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Lors du Forum des peuples autochtones au Vatican, en février 2023. Lors du Forum des peuples autochtones au Vatican, en février 2023.  (Vatican Media)

Le Saint-Siège appelle à respecter la dignité et les droits des peuples autochtones

Mgr Gabriele Caccia s’est adressé aux membres de la 78ème Assemblée générale, rassemblés pour évoquer le sort des peuples autochtones. «Ces peuples ont le droit de conserver, de contrôler, de protéger et de développer leur patrimoine culturel. Le manque de respect est une forme de violence» a affirmé l’observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies , particulièrement préoccupé par le tourisme non durable.

Vatican News

A la tribune onusienne, le Saint-Siège a appelé lundi 9 octobre à «réaffirmer la dignité et les droits de tous les peuples autochtones, ainsi que le respect et la protection de leurs cultures, de leurs langues, de leurs traditions et de leur spiritualité». S'exprimant lors de la réunion du troisième comité sur le point 68 de l'ordre du jour (droits des peuples autochtones), Mgr Caccia a déclaré que «l'intolérance et le manque de respect pour les cultures populaires autochtones sont une forme de violence, fondée sur une vision froide et moralisatrice, qui ne peut être acceptée». Il a ensuite appelé à la reconnaissance de l'expérience des peuples autochtones «dans divers domaines, tels que la protection de l'environnement et de la biodiversité et la défense du patrimoine culturel» ; ils «offrent en effet l'exemple d'une vie vécue en harmonie avec l'environnement qu'ils ont appris à bien connaître et qu'ils s'engagent à préserver».

Les peuples autochtones, gardiens de la biodiversité

«Compte tenu de leur relation privilégiée avec la terre et de leurs connaissances et pratiques traditionnelles, les peuples autochtones peuvent contribuer à la lutte contre le changement climatique en augmentant la résilience des écosystèmes», a ajouté le prélat. En outre, leurs terres contiennent «80 % de la biodiversité restante du monde», ce qui fait des peuples les «gardiens irremplaçables de sa conservation, de sa restauration et de son utilisation durable».

Les risques de trafic, de travail forcé et d'abus

Malheureusement, a souligné Mgr Caccia, «les zones protégées sont souvent créées sans consulter les populations autochtones ou sans obtenir leur consentement», ce qui a pour effet de les «exclure de l'administration et de la gestion de leurs territoires traditionnels et de les laisser sans compensation adéquate». Cela peut les exposer au risque de subir d'autres préjudices, estime-t-il, tels que la traite des êtres humains, le travail forcé et l’exploitation sexuelle. À cela s'ajoutent les «activités extractives illégales» qui, souligne l'observateur permanent, «portent atteinte à l'environnement, expression fondamentale de l'identité autochtone». En ce sens, les droits des peuples autochtones, «y compris le droit au consentement préalable, libre et éclairé», doivent être respectés dans tous les efforts déployés, a-t-il ajouté.

Entretenir, contrôler, protéger le patrimoine culturel

Pour Mgr Caccia, «le patrimoine culturel des peuples autochtones est constitué de connaissances, d'expériences, de pratiques, d'objets et de lieux culturellement significatifs». Par conséquent, la protection et la préservation de ces éléments sont «essentielles» pour atteindre un développement intégral de la personne et le bien de la société dans son ensemble. D'où l'appel - conformément à la déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones - lancé à ces peuples pour qu'ils «conservent, contrôlent, protègent et développent leur patrimoine culturel». En ce sens, l'«ouverture au dialogue» est essentielle pour promouvoir une culture de la rencontre «contre un "indigénisme" complètement fermé, a-historique et statique, qui rejette toute forme de fusion».  

Le risque d'un tourisme non durable

En conclusion de son discours, Mgr Caccia a exprimé la préoccupation du Saint-Siège concernant les activités touristiques non durables: celles-ci, a-t-il averti, peuvent conduire, entre autres, «à la marchandisation, à la perte et à l'utilisation abusive de la culture indigène, ainsi qu'à l'expropriation de leurs terres et de leurs ressources». La durabilité du tourisme se mesure en fait à l'aune de son impact sur les écosystèmes naturels et sociaux, a-t-il ajouté, «ce qu'il faut, c'est une sensibilité qui élargisse concrètement la protection des écosystèmes, de manière à garantir le passage harmonieux des touristes dans des environnements qui ne leur appartiennent pas». Le risque est que le patrimoine extraordinaire de nombreux peuples autochtones finisse par être «compromis par les tentatives d'imposer un style de vie homogène et standardisé, y compris par l'industrie du tourisme», qui «ignore parfois les différences culturelles et propose une nouvelle forme de colonisation sous couvert de développement».

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10 octobre 2023, 16:15