En Hongrie, Mgr Gallagher invite à promouvoir la dignité humaine
Isabella H. de Carvalho - Cité du Vatican
«Le Saint-Siège reste profondément engagé dans la promotion de la paix, de la justice et de la concorde entre les nations». C'est ce qu'a affirmé Mgr Paul Richard Gallagher, Secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États et les organisations internationales, en citant les «hostilités armées» observées dans le monde d'aujourd'hui, comme «la guerre entre la Russie et l'Ukraine, le conflit entre Israël et le Hamas, les luttes et les troubles au Proche-Orient» ou encore «la violence persistante dans les territoires d'Afrique».
L'archevêque, qui se trouve depuis hier en Hongrie et qui y sera jusqu’au 30 mars, s'est exprimé ce vendredi 28 mars, lors de la conférence annuelle des ambassadeurs du pays, soulignant le rôle important que les religions peuvent jouer dans les défis géopolitiques contemporains. Dans son discours, Mgr Gallagher a fait remarquer que c'est précisément l'engagement à placer «la dignité humaine au centre de toutes les négociations et solutions diplomatiques», qui fait des religions et de leurs représentants des acteurs importants dans les processus de construction de la paix et des dialogues.
Le concept religieux de la paix: la dignité humaine
Pour lui, le concept catholique de paix, qui sous-tend les efforts diplomatiques du Saint-Siège, n'est pas seulement «une nécessité politique» ou «l'absence de guerre», mais «un devoir moral et un reflet de la volonté de Dieu». C'est «la présence de la justice, de la charité et de l'ordre juste», a-t-il expliqué, qui appelle à la «conversion des cœurs» et à la «reconnaissance de la dignité de chaque être humain» et de son développement intégral. Il s'agit donc d'une paix fondée sur «la réconciliation avec Dieu et entre chaque personne» et «par extension, entre les individus, les communautés, les sociétés et, en fin de compte, entre les nations et les États». «La paix est un don de Dieu, fondé sur la vérité et l'amour, et s'obtient par la coopération humaine avec la grâce divine», a ajouté le Secrétaire pour les relations avec les États et les organisations internationales.
L'importance du dialogue interreligieux
Il a ensuite précisé que ces valeurs de «vérité, justice, charité et liberté», qui sont à la base de la mission du Saint-Siège, ne sont pas «exclusives au christianisme, mais résonnent dans toutes les cultures et traditions religieuses» et sont «fondamentalement universelles». Le dialogue interreligieux n'est donc pas «facultatif», mais plutôt «un outil essentiel pour résoudre les conflits qui ont de profondes dimensions historiques et morales». La paix doit «faire appel à quelque chose de plus profond: les convictions morales et éthiques communes présentes dans chaque tradition religieuse et, surtout, la nature même de la personne humaine», a-t-il lancé.
Mgr Gallagher a cité en exemple le dialogue constant que le Saint-Siège entretient avec les institutions du monde islamique. Ou encore l'engagement personnel du Pape François à promouvoir les chemins de la paix, signant par exemple le Document sur la fraternité humaine avec le grand imam d'Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyeb, en 2019. «François a remis l'accent sur la construction de la paix en tant qu'engagement pratique et quotidien», a-t-il souligné, ajoutant que «la paix durable et juste requiert un engagement plus profond qui intègre non seulement la diplomatie, mais aussi les impératifs moraux et éthiques que la religion défend depuis longtemps.» «Les traités de paix politiques peuvent mettre fin aux guerres, mais sans fondement moral, ils ne parviennent souvent pas à guérir les divisions», a-t-il réaffirmé.
La diplomatie religieuse est essentielle aujourd'hui
«De nombreux conflits, indépendamment de leurs causes immédiates, ont une dimension religieuse», a observé l'archevêque, citant par exemple le conflit entre Israël et la Palestine, ou des lieux comme la Syrie, l'Irak ou l'Ukraine, où, bien que les facteurs politiques soient centraux, les divisions religieuses influencent également les différentes parties. Tout au long de l'histoire, et parfois encore aujourd'hui, la religion a été «instrumentalisée à des fins violentes» ou pour «justifier des conflits», a-t-il indiqué.
Cependant, aujourd'hui, il est important que le monde diplomatique reconnaisse que les représentants religieux peuvent au contraire être «un puissant outil de réconciliation et d'unité», parce qu'ils peuvent transcender les questions diplomatiques et offrir un type de dialogue que «le pragmatisme politique seul ne peut pas atteindre». «Le pouvoir de la diplomatie religieuse ne réside pas dans le levier politique ou militaire qu'elle peut posséder, mais dans sa capacité à s'adresser au cœur et à l'esprit des individus», a expliqué Mgr Gallagher, rappelant le rôle de médiateur joué par le Saint-Siège dans le rapprochement entre les États-Unis et Cuba, qui a débouché sur l'accord historique de 2014. La diplomatie religieuse permet de «combler» les lacunes qui peuvent exister dans les négociations en «offrant un dialogue enraciné dans des valeurs humaines partagées». «La paix doit se construire sur la fraternité, pas seulement sur des accords politiques, militaires ou même économiques», a-t-il dit, précisant que les idéologies ou les stratégies diplomatiques peuvent changer au fil du temps, mais que les principes moraux tels que la vérité, la justice et la réconciliation perdurent.
Les valeurs de la Hongrie
Enfin, Mgr Gallagher a évoqué l'histoire de la Hongrie qui, inspirée par la vision du roi Saint-Étienne Ier, a inscrit dans sa constitution «les principes d'unité, de justice et de coexistence pacifique». Le pays «cherche à démontrer que la construction de la paix n'est pas un idéal abstrait, mais une réalité vécue», enracinée dans «la protection de la dignité humaine et le respect de la vie humaine, ainsi que dans la promotion d'une société dans laquelle différentes traditions culturelles et religieuses peuvent coexister, et les plus vulnérables sont pris en charge», a conclu le Secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États et les organisations internationales.
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