Catholicisme et développement humain intégral: la vision du cardinal Czerny

Claire Riobé - Cité du Vatican

Le cardinal Michael Czerny était l’invité d’honneur d’une conférence sur la contribution du catholicisme au développement durable à travers le monde, organisée ce 26 avril en ligne par un collectif d‘universités canadiennes. Dans son discours, le préfet du dicastère pour le Service du Développement humain intégral est revenu sur l’apport des encycliques Laudato si et Fratelli tutti du Pape François à ce sujet.

Le catholicisme, a d'abord souligné le cardinal Czerny, se préoccupe de l'Homme et de la pleine réalisation de son potentiel, c'est pourquoi il cherchera toujours à identifier les différents obstacles qui entravent le développement humain intégral. Parmi ces derniers, le récent conflit en Ukraine, les défis posés par les flux migratoires ou encore l'inégalité d'accès aux vaccins durant la pandémie, nous rappellent combien il est aujourd'hui difficile de vivre en frères et soeurs, au sein d'une «maison commune». 

Vivre en «frères et soeurs»: une solidarité qui transcende la loi

La Déclaration des droits de l'Homme, a souligné le cardinal Czerny, s'est imposée ces derniers siècles comme l'un des points de référence des démocraties concernant le respect de la personne humaine. Elle demeure cependant insuffisante pour assurer une pleine égalité de droits entre les citoyens aujourd'hui.

La fraternité entre les hommes naît d'une solidarité fondée sur la reconnaissance d'une identité commune, a ensuite exprimé Michael Cerny. Cette identité précède et transcende les droits et les devoirs, sur lesquels se fonde la coexistence en société. Chercher à vivre en frères et soeurs implique ainsi d'abord de reconnaitre l'égalité fondamentale entre les hommes, les femmes, les jeunes et les personnes âgées, sans distinction. Cette reconnaissance est un apprentissage et une éducation à transmettre aux générations, a invité le cardinal Czerny, considérant qu'il en va de la survie de notre humanité.

Cultiver la fraternité contre la culture du déchet

Se référant à l'encyclique Fratelli tutti, le préfet du dicastère pour le Service du Développement humain intégral a par la suite fait remarquer que l'individualisme, une tendance de la société occidentale, ne nous rendait pas davantage libres, égaux, ou fraternels. Elle, qui induit une «culture du déchet», doit être combattue dans, et en dehors de l'Église. À cet égard, deux thèmes clés de la doctrine sociale de l'Église ont récemment été développés par l'Église dans Fratelli tutti : le principe de solidarité et le rôle social de la propriété.

Par ailleurs, cette recherche de la fraternité peut être approfondie avec les plus jeunes générations dans des cercles sociaux tels que la famille, l'école, la paroisse ou encore les centres culturels et récréatifs. Ce sont dans ces lieux que peuvent se transmettre les valeurs de liberté, de respect mutuel, de partage et d'inclusion, afin que les nouvelles générations soient éduquées à la solidarité universelle. 

Le préfet du dicastère pour le Service du Développement humain intégral a conclu en soulignant que chaque nation était responsable du développement des autres pays et de la promotion du développement intégral des citoyens, même au-delà de ses propres frontières. Il a également renouvelé l'appel du Pape François aux économies les plus avancées à venir en aide - plutôt que de chercher à les dominer - aux États les moins développés.