Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les Relations avec les États et les organisations internationales, au Panama, visite le centre d'accueil des migrants à Darién. Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les Relations avec les États et les organisations internationales, au Panama, visite le centre d'accueil des migrants à Darién.  ((foto X - @TerzaLoggia))

Mgr Gallagher au Panama pour renforcer les relations diplomatiques

À l’occasion du centenaire des relations diplomatiques avec le Panama, le secrétaire du Saint-Siège pour les Relations avec les États s'est rendu dans le pays qui relie l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud. Au cours de sa visite, du 1er au 4 avril, Mgr Gallagher a rencontré les autorités politiques et tenu une conférence à l'Université catholique sur la diplomatie papale. La célébration d'une messe était prévue dans la cathédrale de la capitale, avec la communauté catholique.

Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican 

À l'invitation de la ministre des Affaires étrangères du Panama, Janaina Tewaney Mencomo, Mgr Paul Richard Gallagher s'est rendu au premier jour de son voyage dans le Darién. Une forêt située à la frontière avec la Colombie, devenue un itinéraire clé pour tous les migrants qui se rendent aux États-Unis depuis l'Amérique du Sud en passant par l'Amérique centrale et le Mexique; une jungle dangereuse qui a vu mourir de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants.

Les survivants sont hébergés et assistés dans le centre d'accueil de Lajas Blancas. Le 21 mars dernier, le Pape François leur avait adressé un message émouvant: «J'aimerais être là avec vous en ce moment. Je suis moi aussi fils de migrants partis à la recherche d'un avenir meilleur. Il y a eu des moments où ils se sont retrouvés sans rien, jusqu'à la faim, les mains vides, mais le cœur plein d'espoir», avait écrit François dans son message envoyé aux évêques de Colombie, du Costa Rica et du Panama, réunis par le dicastère pour le Service du développement humain intégral, sur la crise migratoire en Amérique centrale. À Lajas Blancas, Mgr Gallagher a visité le centre, puis rencontré les agents pastoraux du Vicariat apostolique et les autorités du Senafront, le Service national des frontières.

Une coopération pour assister les migrants 

Rencontrant également le président de la République, Laurentino Cortizo Cohen, Mgr Gallagher a notamment réaffirmé la ferme volonté de «travailler ensemble pour le bien-être spirituel et matériel de la personne humaine», comme l'indique un communiqué commun; d'établir des «mécanismes bilatéraux» pour la reconnaissance de la personnalité juridique des entités ecclésiastiques; de «renforcer la coopération» pour l'assistance spirituelle et sociale aux migrants.

La conférence à l’Université catholique

Mercredi 3 avril, Mgr Paul Richard Gallagher a tenu une conférence à l'Université de Santa Maria La Antigua, entièrement consacrée aux «aspects pertinents» de la diplomatie du Saint-Siège, à la lumière des innovations -économiques, sociales, politiques, technologiques- qui caractérisent l'époque actuelle. Le secrétaire pour les Relations avec les États et les organisations internationales s’est, en particulier, attardé sur la tendance, typique de ce que le Pape a appelé à plusieurs reprises la «culture du rejet», à aborder les problèmes mondiaux urgents: «en remplaçant la centralité de la dignité humaine par des intérêts plus réducteurs de nature politique ou économique», tournant ainsi le dos aux grands drames sociaux «comme s'ils n'existaient pas».

Des solutions globales à des drames urgents

«La société et la communauté internationale doivent retirer les lunettes noires qui peuvent provoquer l'indifférence, pour faire face à la multitude de crises qui les affectent aujourd'hui, des conflits armés et des catastrophes humanitaires à la dégradation de l'environnement et au changement climatique», a-t-il déclaré. «Toutes ces crises selon lui, requièrent des solutions globales».

Rôle, influence et statut du Saint-Siège

Dans un tel scénario, le Saint-Siège joue un «rôle spécial» en s'attaquant aux «conflits culturels et religieux dans le monde» sans aucune ambition, mais, au contraire, en adoptant des principes qui privilégient «le bien-être de toute l'humanité, la protection de la dignité humaine et la promotion d'une paix durable». L'influence du Saint-Siège sur la scène internationale, a souligné Mgr Gallagher, est «multiforme» et son statut juridique le distingue en tant «qu'autorité morale souveraine et indépendante», ce qui lui permet de «participer activement aux relations internationales», en défendant «une norme éthique plus élevée».

La mission du Saint-Siège «transcende les frontières géographiques, les limites temporelles et les affiliations politiques», a-t-il affirmé. Puis d’ajouter que la «persuasion morale», comprise comme l'action de «guidance morale et de leadership éthique dans une société où le pouvoir politique autoréférentiel n'est peut-être pas suffisant», est caractéristique de cette mission. Une mission remplie grâce à des «partenariats stratégiques avec des nations, des organisations et des personnes de bonne volonté qui partagent son engagement en faveur des droits de l'homme fondamentaux et de la dignité humaine». Une mission bien différente des «alliances» et des «blocs politiques», vis-à-vis desquels le Saint-Siège «maintient fermement son indépendance», préférant au contraire «la coopération et la médiation pacifique». C'est précisément ce qui «lui permet de jouer le rôle de médiateur fiable».


Le Pape, acteur principal de la diplomatie vaticane

Une grande partie de la conférence s'est ensuite concentrée sur la figure du Pape et en particulier sur la vision de François qui a orienté la diplomatie du Vatican vers la résolution urgente des problèmes de pauvreté mondiale, du changement climatique et des migrations, ainsi que sur la défense de la paix et de la non-violence. L'autorité du Pape, bien que son «rôle politique» ait changé au fil du temps, continue d'être reconnue «formellement et diplomatiquement». Ce qui lui permet d'exercer son rôle à travers «l'interaction personnelle avec les dirigeants mondiaux», avec un «impact sur les consciences spirituelles et morales», a déclaré Mgr Gallagher. Il est important, dans cette perspective, de rappeler comment le Pape «contribue à la résolution des conflits en promouvant les négociations pacifiques et les interventions humanitaires». Le Pape François «a répété à maintes reprises la nécessité de construire des ponts, c'est pourquoi il ne cesse d'être disposé à servir de médiateur dans les conflits et à promouvoir le dialogue entre les nations, en utilisant sa neutralité positive et sa vision compatissante pour réduire les tensions et promouvoir la paix».

Les principes promus par François

Mgr Gallagher a ensuite énuméré les principes promus par le Pape et son magistère: la fraternité universelle; la défense de la dignité humaine; la protection totale de la vie «de la conception à la mort naturelle»; la défense des droits de l'homme et de la liberté; la promotion du multilatéralisme et des systèmes économiques qui privilégient l'équité et la justice; le dépassement de la «vision utilitariste de l'être humain» et du «mépris général pour la durabilité environnementale». Une «attitude égoïste», cette dernière, qui affecte surtout les enfants à naître, les personnes âgées, les nécessiteux, mais aussi les migrants et les réfugiés, souvent victimes «d'un commerce florissant qui permet d'accumuler des profits illicites grâce à la traite des êtres humains». «Le Pape François appelle constamment la communauté internationale à se pencher sérieusement sur ces tragédies humaines et à changer d'attitude en faveur de ce qu'il appelle une 'culture de la rencontre'», a fait remarquer le secrétaire pour les Relations avec les États et les organisations internationales.

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04 avril 2024, 10:43