Cardinal Cantalamessa: «Dieu est amour!»
Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican
Le cardinal Raniero Cantalamessa, prédicateur de la maison pontificale, a poursuivi ce vendredi sa prédication du temps de Carême. Il a insisté sur ’importance de la théologie, instrument de connaissance de Dieu et de ses mystères.
Nous avons besoin de la théologie
Le cardinal Cantalamessa a d'abord rappelé l’importance de la théologie dans la vie de l’Église, mais aussi l’urgence de cette science pour s’adapter au contexte. Pour lui, elle «ne peut rester étrangère à aucun autre moment de la vie de l'Église». Car, «Sans la théologie, la foi deviendrait aisément une répétition morte». Elle est ainsi cet instrument qui permet l’approfondissement de la foi en Dieu. Mais, pour accomplir cette tâche, «la théologie a elle-même besoin d'un renouveau profond» a fait observer le prédicateur de la maison pontificale. Pour lui, «le peuple de Dieu a besoin d'une théologie qui ne parle pas de Dieu toujours et uniquement à la troisième personne», c’est-à-dire une théologie qui parlerait de Dieu de façon spéculative, et dont la compréhension serait réservée à un «cercle étroit des initiés», dogmatique.
Le cardinale Cantalamessa propose plutôt une conception simplifiée de la théologie qui peut «contribuer à présenter le message de l'Évangile de manière significative à l’homme d'aujourd'hui et à donner un nouveau souffle à notre foi et à notre prière». Pour le prélat, la plus bonne nouvelle que l'Église a pour tâche de faire résonner dans le monde, celle que tout cœur humain attend d'entendre, c'est: «Dieu t'aime!» Cette certitude doit défaire et remplacer celle que nous portons en nous depuis toujours: «Dieu te juge!». Pour lui, l'affirmation solennelle de Jean: «Dieu est amour» doit accompagner, comme une note de fond, toute «annonce chrétienne, même lorsqu'elle doit nous rappeler, comme le fait l'Évangile, les exigences pratiques de cet amour».
Dieu et ses mystères
Poursuivant son enseignement, le prédicateur de la maison pontificale a fait mention des mystères de Dieu, à savoir: la Trinité, l'Incarnation et la Passion du Christ.
Commençant par «le mystère de la Trinité», il s’est intéressé sur ce qui pourrait expliquer ce mystère qu’est la Trinité. «Pourquoi, nous, les chrétiens croyons-nous que Dieu est un et trine?», s’est-il interrogé. Dans son explication, il laisse comprendre que la Trinité est liée à l’amour de Dieu. «Nous croyons en un Dieu un et trine parce que nous croyons que Dieu est amour», a-t-il précisé. Il avait en lui le Verbe, «le Fils unique qui aimait d'un amour infini, qui est l'Esprit Saint». L’amour de Dieu «nous aide à comprendre pourquoi, en Dieu, l'unité doit aussi être communion et pluralité». Par ailleurs, «le mystère des mystères n'est pas la Trinité, mais de comprendre ce qu'est en réalité l'amour», c’est ce en quoi consiste aussi la réflexion sur le mystère de l'incarnation. Car, a-t-il dit, il s’agit de «l’essence de Dieu».
L’autre grand mystère à croire et à annoncer au monde c’est «l'Incarnation du Verbe». «Pourquoi Dieu s'est-il fait homme?», s’est-il interrogé. C'est parce que «seul celui qui était à la fois homme et Dieu pouvait nous racheter du péché». En tant qu'homme, «il pouvait représenter toute l'humanité et, en tant que Dieu, ce qu'il faisait avait une valeur infinie, proportionnelle à la dette que l'homme avait contractée envers Dieu en péchant» a expliqué le cardinal Cantalamessa. Dieu le Père décide de l'incarnation du Verbe non pas parce qu'il veut avoir «quelqu'un d'extérieur à lui qui l’aime d'une manière digne de lui, mais parce qu'il veut avoir quelqu'un d'extérieur à lui à aimer».
Ce Verbe de Dieu, pour racheter l’homme de son péché, subira la «passion que nous nous apprêtons à célébrer à Pâques». C’est cette passion qui est la manifestation de l’amour de Dieu, car a précisé le cardinal Cantalamessa, «la vérité est que nous n’avons pas été sauvés par la souffrance du Christ, mais par son amour! Plus précisément, par l'amour qui s'exprime dans le sacrifice de soi». La souffrance du Christ par ailleurs, garde toute sa «valeur et l'Église ne cessera jamais de la méditer, non pas cependant comme cause, en soi, du salut, mais comme signe et preuve de l'amour».
Un amour digne de Dieu
Abordant successivement les mystères de Dieu, le prédicateur de la maison pontificale revient sur ce que «change dans notre vie la vérité que nous avons contemplée dans les mystères de la Trinité, de l'Incarnation et de la Passion du Christ». Et c'est là que nous attend la «surprise qui ne manque jamais lorsque nous cherchons à approfondir les trésors de la foi chrétienne». Pour lui, cette surprise, c'est de «découvrir que, grâce à notre incorporation au Christ, nous pouvons nous aussi aimer Dieu d'un amour infini, digne de lui!» Tout cela grâce à l'Esprit Saint, qui est ce même amour. Ainsi, en disant à Dieu «je t'aime!», nous lui réservons «l'amour que nous recevons de lui». Le cardinal capucin envisage la manifestation de cet amour comme «le parfum de notre liberté et de notre gratitude de fils!» pour ce grand don de l’amour du Père qui s’est manifesté dans la «Trinité, l’Incarnation et la Passion du Christ». Cette gratitude, conclut-il, trouve son achèvement de «manière exemplaire, dans l'Eucharistie».
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