Synode: l’assemblée accueille la douleur de ceux qui souffrent de la guerre
Tiziana Campisi et Giampaolo Mattei - Cité du Vatican
Les travaux du Synode de ce lundi matin dans la Salle Paul VI, avec 351 participants, «ont été précédés d'une prière et d'un moment de participation émouvant à la douleur des peuples du Proche-Orient qui souffrent à cause de la guerre, en un jour qui, aujourd'hui, 7 octobre, est dramatiquement symbolique». C'est ce qu'a assuré Paolo Ruffini, préfet du dicastère pour la Communication et président de la Commission pour l'information, lors du briefing quotidien pour les journalistes en salle de presse du Saint-Siège.
À l'ouverture des travaux, le cardinal Mario Grech a rappelé qu'aujourd'hui est «un jour de prière et de jeûne», par la volonté du Pape, dans le sillage spirituel du Rosaire pour la paix récité hier à Sainte-Marie-Majeure. «Prière, jeûne, mais aussi charité», a repris Paolo Ruffini, rappelant que le cardinal aumônier Konrad Krajewski avait annoncé pour l’après-midi, une collecte de fonds destinés notamment à la paroisse de Gaza et au curé, le père Gabriel Romanelli, «que le Pape appelle chaque jour à témoigner de sa proximité avec ceux qui souffrent».
Le style du bon samaritain
Le préfet du dicastère pour la Communication a souligné que le cardinal Grech a salué la participation au Synode de 9 des 21 nouveaux cardinaux annoncés dimanche par le Pape, avant de se référer à la méditation de la religieuse bénédictine Ignazia Angelini et au rapport du cardinal rapporteur général Jean-Claude Hollerich sur le module II de l'Instrumentum laboris. En particulier, a-t-il dit, «Mère Ignazia nous a exhortés à vivre le cheminement de l'Église synodale en nous inspirant de la page évangélique du Bon Samaritain. Le Samaritain devient le symbole d'un chemin synodal, d'une approche qui embrasse l'humilité et la compassion». Et «cela conduit l'Église à embrasser une mission radicalement nouvelle, guidée par la miséricorde et des relations authentiques», d'où «l'accent mis sur la conversion non seulement des individus, mais aussi des relations, afin de passer à un modèle différent d'Église synodale».
Le travail dans la salle
Le cardinal Hollerich, à son tour, a «lié la réflexion sur les relations au thème de la paix et a esquissé la structure du module II, qui comprend une étude approfondie des relations comme élément fondamental de l'Église synodale», a rapporté Paolo Ruffini. Le secrétaire spécial, le père Giacomo Costa, est ensuite revenu en détail sur la méthode de travail, avant que l’assemblée entame une discussion synodale.
Sheila Pires, secrétaire de la Commission d'information du Synode, a annoncé que la quatrième congrégation est prévue pour le mardi 8 octobre. «L'assemblée doit élire les membres de la commission chargée de la rédaction du document final», a-t-elle précisé. Ensuite, les rapports des tables linguistiques seront présentés, l'ordre du jour sera voté pour discussion, et la journée se poursuivra avec des interventions libres. Enfin, Sheila Pires a rappelé que les deux premiers forums de théologie pastorale se tiendront mercredi 9 octobre après-midi sur les thèmes suivants: «Le peuple de Dieu, sujet de la mission» et «Le rôle et l'autorité de l'évêque dans une Église synodale».
Le chemin synodal en Asie et en Europe
«L'Église doit construire des ponts et être elle-même un pont: c'est pourquoi il est nécessaire de prêter attention aux différentes cultures et religions, de cultiver le dialogue et la synodalité». Ainsi s’est exprimé le cardinal indien Oswald Gracias, archevêque de Bombay, membre du conseil ordinaire du secrétariat du synode et du conseil des cardinaux. Il a poursuivi: «Je suis convaincu que la voie synodale en Asie n'est pas une voie de garage, (…) et pour avancer dans la synodalité, on ne peut pas se passer de l'interculturalité».
Le cardinal a donné l'exemple du chemin synodal en Asie où, en 2022, une assemblée a abordé les questions actuellement débattues au synode, soulignant la nécessité d'un renouveau de la pastorale. Le respect des cultures est essentiel pour le cardinal Gracias, car pour construire le Royaume de Dieu dans des pays où il existe des cultures locales différentes -et non pour faire du prosélytisme- il faut les valoriser, ne pas imposer des notions ou des concepts qui ne seraient pas compris, et c'est pourquoi il est nécessaire d'être synodal.
Sur le continent asiatique, des réunions ont eu lieu jusqu'en 2023, puis 200 évêques se sont rencontrés et ont discuté du respect des religions, des mouvements de laïcs, de la consécration baptismale de chaque individu... En ce qui concerne les relations avec les autres religions, la manière de les aborder a changé, «nous ne les appelons plus autres religions, mais religions voisines», a poursuivi le cardinal, insistant sur la nécessité de travailler ensemble. Les évêques asiatiques ont également noté l'importance du monde numérique et voient dans le Synode une continuation de leur travail.
Mgr Gintaras Grušas, président du Conseil des Conférences épiscopales d'Europe et archevêque de Vilnius (Lituanie), s'est quant à lui attardé sur la manière dont la journée de prière et de jeûne pour la paix dans le monde voulue par le Pape a été vécue dans l'assemblée synodale lundi matin. Au Synode, la proximité avec ceux qui vivent les souffrances et les difficultés causées par la guerre, comme au Proche-Orient et en Ukraine, permet d'expérimenter «que nous sommes tous une seule famille», a-t-il expliqué, «une famille qui prie pour la paix et l'unité». «Dialoguer est notre mission», a déclaré l’archevêque, qui a souligné la nécessité de renforcer les liens entre les Églises, en particulier avec celles qui traversent des périodes difficiles.
Une écoute de plus en plus attentive
De plus, l'écoute mutuelle s’est développée au sein du Synode, a observé sœur Mary Teresa Barron, présidente de l'Union Internationale des Supérieures Générales, permettant un meilleur discernement des convictions d'autrui. Et l'écoute permet aussi de se rapprocher des exclus, des marginaux, a-t-elle ajouté.
Pour sa part, l'UISG, comme initiative synodale, a mis en place, depuis septembre 2023, un bureau dédié précisément à la synodalité, avec une équipe interculturelle qui vise à privilégier l'écoute et les relations, afin d'en construire de meilleures. L'intention est surtout d'aider les périphéries, a souligné la religieuse, c'est pourquoi «on a travaillé en particulier sur la façon de poursuivre le chemin de la synodalité en Syrie, au Liban, en Russie, en Ukraine, au Vietnam, en Birmanie et en Indonésie». À la question de savoir quelle place les femmes peuvent occuper dans l'Église aujourd'hui, sœur Barron a répondu: «il y a beaucoup de possibilités et d'opportunités de leadership, mais elles doivent être explorées et évaluées». Cela dépend aussi de la pratique, car dans certains pays, il peut y avoir des femmes dirigeantes dans l'Église et dans d'autres non, a-t-elle affirmé, sans évoquer le ministère ordonné.
Mais les femmes sont au centre de l'attention de l'Église, a fait remarquer le cardinal Gracias, qui a indiqué qu'au cours des trois derniers conseils des cardinaux, le rôle des femmes dans l'Église d'un point de vue théologique et pastoral a été discuté. En ce qui concerne les ministères, les charismes et les vocations, Mgr Grušas a souligné que les rôles des laïcs et des familles peuvent être remplis différemment selon les lieux, et que les rôles des hommes et des femmes doivent être appréciés à leur juste valeur.
La comparaison avec les groupes d'étude
Enfin, le cardinal Gracias a précisé qu'il existe deux groupes de réflexion sur la figure de l'évêque, l'un sur son rôle et l'autre sur le processus de nomination. «La figure de l'évêque est fondamentale pour l'Église et sa nomination doit être faite de la meilleure façon possible», a déclaré le cardinal, informant que les deux groupes ont commencé à collaborer dans ce domaine vital et important pour l'Église. Avec les groupes d'étude, a précisé Paolo Ruffini, les membres de l'assemblée synodale peuvent en tout cas interagir et ceux qui le souhaitent peuvent apporter leur contribution. L'idée, a conclu l'archevêque de Bombay, est «d'écouter les gens, d'écouter et de comprendre comment améliorer l'Église dans son ensemble».
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