Mgr Gallagher: des négociations et des accords pour arrêter les guerres
Dans un long entretien accordé à la télévision publique italienne et diffusée au journal de 20h de la première chaine Rai Uno, Mgr Paul Richard Gallagher aborde les grandes problématiques mondiales: le «terrible» attentat de Moscou, l'instabilité générale en Europe et dans le monde, l'insistance pour «travailler pour la paix et essayer de promouvoir la paix» en Ukraine par la négociation et avec une défense qui ne soit pas guidée uniquement par les armes mais avec des accords. Il évoque aussi la peur de l'escalade nucléaire et «un nouvel ordre mondial» après la cessation des conflits. Ensuite, il porte son regard sur la Terre Sainte avec l'espoir de la solution basée sur le principe: «deux peuples, deux États» et se dit attristé par la situation «catastrophique» à Gaza. Il estime nécessaire le renouvellement de la direction palestinienne et la libération des otages israéliens. Enfin, l'archevêque britannique exprime une pensée pour la princesse Kate et fait mention de la santé du Pape François, «fort» et «très déterminé», qui essaie ces jours-ci «d'équilibrer ses efforts» pour les célébrations de la Semaine Sainte, mais qui «parvient toujours à nous surprendre».
L'attentat de Moscou
Le secrétaire du Vatican pour les relations avec les États et les organisations internationales, de retour d'un voyage au Monténégro et, auparavant, en Jordanie, débute la conversation avec le vaticaniste Ignazio Ingrao par le récent attentat de Moscou: «Une chose terrible» qui «doit nous faire réfléchir», car «nous pouvons voir qu'il y a des éléments dans nos sociétés qui ne veulent que détruire et faire souffrir les gens», souligne-t-il, craignant le risque réel que le massacre de Moscou n'envenime la situation mondiale: «Un pays qui subit un tel traumatisme peut aussi réagir très fortement, comme Israël l'a fait après le 7 octobre». Toute cette instabilité, pour Mgr Gallagher, est «le résultat de la dissolution d'un ordre que nous pensions avoir établi après les deux guerres mondiales, après la guerre froide, où les États résolvaient leurs conflits en négociant les uns avec les autres, en parlant, en dialoguant». Aujourd'hui, il ne semble plus y avoir cette «attention au droit», mais plutôt «un manque de confiance dans nos institutions», à commencer par l'ONU, l'OSCE et l'Europe elle-même, «piliers de notre monde depuis de nombreuses décennies» qui, cependant, «ne peuvent plus ou ne semblent plus capables de faire face à ces graves défis».
La guerre en Ukraine
Il tourne son regard vers l'Ukraine et le récent appel à la négociation lancé par le Pape François. «Le Pape, précise-t-il, a toujours dit que les guerres se terminent à la table des négociations. Je pense que le Pape a voulu encourager la partie ukrainienne à dialoguer pour le bien du pays. En même temps, je crois que le Saint-Siège a toujours été très clair avec la partie russe, lui demandant d'envoyer elle aussi des signaux dans cette direction, en commençant par arrêter de tirer des missiles sur le territoire ukrainien. Le conflit, les armements et tous les conflits quotidiens doivent cesser».
La défense n'est pas seulement une question d'armes
Rappelant toujours la pensée du Pape, Mgr Gallagher, répondant à une question sur la relance du projet de défense européenne, affirme que «l'Europe doit assumer la responsabilité de sa défense». Parallèlement, «la défense n'est pas seulement une question d'armes», mais plutôt «une défense intégrale» qui «se fait à travers des institutions, en promouvant des accords entre les peuples».
La peur du nucléaire et un nouvel ordre mondial après les conflits
Dans cette optique, le secrétaire pour les relations avec les États réaffirme que «nous devons tout faire pour éviter une défaite de l'Ukraine», car cela «changerait radicalement les choses». Ce sur quoi l'Église, le Saint-Siège et le Pape insistent, c'est de «travailler pour la paix et d'essayer de promouvoir la paix. On ne peut pas penser arriver à une solution par la victoire ou la défaite». L’archevêque ne manque pas de rappeler la crainte de l'escalade nucléaire: «Cela nous fait prendre conscience que nous devons construire un monde sans armes nucléaires et qu'en réalité la possession de ces armes nous rend plus vulnérables et ne garantit pas la sécurité». Si l'attaque nucléaire reste une possibilité dramatique, pour Mgr Paul Richard Gallagher, il est «inévitable» qu'à la fin des conflits, «il y aura un nouvel ordre mondial»: pas seulement un clivage Est-Ouest, mais «plus de groupes alliés dans le monde».
La solution à deux États pour Israël et la Palestine
Une large place est accordée dans l'interview à la guerre au Proche-Orient, à commencer par la situation «désastreuse», «catastrophique», «terrible» à Gaza. Comme le cardinal secrétaire d'État, Pietro Parolin, en d'autres occasions, Mgr Gallagher réitère la solution «deux peuples, deux Etats» pour l'avenir d'Israël et de la Palestine. Une solution qui demande des «efforts» et des «sacrifices», qui semblait «archivée», mais dont on parle désormais beaucoup plus au sein de la communauté internationale. Cela «nous donne un peu d'espoir», déclare le chef de la diplomatie vaticane: «Le Saint-Siège a toujours continué à insister sur cette solution, mais pour beaucoup, elle n'était plus considérée comme possible. Aujourd'hui, nous voyons les grandes difficultés en Cisjordanie et le problème de l'avenir de Gaza. Mais au moins les gens voient maintenant qu'une solution politique doit être recherchée».
En ce qui concerne la Cisjordanie, il reste l'«énorme problème» des colons israéliens, peut-être «le plus gros problème à résoudre» à l'avenir pour mettre fin au conflit. Il n'y a pas de «solutions magiques» étant donné le «grand nombre de personnes» dispersées sur le territoire et les relations «exacerbées». La voie est là encore «le dialogue avec les autorités israéliennes» et la recherche de solutions «dans l'intérêt de tous».
La résolution sur le cessez-le-feu à Gaza: un message fort
Ce sont les paroles du Pape et son insistance sur la libération des otages, l'accès à l'aide humanitaire et le cessez-le-feu qui reviennent, comme une solution qui semble pour l'instant impossible. «Nous devons travailler», poursuit Mgr Gallagher, «pour que les armes cessent de tirer, non pas dans quelques mois, mais immédiatement, ces jours-ci». Une nouvelle page s'est certainement ouverte avec la résolution sur le cessez-le-feu approuvée par le Conseil de sécurité de l'ONU et l'abstention des États-Unis: selon l'archevêque, il s'agit d'un «message très fort et d'une indication que l'administration américaine ne peut pas continuer avec les mêmes positions, en utilisant son droit de veto pour bloquer toute action de l'ONU». En effet, la résolution montre que «la position de la grande majorité des pays de l'ONU est de mettre fin à cette guerre, d'apporter la paix, de sauver ce qui peut l'être». Quant au drame des otages israéliens aux mains du Hamas, Paul Richard Gallagher confirme les différents contacts des membres des familles qui «nous ont demandé de l'aide et nous essayons de faire tout ce que nous pouvons».
Renouveler les instances dirigeantes palestiniennes
À propos du Hamas, le secrétaire pour les relations avec les États affirme que l'organisation terroriste «n'a pas d'avenir en tant qu'entité politique»: «Eux aussi, note-t-il dans l'interview, doivent renoncer à la destruction de l'État d'Israël. Eux aussi devraient avoir à cœur le bien du peuple palestinien». Pour Mgr Gallagher, il faut «renouveler les institutions palestiniennes» et «écouter beaucoup plus la volonté du peuple pour l'avenir», et son désir de pouvoir exprimer son «autodétermination» dans les urnes. Enfin, l'archevêque a réitéré tout le soutien possible aux chrétiens de Gaza, «très peu nombreux» et désormais réfugiés autour de la paroisse catholique, avec les orthodoxes et les musulmans, dans une situation «dramatique» en termes de ressources et de survie quotidienne.
Soutien à la princesse Kate
L'entretien télévisé mentionne également le voyage au Monténégro du 21 au 24 mars, une région qui «se trouve dans une situation délicate» et qui mérite «l'attention de la communauté internationale». D'une manière générale, tous ces pays au passé difficile «essaient vraiment d'aller de l'avant, de se promouvoir. La plupart d'entre eux ont fait le choix de l'Europe et méritent tous nos encouragements».
Enfin, Mgr Gallagher exprime son affection et ses prières pour la princesse de Galles, qui a annoncé ces derniers jours sa maladie et son traitement: «Quand on voit un être humain dans toute sa fragilité, cela ne peut manquer de susciter toute notre affection et notre soutien».
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