Le cardinal Sandri salue le patrimoine spirituel des mékhitaristes arméniens
Gabriella Ceraso - Cité du Vatican
Du 11 au 15 juillet, c’est entre les murs du monastère abbatial de San Lazzaro degli Armeni sur une île idyllique de la Lagune vénitienne, à une centaine de mètres du Lido, que s'est tenue l'assemblée générale de la Congrégation arménienne mékhitariste, convoquée et présidée par Mgr Maurizio Malvestiti, évêque de Lodi (nord-ouest de l’Italie), ancien sous-secrétaire de l'ancienne congrégation pour les Églises orientales. Le préfet actuel du dicastère pour les Églises orientales, le cardinal Leonardo Sandri, a également assisté aux travaux des 13 et 14 juillet et a voulu ainsi confirmer la préoccupation et l'attention du Siège apostolique pour les moines mékhitaristes, gardiens et dépositaires d'un patrimoine spirituel et culturel si précieux pour tout le peuple arménien.
Le point sur la vie de l'ordre monastique
L'assemblée générale s'inscrit dans le parcours de renouveau qui conduira à la célébration du Chapitre général électif: un espace a été consacré à la lecture et à la proposition de révision de certains points des Constitutions, grâce également à la contribution de Mgr Boghos Lévon Zekyian, qui s'est connecté aux travaux depuis Istanbul dont il est l’archéparque pour les catholiques arméniens. Au cours des rencontres, les moines des communautés de Venise et de Vienne, avec ceux d'Arménie, du Liban, de Turquie et de France, ont exprimé, selon les indications du dicastère, leur fervent désir d'impliquer des laïcs d'inspiration spirituelle et de professionnalisme adéquat dans l'organisation d'initiatives en faveur de la famille mekhitariste et pour une meilleure garde et valorisation des différents monastères et des propriétés annexes. Un aperçu de l'administration a été présenté et, à la suite de rapports sur les missions, de nouvelles propositions pour la pastorale des vocations et la formation des candidats à la vie religieuse ont été examinées.
«Laissez briller le cœur brûlant de votre mission»
Dans la matinée du jeudi 14 juillet, le cardinal Sandri -qui a pu saluer par téléphone le patriarche de Venise, Mgr Francesco Moraglia, en le remerciant notamment pour la proximité avec les mékhitaristes exprimée en tant d'occasions- a présidé la Divine Liturgie. Dans son homélie, dans laquelle il a apporté les salutations et la bénédiction du Pape, l'accent a été mis sur la vie de la congrégation, sur la mémoire de la figure de l'abbé Mékhitar de Sébaste dont les restes sont conservés à Venise dans l'église où sera célébrée le 8 septembre prochain la conclusion de la phase diocésaine du procès de béatification et de canonisation.
«À travers vous, nous nous sentons spirituellement unis à cette très grande famille qui, dans différentes parties du monde, cultive des liens d'amitié et de gratitude pour la mission mékhitariste, ayant bénéficié de la formation que vous avez offerte et que vous offrez dans de nombreuses écoles en Orient et dans les pays de la dite diaspora», a relevé le cardinal argentin. «Si nous étions sur une île dans le bassin d'un lac, nous pourrions utiliser l'image des cercles concentriques formés lorsqu'une pierre est jetée dans l'eau: les moines sont le premier cercle à se former, mais beaucoup d'autres en émanent, qui sont les anciens élèves de vos écoles, les collaborateurs, les savants qui ont puisé dans les trésors de l'arménité jalousement gardés et transmis par vous», a-t-il poursuivi.
Un lien profond entre identité et universalisme catholique
La pierre centrale, a ajouté le préfet, est l'abbé Mékhitar, fondateur et serviteur de Dieu, «fidèle serviteur en une période sombre et difficile pour le peuple arménien», qui a ressenti «le lien profond entre l'identité et la spécificité arméniennes et leur insertion dans un souffle universel, authentiquement catholique».
Ce saint aussi considéré comme le pionnier de la renaissance de la littérature arménienne en langue classique a ainsi enseigné que cultiver la particularité ne signifie pas devenir autoréférentiel et replié sur soi, et que préserver l'étendue des frontières ne signifie pas aplanir et effacer les différences qui rendent la catholicité de l'Église belle et harmonieuse. «Au cours des âges, l'intuition de Mékhitar, a souligné le cardinal Sandri, a été mise à l'épreuve par ceux qui sont proches et lointains, elle est passée par le creuset de purification de la souffrance de tout le peuple arménien: vous aussi, vous avez eu vos martyrs parmi ceux qui ont subi des persécutions injustes et des violences gratuites il y a un siècle, mais, comme nous l'a dit l'Apôtre, ces drames n'ont pas éteint ou effacé l'identité du peuple arménien, ses trésors, ses saints et sa culture; en effet, paradoxalement, alors que les dirigeants de ce monde ont disparu, la lampe de votre peuple a été remise sur le lampadaire pour qu'elle éclaire non seulement les Arméniens, mais le monde entier».
Le cardinal a finalement souhaité que, malgré les changements nécessaires, resplendisse «le noyau brûlant de la mission» issue de l'intuition de Mékhitar et reconnue par l'Église: «l'enseignement et la diffusion de la doctrine du Christ; l'activité pastorale pour le salut des âmes des fidèles; l'éducation chrétienne et l'instruction des jeunes; l'œcuménisme et le dialogue entre les Églises, en vue de l'unité de l'Église».
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