Cardinal Cantalamessa: la liturgie, point d’arrivée de l’évangélisation
Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican
Après des prédications sur l'évangélisation et sur la théologie, le prédicateur de la maison pontificale a axé son quatrième enseignement du temps de Carême sur la liturgie.
La liturgie, source de l'évangélisation
«La liturgie est le point d'arrivée, c’est-à-dire ce vers quoi tend l'évangélisation», peut-on lire à l’entame des propos du cardinal Cantalamessa. Dans son intervention, il s’attèle à montrer l’importance de la liturgie dans l’acte de foi. C’est pourquoi il affirme que «si le sens du sacré venait à manquer, viendrait à manquer aussi le terreau ou le climat dans lequel s'épanouit l'acte de foi». Il a invité à voir les moyens par lesquels «l'Église peut être, pour les hommes d'aujourd'hui, le lieu privilégié d'une véritable expérience de Dieu et du transcendant». Dans ce sens, il est vrai que la première «occasion à laquelle nous pensons, également en raison de la similitude extérieure, ce sont les grands rassemblements promus par les différentes Églises chrétiennes». Mais, «l'occasion par excellence et la plus courante, pour faire l'expérience du sacré dans l'Église, c’est la liturgie».
La liturgie catholique, a-t-il rappelé, s'est transformée en peu de temps, passant d'une «action à forte empreinte sacrale et sacerdotale à une action plus communautaire et participative, où tout le peuple de Dieu joue son rôle, chacun avec son propre ministère». Par conséquent, «L'Église est la salle du banquet et l'Eucharistie, le repas du Seigneur qui y est préparé».
Église, salle du banquet soumis au changement
Poursuivant son prêche, le prédicateur de la maison pontificale a expliqué le processus de la transformation de l’action liturgique, de son caractère sacerdotal et sacrale à l’action communautaire et participative. Pendant des siècles, «la partie centrale de la Messe, le Canon, était prononcé en latin par le prêtre à voix basse, derrière un rideau ou un mur, hors de la vue et de l'écoute du peuple». L’Église est appelée à faire l’effort de changement pour pouvoir entrer dans sa dimension participative comme un «peuple», selon l’esprit du Concile Vatican II. Car, a-t-il dit, le «présent de l'Église n'est jamais une négation du passé, mais un enrichissement de celui-ci; ou, comme dans le cas présent, un dépassement du passé récent pour retrouver le passé plus ancien et originel».
C’est dans cette évolution de «l'Église comprise comme peuple», que l’on peut percevoir quelque chose de «semblable à ce qui se passe avec l'Église comprise comme bâtiment». Car, quelque soit le changement ou la transformation que l’on peut opérer, «c’est toujours la même Église, dédiée au même saint».
La liturgie, mystère du sacré
Abordant la perception de la liturgie comme mystère du sacré, le cardinal Cantalamessa s'est interrogé: «le sens du sacré est ici très fort, mais après le Christ, est-il juste et authentique?». Le prélat a invité à envisager la liturgie comme lieu de la manifestation de ce «grand le mystère de la foi» qui doit susciter notre «admiration et émerveillement», rappelant les paroles de saint François d’Assise: «que le monde entier tremble, et que le ciel exulte, quand le Christ, Fils du Dieu vivant, est sur l’autel entre les mains du prêtre!». «Il s'agit seulement de ne pas gaspiller cette opportunité qu’offre la liturgie renouvelée avec des improvisations arbitraires et bizarres», a-t-il mis en garde. Il a exhorté à prendre dans ces moments de liturgie l’invitation suivant les consécrations, à se toujours se souvenir, «faisant donc mémoire» du mystère du Christ réalisé dans le sacrement de l’eucharistie, source de notre Salut.
La liturgie, une richesse pour la croissance spirituelle
«La liturgie d'aujourd'hui est très riche en Parole de Dieu, sagement disposée, selon l'ordre de l'histoire du salut» a-t-il fait aussi souligné. Dans ce sens, il a invité à «tirer le meilleur parti de ces moyens» proposés par ce mystère pour notre ressourcement. Car, a-t-il affirmé, «rien ne peut toucher plus profondément le cœur de l'homme et lui faire sentir la réalité transcendante de Dieu qu'une Parole vivante de Dieu, proclamée avec foi, au cours de la liturgie et qui touche la vie». Par ailleurs, le plein épanouissement ne peut se réaliser que dans une expérience personnelle et communautaire. C’est de cette manière que la liturgie peut être perçue comme «l'occasion d'une expérience du sacré, non seulement au niveau individuel, mais aussi communautaire», a conclu le cardinal Cantalamessa.
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