Les ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège interpellés par François
Tiziana Campisi - Cité du Vatican
«La diplomatie doit avoir le courage d'être créative pour renforcer l'unité dans la diversité», a lancé le doyen du corps diplomatique et ambassadeur de Chypre, George Poulides, ce jeudi en Salle des Bénédictions . Ces mots adressés au Pape lors de l'audience annuelle qu’il accorde aux ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège pour leur présenter ses vœux pour la nouvelle année, ont résonné comme une promesse de la part des diplomates.
Avant le discours du Souverain pontife, la tradition veut que le plus ancien des diplomates accrédités remercie le Saint-Père, ce que n’a pas manqué de faire George Poulides, soulignant le «travail inlassable» de François «une source d'espérance pour tant de peuples, tant de femmes et d'hommes». Le diplomate a souligné que le thème de l'espérance choisi pour ce Jubilé 2025 alimente face à une actualité tragique, «la détermination à lutter pour un avenir de paix, à travers le dialogue et la solidarité». «L'espérance est dérangeante: imparable chez ceux qui ont la foi, la confiance en leur prochain, elle unit les générations, renforce les communautés», a affirmé George Poulides, qui cite la bulle du Jubilé Spes non Confundit, dans laquelle François souligne «l'urgence d'apporter des signes tangibles d'amour et de compréhension à ceux qui souffrent le plus des déséquilibres de notre système social».
Ainsi, «ce n'est qu'en devenant des “pèlerins de l'espérance” pour les malades, les pauvres, les prisonniers, les migrants, les personnes âgées et les jeunes que nous pourrons réactiver ce cercle vertueux qui, en réconfortant et en reconnaissant l'angoisse des autres, réintègre les plus fragiles dans la famille humaine», estime le doyen.
Espérance et patience: les bagages du bon diplomate
Les paroles du Pape dans son message de Noël Urbi et Orbi annonçant l'ouverture de l'Année Sainte, interpellent «directement notre rôle de diplomate», observe l'ambassadeur de Chypre, elles nous invitent à «savoir saisir toutes les occasions d'ouverture, même les plus infimes». Cela «demande de la constance, de l'engagement», a rappelé François lors de son voyage en Belgique et au Luxembourg, et de la «patience», comme pour le «chemin de la construction d'une Europe unie et pacifiée», pour lequel il faut «rétablir des relations et reconstruire la confiance entre les nations». Et il faut consacrer du temps «à l'accueil des migrants, à la construction de sociétés multiculturelles et multireligieuses», a poursuivi George Poulides, ajoutant que «l'espoir et la patience doivent être les coordonnées de tout bon diplomate, pour que les conflits soient enfin résolus».
L'annulation de la dette: une compensation éthique et morale
Le doyen du corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège cite également l'encouragement du Souverain pontife, lors de son voyage en Indonésie, à l'occasion de sa rencontre avec le Grand Imam Nasaruddin Uman dans la Mosquée Istiqlal, à «marcher à la recherche de Dieu et à contribuer à la construction de sociétés ouvertes fondées sur le respect et l'amour mutuels» tous ensemble, «chacun cultivant sa propre spiritualité et pratiquant sa propre religion». Et l'accent mis sur «la nécessité d'une redistribution juste et équitable des ressources» au Timor oriental, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et à Singapour. Le diplomate chypriote rappelle également les différents appels lancés par François à la communauté internationale «pour qu'elle soit aux côtés des pays en difficulté, afin qu'ils deviennent des sociétés plus justes, plus libres et plus ouvertes». Et, parmi les différentes solutions proposées par le Pape, l'ambassadeur de Chypre mentionne «l'annulation de la dette économique que les pays les plus pauvres ont contractée, souvent de force, envers les pays les plus riches», et ce «non pas par aumône ou par pitié, mais comme réparation éthique et morale», car il faut reconnaître «l'existence d'une dette écologique des pays industrialisés envers le Sud du monde, qui doit payer doublement pour l'exploitation dont il est victime».
Récupérer le cœur
Enfin, George Poulides, relançant l'invitation du Pape à ouvrir «les portes du cœur» adressée lors de l'ouverture de la Porte Sainte de la prison de Rebibbia le 26 décembre dernier, souligne que le changement doit partir de soi et qu'il faut apprendre à s'aimer et à aimer, et que, comme on peut le lire dans l'encyclique Dilexit nos, il est nécessaire que le monde, au milieu des guerres et des déséquilibres, «récupère “ce qui est le plus important: le cœur”».
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