Carême: par son Ascension, Jésus nous invite à devenir ses témoins
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
Les quatre méditations proposées en ces vendredis de Carême avaient pour objectif de «nous aider à rester ancrés et fermes sur l'ancre de notre vie: le Christ», a commenté le père Roberto Pasolini, qui a voulu conclure ce cycle, du baptême de Jésus, sa vie publique et enfin sa résurrection, par une réflexion consacrée à son Ascension.
Ce vendredi 11 avril, le prédicateur de la maison pontificale a débuté en évoquant l’échange entre le Christ ressuscité et Marie-Madeleine, tout près du tombeau du Christ. Marie-Madeleine s’inquiète de l’absence du corps du Christ, pour l’embaumer, et chérir ce cadavre, comme elle chérit sa vie avant la Passion de Jésus. Mais pour le père Pasolini, «cette tendance à embaumer l'absent peut aussi devenir une pathologie dont notre cœur devient gravement malade, empêchant cette réouverture, si douloureuse mais si nécessaire, à laquelle nous sommes appelés après chaque séparation».
Chercher le Christ dans l’humanité
En effet, Marie-Madeleine ne reconnait pas tout de suite le Christ, car elle est enfermée dans son deuil. Mais après plusieurs «retournements» de Marie-Madeleine, évoqués dans une récente catéchèse du Pape François, elle reconnait le Christ, «qui l’appelle par son nom et regarde son visage».
Elle veut alors retenir le Christ, qui l’empêche de le faire: «Ne me retiens pas», lui intime-t-il (Jn 20,17-18). «C'est la dernière et grande tentation que nous pouvons éprouver face à la Pâque du Christ: celle d'empêcher la puissance de son Esprit de nous transformer en créatures nouvelles», souligne le père Pasolini.
Plutôt que de rester avec le Christ ressuscité, Marie court vers «ses frères et sœurs», comme nous devons le faire pour «éviter le risque de transformer Pâques en une forme d'idolâtrie religieuse», poursuit le capucin. En assumant de devenir un homme, Jésus nous appelle «à le chercher partout comme une réalité vivante, en particulier dans le mystère de notre humanité».
Mêler Ciel et terre
Devant des dizaines de membres de la Curie réunis salle Paul-VI au Vatican, ainsi que le dicastère pour le Service du développement humain intégral effectuant ce jour son pèlerinage jubilaire, le prédicateur a continué avec le mystère de l’Ascension. Regarder vers le ciel est le signe d’une nature spirituelle, d’une élévation de l’âme dans l’iconographie traditionnelle, explique le religieux. Pourtant, à l’image des disciples qui regardent vers le Ciel et se font questionner par un ange («Pourquoi vous tenez-vous là à regarder vers le ciel?», Actes des Apôtres 1,9-11), le père Pasolini encourage à «ne plus chercher Dieu dans les hauteurs, mais à reconnaître la gloire de son amour dans les petites choses quotidiennes».
Ainsi, «l'Ascension sert à renverser définitivement l'ordre des choses: la terre et le ciel échangent leurs rôles, l'Esprit habite les réalités visibles, tandis que la chair humaine fait son entrée définitive dans les réalités invisibles, “pour que Dieu soit tout en tous“». Car après l’Ascension, Jésus promet de revenir, un retour qui se fera «par le témoignage vivant des enfants de Dieu», assure le religieux capucin.
«Proclamez la bonne nouvelle à toute créature»
La mission que Jésus confie à ses disciple est de porter l’Évangile à toutes les créatures, pas seulement aux êtres humains, comme saint François prêchait aux oiseaux ou saint Antoine aux poissons. Une perspective «reposante», pour le père Pasolini, et qui permet d’abord «de reconnaître et honorer la vie de l'autre, avant d'espérer ou de provoquer sa transformation». «Si nous regardons les autres en tant qu'êtres humains, en oubliant leur statut originel de créatures, nous pouvons facilement glisser vers le jugement et la prétention à leur égard», ajoute-t-il.
C’est ainsi «une nouvelle opportunité» pour l’Église, celle de «regarder l'histoire de chaque personne avec humilité et respect».
Enfin, le prédicateur de la maison pontificale revient sur l’annonce «aux extrémités de la terre». Cette expression n’est pas à prendre au sens strict, spatio-temporel, mais il s’agit au contraire d’un encouragement à «aller soigneusement et respectueusement au cœur de chaque condition, en embrassant sa complexité».
En conclusion, alors que les recherches scientifiques se poursuivent pour une vie terrestre de plus en plus longue, «le Seigneur Jésus nous montre combien il est précieux de savoir prendre congé et distance, pour demeurer dans une communion plus profonde et plus authentique».
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