10e congrès eucharistique national aux États-Unis, à Indianapolis, du 17 au 20 juillet 2024. 10e congrès eucharistique national aux États-Unis, à Indianapolis, du 17 au 20 juillet 2024.  (National Eucharistic Revival) Éditorial

Pour honorer vraiment le Corps du Christ

Réflexion sur le grand congrès eucharistique des États-Unis, les paroles de saint Jean Chrysostome, la défense de chaque vie.

Andrea Tornielli, directeur éditorial des médias du Vatican

Dans son discours d'ouverture du Congrès eucharistique des Etats-Unis, à Indianapolis, dans la soirée du 17 juillet dernier, le cardinal Christophe Pierre, nonce apostolique aux États-Unis, a demandé en quoi consiste la «renaissance eucharistique». Et quelle est la façon de déterminer si «on expérimente un réveil eucharistique». Le véritable réveil eucharistique, a-t-il expliqué, bien qu'il soit «toujours accompagné de la dévotion sacramentelle», et donc de l'adoration, des processions, de la catéchèse, «doit aller au-delà des pratiques de dévotion».

Le véritable réveil eucharistique, a expliqué le cardinal, signifie voir le Christ dans les autres, non seulement dans sa propre famille, ses amis ou sa communauté, mais également dans ceux dont on se sent éloigné, car ils appartiennent à une ethnie ou un milieu social différent, ou encore parce qu'ils remettent en question notre façon de penser ou ne partagent pas nos opinions.

 

Ces paroles sont particulièrement significatives par rapport à la polarisation qui caractérise la société américaine et dont l'influence n'épargne pas l'Église de ce grand pays. Les observations du cardinal Pierre rappellent une homélie du grand Père de l'Eglise, saint Jean Chrysostome, qui disait: «Tu veux honorer le Corps du Christ? Ne le méprise pas lorsqu’il est nu. Ne l’honore pas ici dans l’église, par des tissus de soie, tandis que tu le laisses dehors souffrir du froid et du manque de vêtements… Quel avantage y a-t-il à ce que la table du Christ soit chargée de vases d'or, tandis que lui-même meurt de misère?». Il poursuivait: «Pense qu'il s'agit aussi du Christ, lorsqu'il s'en va, errant, étranger, sans abri. Toi, qui as omis de l'accueillir, tu embellis le pavé, les murs et les chapiteaux des colonnes… lorsque tu ornes l'église, n'oublie pas ton frère en détresse, car ce temple-là a plus de valeur que l'autre».

Un autre grand évêque, Mgr Antonio Bello, disait: «Malheureusement, l'opulence ostentatoire de nos villes nous permet de distinguer facilement le corps du Christ dans l'Eucharistie de nos autels. Mais elle nous empêche d'apercevoir le corps du Christ dans les tabernacles inconfortables de la misère, du besoin, de la souffrance, de la solitude. C'est pourquoi nos eucharisties sont excentriques…».

En pensant à la situation aux États-Unis, il faut espérer que la renaissance eucharistique conduise à une plus grande attention au corps du Christ dans les «tabernacles inconfortables» de la misère et de la marginalisation. Et il faut espérer que cette renaissance favorise un regain d'attention envers la vie et la dignité humaine, la vie vulnérable et sans défense, comme celle des enfants à naître, des sans-abris, des migrants. Un regain d'attention envers la vie de ceux qui sont quotidiennement menacés par la violence et la diffusion incontrôlée des armes, qui sont vendues avec une grande facilité: c'est un fléau qui frappe particulièrement ce grand pays et contre lequel les chrétiens ne feront jamais assez, c'est-à-dire les disciples de celui qui, sur le Gethsémani, a arrêté l'élan défensif de Pierre en lui ordonnant de rengainer son glaive et a ensuite guéri l'oreille du serviteur du grand-prêtre, blessé par l'apôtre.

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26 juillet 2024, 14:00