Cardinal Parolin: «L’escalade doit cesser avant que l'irréparable ne se produise»
Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican
Le Saint-Siège «prend note de ce qui s'est passé» mais ne commentera pas davantage la décision de la Cour pénale internationale (CPI) d'émettre un mandat d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou pour crimes de guerre. «Ce qui nous préoccupe et nous intéresse, c'est que la guerre prenne fin rapidement» a déclaré le cardinal Parolin aux journalistes qui l'interpellaient ce vendredi 22 novembre, en marge de la présentation d’un livre La pastorale de la solitude du professeur Matthew Fforde à l'Université Lumsa.
Le secrétaire d’État a également rappelé la condamnation «claire» de l’antisémitisme par l’Église. «Nous l'avons toujours condamné, nous continuerons à le faire», ajoutant de surcroît que le Saint-Siège «cherche précisément à créer les conditions pour qu'il y ait vraiment une condamnation sérieuse et une lutte sérieuse contre ce phénomène».
Concernant la bande de Gaza où les frappes israéliennes et les combats avec le Hamas ont fait plus de 44 000 morts selon les Palestiniens, le secrétaire d’État est revenu sur la déclaration récente du Pape. Dans un livre sur le Jubilé, François citait l'opinion de «certains experts» selon lesquels «ce qui se passe à Gaza a les caractéristiques d'un génocide», estimant que les faits commis dans l’enclave palestinienne doivent être «étudiés attentivement pour déterminer si cela correspond à la définition technique formulée par les juristes et les organismes internationaux. Ce faisant, a expliqué le cardinal Parolin, le Pape n'a fait que réitérer la position du Saint-Siège, à savoir «qu'il faut étudier ces choses, parce qu'il y a des critères techniques pour définir le concept de génocide».
La crainte d'une escalade en Ukraine
Cet échange avec les journalistes fut pour le cardinal l’occasion d’un appel fort, à la lumière des tensions croissantes dans le conflit en Ukraine, à s'arrêter «avant d'en arriver à l'irréparable».
Sans directement réagir au tir d’un nouveau missile hypersonique russe contre une usine d'armement ukrainien qui répondait au lancement de missiles à longue portée de fabrication britannique et américaine sur le territoire russe, le secrétaire d’État a exprimé la vive inquiétude du Saint-Siège face aux récents développement sur le terrain. Il s’est fait l’«interprète de la pensée et de la préoccupation du Pape», estimant qu’il fallait mettre un terme à la surenchère. «Arrêtons maintenant pendant qu'il est encore temps, parce qu'on ne sait pas où cette escalade va nous mener», s'est-il exclamé. Il craint qu’arrive un moment où «nous ne saurons plus comment contrôler» la situation. D’où cette exhortation adressée «à ceux qui ont des responsabilités pour que nous nous arrêtions, avant que nous n'atteignions l'irréparable».
Des négociations envisagées
Outre son appréhension face à une éventuelle escalade, le Saint-Siège exprime sa proximité avec le pays «martyrisé», il est revenu sur le travail engagé par le Vatican sur l'échange de prisonniers et le retour des enfants ukrainiens emmenés de force en Russie. Aucune information n'a été communiquée à ce sujet, mais le cardinal a réaffirmé que «de notre côté, nous avons la volonté de continuer. Nous l'avons toujours fait non seulement pour le bien en soi de cette initiative, mais aussi pour préparer un peu le terrain afin d'arriver à des négociations».
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