Nucléaire: le Saint-Siège demande de passer de la peur à la responsabilité
Paolo Ondarza - Cité du Vatican
«L’énergie nucléaire, la médecine et les structures de recherche ne doivent pas être visées lors d’une guerre», a d’abord rappelé lundi 8 août Mgr Gabriele Caccia depuis l’hémicycle de l’ONU. Le cas échéant, cela pourrait «transformer ces sites en sources de prolifération, créer des "bombes sales" ou contaminer radiologiquement les communautés locales et l'environnement, nuisant aux générations actuelles et futures». Le représentant du Saint-Siège à l’ONU a aussi cité le Protocole I des Conventions de Genève, qui «interdit les attaques contre les centrales nucléaires et demande instamment que la protection des biens civils reste une priorité internationale, y compris la protection des installations nucléaires».
Énergie nucléaire et développement
Aujourd'hui, il y a au total 440 réacteurs nucléaires dans le monde, soit un cinquième de l'énergie mondiale à faible émission de carbone, qui est cruciale dans la lutte contre le changement climatique. Alors que notre maison commune subit l'impact de la crise environnementale, a fait remarquer Mgr Caccia, il est essentiel de prévenir une pénurie de nourriture et d'eau, qui toucherait en particulier les plus pauvres. «La technologie nucléaire contribue également au développement durable en aidant à la lutte contre le cancer, en améliorant le rendement des cultures, en protégeant les réserves d'eau et en surveillant la pollution des océans», a-t-il ajouté.
Approche intégrale
Réaffirmant au nom du Saint-Siège son engagement vis-à-vis l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), le prélat italien a préconisé une approche intégrale, et non technocratique ou exclusive, de l'utilisation des technologies nucléaires. La Terre «commence à ressembler de plus en plus à un immense tas d'ordures. Des centaines de millions de tonnes de déchets sont produites chaque année, dont la plupart sont non biodégradables, hautement toxiques et radioactifs. Souvent, aucune mesure n'est prise avant que la santé des gens n'ait été irréversiblement affectée», a-t-il dénoncé.
Changement de logique
Pourtant, les nouvelles percées dans le domaine de l'énergie nucléaire laissent entrevoir la possibilité de fournir une énergie sans impact négatif sur le climat ou la santé. La tâche des États, a suggéré le représentant du Saint-Siège auprès de l'ONU à New York, est «d’assainir les environnements affectés par les accidents nucléaires et les mines d'uranium, d'aider les populations touchées, de convenir de solutions de stockage à long terme pour les déchets hautement radioactifs». Le Saint-Siège, a-t-il conclu, «se félicite de l'ouverture de la banque de l'AIEA pour l'uranium faiblement enrichi au Kazakhstan et appelle à un plus grand engagement en faveur de la multilatéralisation du cycle du combustible nucléaire» afin de promouvoir, conformément au désir exprimé par le Pape François, «un ordre mondial fondé sur l'unité de la famille humaine, basé sur le respect, la coopération, la solidarité et la compassion» et de contrer «la logique de la peur par l'éthique de la responsabilité».
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