«L’IA va fondamentalement changer la façon de vivre des enfants»
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
«Comment trouver le bon équilibre entre permettre aux enfants d'accéder à ces nouvelles technologies qui ont un potentiel énorme pour leur développement tout en diminuant les risques pour eux?»
Dans la cossue Casina Pio V, au cœur des jardins du Vatican, l’Académie des Sciences pontificales se projette dans le futur. Une soixantaine de personnes, originaire du monde entier se sont interrogées pendant trois jours (du 20 au 22 mars) sur cette question, résumée par Cécile Aptel. Elle est directrice adjointe du centre de recherche et de prospectives de l'UNICEF (Innocenti).
Les opportunités de l’intelligence artificielle, comme en matière d’éducation, sont aussi importantes que les risques pour l’intégrité physique et psychologique des enfants, explique-t-elle. «Par exemple, on a des fausses images artificiellement réalisées où un enfant peut se retrouver exposé nu sur les médias sociaux».
Un bouleversement pour les générations futures
Aujourd’hui, une partie des enfants ont déjà accès à l’intelligence artificielle, et cette technologie est en train «fondamentalement changer» leur façon de vivre. En effet souligne Cécile Aptel, «la différence entre le monde réel et le monde virtuel s'érode peu à peu, et ils ne font pas vraiment la différence entre le fait d'être ensemble ou le fait d'être connectés par moyen virtuel».
Or, l’intelligence artificielle est encore récente et évolue en permanence. Il est ainsi difficile de comprendre les conséquences de cette technologie désormais aux mains de tout un chacun sur les enfants. Mais, met en garde Cécile Aptel, «il ne faut pas non plus penser que l'intelligence artificielle est complètement hors de tout contrôle».
Une possible régulation
Également professeur de droit international, elle assure qu’il «ne faut pas accepter qu’il y ait des zones de non-droit». «Il ne faut surtout pas baisser les bras sur l'obligation qu'ont les États à s'assurer qu'il n'y a pas d'utilisation qui est illégale de l’IA et en particulier une utilisation qui est à but criminel», ajoute-t-elle, assurant que les personnes qui les créent sont assujetties à des États en tant que personnes physiques.
En réalité, les acteurs peuvent être multiples, nécessitant une éventuelle régulation à l’échelle internationale, à l’image du transport maritime. «Ça peut être un produit créé dans un pays, utilisé par un utilisateur dans un autre pays par l'intermédiaire d'une compagnie qui est elle-même dans un troisième pays».
La rencontre au Vatican visait à créer un espace de dialogue entre différents professeurs d’université mais aussi des associations et des organisations internationales, pour garantir aux enfants une sécurité dans l’espace numérique. «Il reste beaucoup à faire», notait en conférence de presse le président de l’Académie des Sciences, le professeur Joachim von Braun.
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