Une petite île de l'archipel de Guna Yala au Panama, le 24 mai dernier. Une petite île de l'archipel de Guna Yala au Panama, le 24 mai dernier.  (AFP or licensors)

Le Saint-Siège appelle à effacer la dette des petits États insulaires

En proie à la montée des eaux, à l’érosion de leurs côtes ou à des épisodes climatiques extrêmes, 37 États insulaires membres des Nations unies font face à une «menace existentielle» et le représentant du Saint-Siège interpelle les pays développés à poser un «acte audacieux et de solidarité radicale» pour leur offrir une chance d’emprunter la voie d’une «prospérité résiliente», le thème de la 4ème Conférence internationale en cours sur les petits États insulaires en développement dans les Caraïb

Marie Duhamel - Cité du Vatican

Fidji, Samoa, Barbade, Seychelles, Maldives ou Cap Vert, les petits États insulaires en développement occupent moins de 0,5 % de la surface du globe, mais sont en première ligne face «à des défis complexes» qui les rendent «profondément vulnérables». La 4ème Conférence internationale qui leur est dédiée cette semaine à Antigua-et-Barbuda est l’occasion «de se souvenir des menaces croissantes» auxquelles ces états font face, a affirmé Mgr Robert Murphy, le chef de la délégation du Saint-Siège.

Il devient de plus en plus évident, analyse-t-il, que la montée des eaux, les phénomènes météorologiques extrêmes toujours plus fréquents et plus intenses, l'érosion côtière ou la perte de biodiversité constituent non seulement «de sérieux obstacles au développement» économique, social et environnemental des petits États insulaires, souvent largement dépendant de leurs ressources naturelles, mais aussi «une menace existentielle» pour ces nations «irremplaçables».

Solidaire de ces États, le Saint-Siège espère que l'adoption de l'agenda d'Antigua-et-Barbuda constitue une étape importante vers un engagement et une action renouvelés de la part de la communauté internationale.

Au milieu des défis, une possible solidarité radicale


Le rôle des pays développés peut d’ailleurs être considérable pour permettre à ces îles de prospérer au lieu de chercher à survivre. «Au milieu de ces défis se trouvent des opportunités d'actions audacieuses et de solidarité radicale», leur lance Mgr Murphy qui les exhorte «à considérer l'annulation de la dette comme un moyen de favoriser la ‘prospérité résiliente’» aujourd’hui recherchée.

En effet, la dette des pays insulaires est «un fardeau croissant», «de plus en plus insoutenable». Le chef de la délégation du Saint-Siège s’explique. D’abord, les obligations liées à la dette obligent ces pays à faire des choix intenables entre le paiement d'intérêts croissants et l'allocation de ressources pour investir dans la santé, l'éducation, les systèmes de protection sociale et les infrastructures. La dette perpétue en outre, souligne-t-il, «un cycle de dépendance» qui entrave leur capacité à s'attaquer à des problèmes urgents tels que l'éradication de la pauvreté et le changement climatique.

Si leur dette était allégée «ou mieux encore» annulée, ces pays auraient finalement «une marge de manœuvre budgétaire» pour investir dans des programmes de transformation répondant aux besoins de leurs populations. Ils pourraient «retrouver la liberté de poursuivre des voies de développement durable qui respectent la dignité de toutes les personnes».

Une question morale

Le Saint-Siège précise qu’annuler la dette n’est pas «qu’une question de politique économique ou de développement, mais un impératif moral enraciné dans les principes de justice et de solidarité» de la part des nations les plus riches. Le Pape appelle d'ailleurs ces dernières, dans sa bulle d’indiction du Jubilé, à «reconnaître la gravité de tant de leurs décisions passées».

Alors que la communauté internationale est au chevet, à l’appel de l'ONU, des nations insulaires, et qu’«une nouvelle ère» pour leur développement est envisagée, le Saint-Siège juge le moment venu de passer des paroles aux actes. Il exhorte les États développés «à relever le défi» et à adopter une nouvelle approche audacieuse de la dette, pour l’annuler et contribuer ainsi à la prospérité future des États insulaires en développement.

 

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29 mai 2024, 16:13