Élections au Nigéria: les évêques appellent tous les citoyens à la responsabilité
Christian Kombe, SJ
La Conférence des évêques catholiques du Nigeria (CBCN) a tenu sa première assemblée plénière de l’année à Abuja, du 11 au 17 février 2023. Les évêques se sont penchés sur plusieurs questions qui affectent l’Église et l’État nigérian, parmi lesquels la bonne gouvernance, les défi sécuritaire et économique ainsi que les prochaines élections générales, qui auront lieu le 25 février. Dans le communiqué final, signé par Mgr Lucius Iwejuru Ugorji et Mgr Donatus Osa, respectivement président et secrétaire de la Conférence épiscopale, les prélats exhortent chacun à jouer son rôle de manière responsable pour relever ces nombreux défis.
Viser la bonne gouvernance
Les évêques nigérians ont tenu à rappeler en premier lieu la question de la bonne gouvernance. «La société, dans son ensemble, est responsable de la construction du bien commun, et le rôle du gouvernement est de garantir les conditions minimales qui rendent possibles les droits de l'homme et la justice», soulignent-ils dans leur communiqué final. Tout en notant que l’horizon de la bonne gouvernance semble lointain, l’épiscopat invite à travailler pour la rendre concrète, «Malgré les nombreux échecs de nos dirigeants en matière de bonne gouvernance, nous nourrissons toujours l'espoir d'une démocratie qui ouvrira une nouvelle ère de justice sociale, d'équité, de paix et de prospérité».
Les évêques soulignent notamment le rôle crucial des médias «dans l'enracinement de la bonne gouvernance démocratique en fournissant les informations nécessaires qui permettent aux citoyens non seulement d'engager la classe politique dans des débats sur les questions qui affectent leur vie, mais aussi d'exercer leurs choix démocratiques et de prendre des décisions éclairées sur les questions publiques». Ainsi, tout en exhortant les citoyens au discernement et à la circonspection à l’égard des médias sociaux, les prélats réitèrent l’invitation du Pape François à tous les acteurs des médias: être responsables en disant la vérité avec conscience et se garder du journalisme à sensation, des fausses nouvelles et de tout ce qui divise. L’épiscopat appelle également le gouvernement nigérian à «garantir des médias libres et indépendants qui contribueront à la bonne gouvernance et à la responsabilisation des citoyens».
Les défis sécuritaires et économiques
La conférence épiscopale s’est également arrêtée sur deux grands défis auxquels la nation la plus peuplée d’Afrique est confrontée: l’aggravation de l’insécurité et l’effondrement de l’économie nationale.
En effet, l’insécurité croissante constitue un grand souci pour ce pays d’Afrique de l’ouest. L’activisme des insurgés du Boko Haram, des milices de bergers, des bandits et autres malfrats continuent à semer la terreur, à provoquer la misère ainsi que le déplacement des populations. «Des centaines de vies ont été perdues dans des circonstances très brutales et beaucoup d'autres ont été mutilées», déplorent les évêques. Cette violence n’épargne pas l’Église dont beaucoup de membres ont été victimes d’enlèvement et de meurtres.
Par ailleurs, la dégradation de la situation économique est venue aggraver une situation déjà difficile pour le peuple. L’épiscopat nigérian mentionne notamment le taux de chômage élevé, la dépréciation du Naira, la monnaie locale, le coût élevé des biens et des services, une pénurie persistante du carburant. A cela s’ajoute, constatent les évêques, «la mise en œuvre défectueuse de la politique d'échange d'espèces, qui a entraîné une pénurie d'argent» et provoqué une grande grogne sociale et des émeutes dans le pays.
Les élections générales
Face à tous ces défis redoutables, la Conférence épiscopale du Nigeria invite tous les citoyens à exercer leur droit et leur devoir de participer à la vie politique du pays, en particulier par le choix de ses dirigeants. «Nous ne devons pas céder au désespoir, ni compromettre nos valeurs au point de nous retrouver avec des dirigeants qui ne sont ni voulus par Dieu ni véritablement élus par le peuple», exhortent les prélats à quelques jours des élections générales.
«Nos votes sont précieux; nous devons les utiliser à bon escient. Nous encourageons tous les citoyens éligibles à se déplacer en masse pour voter pour des dirigeants craignant Dieu, honnêtes, dynamiques et transparents pour un meilleur Nigeria».
Par ailleurs, les évêques demandent à la Commission électorale nationale indépendante (INEC) de garantir la transparence et la crédibilité de l’ensemble du processus électoral, et aux agents chargés de l'application de la loi «de s'acquitter de leurs responsabilités de manière efficace et professionnelle, sans crainte, faveur ou partialité». Ils condamnent également avec véhémence la pratique de l'achat et la vente de votes, un phénomène «laid et malheureux» qui a caractérisé les échéances électorales précédentes, qui frustre et compromet le libre choix du peuple.
L’épiscopat réaffirme notamment le rôle important des observateurs nationaux et internationaux ainsi que du pouvoir judiciaire pour sauvegarder l’intégrité du processus et le respect du choix des électeurs.
Invitation à la prière
Le communiqué des évêques nigérians se conclut par une invitation à la prière. Évoquant le dernier voyage apostolique du Pape François en terre africaine, les prélats invitent à prier pour qu’il ait un impact durable non seulement dans les deux pays visités par le Saint-Père, mais aussi sur l'ensemble du continent africain. Ils s’unissent également à la prière de l’Église universelle pour la fin de la guerre en Ukraine et dans d’autres régions du monde, et pour les victimes des récents tremblements de terre en Turquie et en Syrie. Les évêques du Nigeria appellent enfin à prier pour les élections générales dans le pays qui tombent pendant le temps fort du Carême. «Nous prions Dieu de nous bénir avec des dirigeants intègres et nobles alors que nous espérons et travaillons pour un Nigeria plus brillant, plus pacifique et plus prospère».
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