Hausse des victimes de mines dans le monde: le Saint-Siège alerte
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
En février 2024, lors de la traditionnelle audience générale du mercredi, le Pape François avait célébré les 25 ans de l’entrée en vigueur de la Convention d’Ottawa sur l'interdiction des mines antipersonnel. Il avait réitéré «sa proximité avec les nombreuses victimes de ces engins insidieux qui nous rappellent la cruauté dramatique des guerres et le prix [que] les populations civiles sont obligées de supporter».
Ces armes dévastatrices, qui piègent des territoires entiers, tuent et blessent principalement des civils, comme le rappelle le dernier rapport de l’Observatoire des mines. 84% des 5757 victimes en 2023 étaient des civils. L’Observatoire s’est également inquiété de la hausse du nombre de victimes: elles étaient 4710 en 2022. La Birmanie, la Syrie et l’Afghanistan font partie des pays qui comptent le plus de victimes.
Vers un monde sans mines antipersonnel
Tous les cinq ans, les 164 pays et territoires parties à la Convention d’Ottawa, qui bannit l’utilisation des mines antipersonnel, se réunissent pour évaluer l'avancement de son objectif vers un monde sans mines antipersonnel. Le Cambodge accueillait la 5e édition du 25 au 29 novembre.
Dans son discours de clôture, Mgr Ettore Balestrero, envoyé du Saint-Siège lors de cette conférence, a assuré que «le Saint-Siège est profondément préoccupé par la persistance des conflits armés et de la violence dans le monde, et déplore que des mines terrestres antipersonnel continuent d'être posées, y compris par des acteurs non étatiques, ce qui engendre la peur et l'insécurité et, plus tragiquement, la création de nouvelles victimes».
Ainsi, en Birmanie, la junte militaire et les groupes armés rebelles fabriquent leurs mines et les utilisent dans leurs stratégies respectives de défense du territoire acquis. Les populations civiles tentent alors de déminer mais sans succès.
Une Convention en danger?
Le représentant permanent du Saint-Siège auprès des organisations internationales basées à Genève a poursuivi en exhortant «vivement tous les États qui ne l'ont pas encore fait à adhérer à la Convention et, dans l'intervalle, à cesser immédiatement la production et l'utilisation de mines terrestres».
Plusieurs États comme les États-Unis ou la Russie n’ont jamais signé le traité, quand d’autres tels que l’Estonie songe à le quitter. De même, signataire depuis 2012, la Finlande envisage de réintroduire des stocks de mines antipersonnel dans son armement, estimant que «situation sécuritaire» a changé, dans ce pays partageant 1340 kilomètres de frontières avec la Russie.
L’assistance aux victimes
Ensuite, le représentant du Pape a demandé aux États parties de coopérer ensemble pour un monde sans mine, pour «investir dans des instruments de vie et de paix, plutôt que dans des instruments de mort et de souffrance aveugle et inutile». Pour lui, «il existe un lien étroit entre le déminage, l'assistance aux victimes, le développement et la consolidation de la paix».
Enfin, rappelant que le Saint-Siège a été l’un des premiers États à signer la Convention, Mgr Ettore Balestrero a souligné l’engagement de l’Église catholique qui alerte sur les dangers et fournit, comme au Cambodge, «une assistance intégrale et une réinsertion socio-économique aux victimes». Car même si la Convention parvient à éradiquer ces armes, «un monde sans mines terrestres n'est pas un monde sans victimes», a-t-il insisté.
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