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Le cardinal Pietro Parolin à l'occasion des 40 ans de relations diplomatiques entre le Saint-Siège et le Royaume-Uni, à Rome, le 29 mars 2022. Le cardinal Pietro Parolin à l'occasion des 40 ans de relations diplomatiques entre le Saint-Siège et le Royaume-Uni, à Rome, le 29 mars 2022.  

Le cardinal Parolin s'exprime sur le voyage du Pape François à Malte

Dans un entretien accordé à Vatican News, à la veille du 36e voyage apostolique du Pape François à Malte, le cardinal Secrétaire d'État Pietro Parolin est revenu sur les objectifs de ce déplacements du Saint-Père. Une visite axée sur les personnes dans le besoin, le phénomène de migration et sur l'espoir que cesse la guerre en Ukraine, a-t-il exprimé.

Massimiliano Menichetti - Cité du Vatican

Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer. À l'occasion de la visite du Pape à Malte, le Secrétaire d'État du Saint-Siège, Pietro Parolin, a rappelé les quatre verbes que François a utilisé pour embrasser ceux qui fuient la guerre, les persécutions, la violence ou qui cherchent un avenir meilleur, invitant toute l'Europe à partager et à prendre ses responsabilités. La proclamation de l'Évangile est au cœur de la visite pour donner «des raisons de vivre et l'espoir dont nous avons tant besoin dans le monde d'aujourd'hui».

Ce voyage, reporté en 2020 en raison de l'épidémie de Covid-19, se déroule pendant la guerre en Ukraine. Le cardinal Parolin, qui sera comme d'habitude aux côtés du Pape, a réitéré la tristesse de François face au conflit en cours, et son espoir de voir les armes se taire.

Votre Éminence, dans quel esprit le Pape se prépare-t-il à partir ?

«Il s'agit certainement d'un voyage très attendu, parce qu'il a déjà été reporté une fois à cause du Covid. Et il a en même temps lieu dans ce contexte de guerre qui préoccupe énormément le Saint Père. J'imagine qu'il fera ce voyage avec la forte tristesse qu'il a déjà manifestée à de nombreuses reprises ces derniers mois et ces dernières semaines pour ce qui se passe en Ukraine. Et il réitérera, j'imagine, son appel à l'arrêt des combats, au silence des armes et à la poursuite du dialogue car les négociations sont déjà en cours même si elles ne semblent pas avoir abouti à un résultat concret. Ce voyage [se tiendra] donc dans d'un esprit de douleur et de participation à la souffrance de cette population et d'une invitation à mettre fin à la guerre.»

Malte se trouve au milieu du «désert bleu» comme le Pape a appelé la Méditerranée. Un lieu qui rappelle le drame de la migration. L'Europe fait beaucoup pour les réfugiés ukrainiens, que peut-elle faire de plus pour ceux qui traversent la Mare Nostrum en quête d'espoir ?

«Nous remercions le Seigneur car nous assistons à un véritable concours de solidarité avec les réfugiés d'Ukraine. Ce que les différents pays européens font pour eux est vraiment admirable. J'espère que cette expérience tragique pourra réellement aider à sensibiliser les autres migrants aussi, ceux qui viennent du sud. Et il me semble qu'à cet égard, il n'y a pas d'alternative à la coopération et au partage de la responsabilité des "fardeaux", appelons-les ainsi, entre tous les pays européens, surtout entre ceux d'arrivée, de première arrivée et ensuite ceux de transit et de destination.

Ainsi, tout d'abord, la priorité - le Pape l'a souvent répété - est de sauver des vies, de sauver des vies en mer et cela peut être fait en augmentant les routes disponibles pour la migration régulière. Et puis, plus en amont, œuvrer pour que personne ne soit contraint de quitter sa patrie en raison d'un conflit, de l'insécurité ou du sous-développement. Par conséquent, il convient d'investir dans les pays d'origine, notamment en termes de développement économique, de stabilité politique, de bonne gouvernance et de respect des droits de l'Homme. Dans un même temps, [nous devons] combiner ces quatre verbes que le Pape nous a indiqués : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer, et le faire vraiment ensemble. Aucun État ne peut assumer seul cette responsabilité. Nous avons besoin d'un engagement commun qui doit  être également partagé avec la société civile, y compris les groupes religieux et l'Église catholique en particulier.»

 

Après la Grèce et Chypre, le Pape arrivera sur l'île du naufrage de saint Paul. Une autre étape sur les traces du grand «Apôtre des Gentils». Nous sommes entrés dans la dixième année de ce pontificat : quel bilan peut-on dresser, en regardant notamment l'Église sortante que veut François ?

«Il me semble significatif qu'en cette dixième année de son pontificat se tienne ce voyage à Malte, car Malte est liée à la figure de saint Paul, qui est l'évangélisateur par excellence. Et s'il y a une note qui a caractérisé avec insistance le pontificat de François, c'est précisément celle de l'appel, de l'invitation de l'Église à devenir toujours plus missionnaire, à porter l'annonce de l'Évangile à tous, dans toutes les situations.

Cette action missionnaire présente donc deux caractéristiques qui, à mon avis, sont typiques du Pape François, à savoir aller vers les gens concrets et les rencontrer sur place dans les situations qu'ils vivent, qu'elles soient positives, négatives ou critiques. Bien sûr, son invitation est précisément celle d'une conversion missionnaire, et se convertir demande du temps et de la bonne volonté. Mais je crois que cet appel a eu un effet profond sur la vie de l'Église. Il y a ainsi une volonté de la plupart [de ces personnes] de s'engager dans cette direction pour annoncer l'Évangile aux gens d'aujourd'hui, et donner, surtout à travers l'annonce de l'Évangile, des raisons de vivre et d'espérer dont nous avons tant besoin dans le monde.»

Le Pape François sera le troisième pontife à se rendre à Malte, pays où l'Église est aussi confrontée aux défis classiques des sociétés occidentales. Comment les vivre en conjuguant identité et dialogue ?

«L'Église de Malte est confrontée aux problèmes auxquels l'Église de tous les pays occidentaux doit faire face. Il y a une grande tradition religieuse de proximité avec les gens et leurs besoins. Il suffit de penser aux nombreuses œuvres qui existent à Malte en termes de charité, d'attention aux plus démunis, d'attention aux malades, aux handicapés et puis toute l'éducation, le problème même de l'émigration que nous avons mentionné plus tôt et l'attention de l'Église. D'autre part, on constate un certain déclin de la pratique religieuse et un certain effritement des valeurs chrétiennes sur lesquelles la société a été fondée.

Je crois que la réponse est celle que nous avons évoquée précédemment, qui peut être - et le Pape François le propose naturellement - formulée dans le binôme disciple-missionnaire. (...) Le disciple indique l'identité, une identité chrétienne forte qui vient d'une relation personnelle avec Jésus-Christ. Le chrétien s'identifie et cette identité et au fait d''être disciple de Jésus-Christ. Et en même temps, cette ouverture doit se traduire surtout par un dialogue avec le monde d'aujourd'hui. Un dialogue à la fois accueillant et critique, même pour les aspects les moins positifs de notre réalité et de notre société.»

Quatre-vingt-cinq pour cent de la population de Malte est catholique. Le Pape va les confirmer dans la foi, quel est l'espoir ?

«Je souhaite que Malte se laisse confirmer dans la foi et que cette foi se traduise par un témoignage, par une forte conscience de la nécessité pour les chrétiens maltais de témoigner de leur foi au sens de la proclamation. Nous pourrions rappeler ce que saint Paul a dit : "Opportune et importune". A tout moment, dans toute situation, qu'on le veuille ou non, j'annonce Jésus-Christ, j'annonce son Évangile. Donc un témoignage qui va dans ce sens et un témoignage qui va dans le sens d'incarner sa propre foi dans la charité, et dans l'accueil des autres.»

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31 mars 2022, 12:19