Le cardinal Parolin invite la Comece à promouvoir la paix, le dialogue et l'unité

Augustine Asta – Cité du Vatican

Dès l’entame de son propos, le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège, a voulu féliciter la Commission des épiscopats de l'Union européenne (Comece), pour le travail abattu dans un contexte où le monde fait face à des crises humanitaires des conflits et des guerres. «Je voudrais tout d'abord renouveler ma gratitude pour tout le travail accompli par la Comece et pour la collaboration constante et fructueuse qu'elle entretient avec le Secrétariat d'État sur de nombreuses questions, allant des accords internationaux de désarmement aux migrations, en passant par la durabilité écologique et les politiques sociales et économiques», a-t-il déclaré. L'occasion de rappeler que «l'une des responsabilités des évêques est précisément de protéger la liberté de l'Église». Et cette responsabilité «n'est pas contradictoire, et même, à notre époque, équivaut à protéger la liberté religieuse en général, en contribuant à la construction de l'Europe», a-t-il fait savoir.

Paix et solidarité pour l’Ukraine

Reprenant des extraits de la lettre du Saint-Père envoyé à l'occasion du 40e anniversaire de la Comece dans laquelle il appelait «l'Europe à redécouvrir ses racines et à se redécouvrir elle-même», le cardinal Pietro Parolin, a indiqué que «les mots» du Pape aujourd’hui encore «résonnent plus que jamais, à l'heure où il semble que l'effort consenti par l'humanité, après les terribles conflits du siècle dernier, pour créer un ordre mondial fondé sur la collaboration entre les États et le multilatéralisme, soit sérieusement remis en cause. Et que la tentation de ne penser qu'à soi semble l'emporter, faisant prévaloir des logiques hégémoniques».

D’autant plus que «depuis trois ans, l'Europe est déchirée par un conflit sanglant, provoqué par l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui fait des milliers de morts et de blessés et qui a poussé autant de personnes à fuir, cherchant refuge dans les pays de l'Union européenne», a affirmé le cardinal Pietro Parolin, souligant ensuite que «le Saint-Siège, mais aussi la Comece, sont intervenus à plusieurs reprises de manière claire sur ce conflit, appelant à une fin négociée de la guerre, à une paix juste et durable, au respect du droit international et à un effort commun pour reconstruire ce pays tourmenté».

C’est pourquoi suite à une demande explicite de Sa Béatitude Svjatoslav Shevchuk lors d'une assemblée plénière de la Comece, a indiqué le Secrétaire d’État du Saint-Siège «l'Église catholique d'Ukraine est désormais représentée en tant qu'observateur dans les assemblées plénières».

Maintenir un dialogue ouvert

Rappelant les changements politiques dans de nombreux États membres de l'Union européenne, mis en lumière par les élections de juin 2024, le cardinal Parolin a invité les évêques à maintenir un dialogue ouvert et sincère avec toutes les forces politiques, en collaborant «en faveur du bien commun, tout en respectant l'autonomie légitime de la sphère politique». Il a souligné que «notre engagement pour la défense de la vie», de la «famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme», de la liberté d'éducation, du «respect de la dignité de chaque personne, en particulier des plus fragiles: les jeunes, les personnes âgées, les chômeurs, les immigrés et les demandeurs d'asile», ne peut être perdu. «Parmi les hommes politiques d'inspiration chrétienne, a-t-il constaté, la conscience des valeurs qui ont contribué à la naissance des Communautés européennes est moins forte». C'est pourquoi il a invité les Conférences épiscopales à «des initiatives de sensibilisation et de formation des chrétiens engagés en politique». Par ailleurs il a demandé «aux hommes politiques catholiques un plus grand engagement de cohérence pour dépasser les logiques de parti».

Le respect des droits de l'homme

Sur la question de l’immigration, le Secrétaire d’État a tout d’abord rappelé l'enseignement du Pape François sur «notre devoir d'accueillir, d'accompagner et d'intégrer» les personnes «qui cherchent un avenir meilleur pour elles-mêmes et leurs familles». Le cardinal espère que la politique commune de l'Union européenne «sera solidaire, respectueuse des droits de l'homme et la plus généreuse possible», tout en «ne négligeant pas les questions de sécurité et en développant des voies d'intégration adéquates». La tâche de la Comece est de dialoguer avec les institutions pour que «nous ne manquions jamais de regarder les migrants comme des personnes avec leurs propres histoires, leurs propres drames et leurs propres attentes, et pas seulement comme des chiffres». 

Le Jubilé et la rencontre de Dieu

En cette Année Sainte, le cardinal Parolin souhaite que «le monde et l'Europe s'ouvrent à nouveau à l'espérance». Une espérance «non pas mondaine, mais transcendante, qui peut vraiment satisfaire le désir le plus profond de l'homme, qui est de voir Dieu», comme l'a dit le Pape François en parlant de saint Benoît, dans son discours tenu à la conférence (Re)Thiking Europe en octobre 2017. «C'est le Christ vivant dans son Église qui est la véritable source de l'espérance et de toute l'Europe», a-t-il ajouté, «et l'Église a le devoir d'offrir à nouveau cette joyeuse annonce également à ce vieux continent qui est le nôtre et qui, à bien des égards, semble perdu», a-t-il conclu.