d’étude, il rejoint l'association Unitas, formée par des étudiants catholiques et fondée sur trois principes «virtus, scientia, amicitia» (vertu, savoir, amitié). En juin 1912 il obtient un diplôme en droit à Strasbourg et ouvre un cabinet d’avocat à Metz.

 

La même année, il se voit confier par Mgr Benzler, futur évêque de Metz, la charge de président de la Fédération diocésaine des associations de la jeunesse catholique. Il consacre aussi une partie de son temps aux enfants abandonnés et aux délinquants. En 1913, il prend part à l'organisation du 60e Katholikentag, le congrès des catholiques allemands, célébré à Metz cette année-là.

Une vie politique orientée vers la réconciliation

Sa carrière politique débute six ans plus tard, lorsqu’en 1919, au lendemain de la Première Guerre mondiale, il est élu pour la première fois député de la Moselle. Un mandat qu’il consacre à l'intégration législative de l'Alsace et de la Lorraine après leur retour à la France, s’engageant en faveur du Concordat avec le Saint-Siège et dans la défense de la justice sociale.

Ses activités sont interrompues par le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Arrêté et emprisonné par la Gestapo du 14 septembre 1940 au 12 avril 1941, il est transféré dans une résidence surveillée à Neustadt. Il parvient à s'échapper le 1er août et reste dans la clandestinité jusqu'à la fin de la guerre, se réfugiant principalement dans des couvents et des monastères. La paix rétablie, il est élu à l'Assemblée constituante en 1945 et 1946, puis est à nouveau élu député et occupe des postes importants au sein du gouvernement français.

De juin 1946 à novembre 1947, il est ministre des Finances ; de novembre 1947 à juillet 1948, il est président du Conseil ; de juillet 1948 à janvier 1953, il est ministre des Affaires étrangères ; à partir de 1953, il est garde des Sceaux, référence morale du pays. Il s’engage intensément pour la création d'un système commun de croissance économique et sociale. Robert Schuman a largement contribué à la rédaction de la Déclaration du 9 mai 1950, considérée comme l'acte fondateur de la nouvelle Europe.

Il revient au gouvernement en 1955 en tant que ministre de la Justice jusqu'en 1956. Au cours de ces années, il devient un pèlerin de la paix et de la détente en Europe, collaborant toujours plus étroitement avec Konrad Adenauer et Alcide De Gasperi, avec lesquels il est salué comme «père, apôtre de l'Europe unie, pèlerin, architecte, précurseur de l'unité européenne», ou, comme l'a appelé Paul VI, «pionnier infatigable de l'Europe unie». Les travaux de Schuman, Adenauer et De Gasperi ont abouti au traité de Rome, signé le 25 mars 1957. Un an plus tard, le 19 mars 1958, Robert Schuman, président du Mouvement européen, est élu par acclamation premier président du nouveau Parlement européen.

En 1959, frappé par la maladie, il renonce à ses engagements. Il est nommé président d'honneur de l'Assemblée parlementaire européenne. Il meurt à Scy-Chazelles, en France, le 4 septembre 1963.

Homme de foi humble et généreux

Le Serviteur de Dieu a vécu la vertu de la foi comme une dimension totalisante. Il considérait son engagement politique comme une obéissance à la volonté de Dieu. La foi a nourri et soutenu son engagement à œuvrer pour une Europe unie et réconciliée. Sa participation quotidienne à l'Eucharistie, recueillie et silencieuse, suscitait l'émerveillement et l'admiration de tous ceux qui le rencontraient. Dès qu’il le pouvait, il se rendait au Saint-Sacrement et participait au sacrement de la réconciliation. Homme de prière personnelle et liturgique, il célébrait régulièrement la liturgie des Heures. Il était assidu et fidèle dans sa méditation quotidienne des Écritures, ainsi que dans la prière du Rosaire. Il vouait une admiration pour les grandes abbayes, son habitude de s’y réfugier pour des temps de prière et de méditation révèle un aspect singulier et caractéristique de la spiritualité de Robert Schuman.

Homme de gouvernement au service d'un État laïc, l’homme politique a pleinement respecté la laïcité de l'État, sans jamais consentir à agir contre sa conscience, formée dans l'obéissance aux commandements de Dieu et aux lois de l'Église.

Robert Schuman était mû et animé par une espérance héroïque, qui ne comptait pas sur ses propres forces et qui ressort surtout de son action politique au service de l'idée d'une Europe unie. La sérénité et la paix qui émanaient de sa personne, toutes deux fruits de son ferme attachement à la Providence sont sans aucun doute un aspect très important de l'expérience héroïque d'espérance du Serviteur de Dieu.

L'exercice de la charité envers Dieu et son prochain est resté constant tout au long de sa vie. Il exprimait le plus profond respect pour chacune des personnes qu’il rencontrait, et plus particulièrement les plus humbles. Il nourrissait de l’amour pour les pauvres : aucun de ceux qui frappaient à sa porte ne repartait les mains vides. Au lendemain du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il s'est activement engagé pour garantir l'assistance aux centaines de milliers de personnes déplacées d'Alsace-Lorraine expulsées de leurs territoires, dépossédées de tout. Il a toujours fait preuve de proximité et de grande gentillesse envers les orphelins. Il a apporté un soutien financier aussi à de nombreuses institutions charitables pour les lépreux, les réfugiés et les invalides.

Parmi les autres vénérables, dix religieuses martyrisées par l’Armée rouge

Avec la reconnaissance de leur martyre, dix religieuses de la Congrégation des Sœurs de Sainte Elisabeth, tuées en Pologne pendant l'occupation soviétique à la fin de la Seconde Guerre mondiale, seront béatifiés. Neuf sont polonaises : Paschalina Jahn, Maria Edelburgis Kubitzki, Maria Rosaria Schilling, Maria Adela Schramm, Maria Sabina Thienel, Maria Sapientia Heymann, Maria Adelheidis Töpfer, Maria Melusja Rybka, Maria Acutina Goldberg. Quant à la dernière, Maria Felicitas Ellmerer, elle est née en Allemagne. Toutes furent brutalement assassinées par des soldats de l'Armée rouge dans différents endroits, entre février et mai 1945, alors qu'elles s'occupaient de malades et de personnes âgées. L'une d'entre elles, Maria Rosaria Schilling, a été violée par une trentaine de soldats et tuée le lendemain. La rage des militaires soviétiques à l'encontre des religieuses manifestait leur haine de la foi et en particulier des catholiques. Endoctrinés par une culture athée et marxiste, ils utilisaient le viol comme une arme pour humilier ceux qui portaient l'habit religieux. Aucune des dix religieuses, malgré les risques encourus, n'avait souhaité quitter sa mission. Elles ont pour cela immédiatement été considérés comme martyres. Leurs sépultures sont encore aujourd'hui la destination de nombreux pèlerinages.

Le père Johann Philipp Jeningen, âme du sanctuaire marial de Schönenberg

Le jésuite allemand Johann Philipp Jeningen est lui aussi au nombre des futurs bienheureux. Il vécut au XVIIe siècle (1642-1704) et transforma une petite chapelle dédiée à la Mère de Dieu sur la colline de Schönenberg, dans le duché de Württemberg, en un sanctuaire marial populaire, destination de nombreux pèlerinages.

Parmi les nouveaux Vénérables, un prêtre et trois religieuses

Parmi les autres Vénérables figurent : Le prêtre italien Severino Fabriani, fondateur de la Congrégation des Filles de la Providence pour sourds-muets (1792-1857) ; la religieuse russe Angela Rosa Godecka, fondatrice de la Congrégation des Petites Sœurs du Cœur Immaculé de Marie (1861-1937), avec le charisme d'assistance aux ouvriers d'usine ; la religieuse italienne Orsola Donati, de la Congrégation des Sœurs Minimes de Notre-Dame des Douleurs (1849-1935) et la religieuse espagnole Maria Stella di Gesù, de la Congrégation des Religieuses de Marie Immaculée (1899-1982).

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19 juin 2021, 12:00