Au Moyen-Orient, une journée œcuménique contre l’oubli des personnes enlevées
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
Il y a 11 ans deux archevêques d’Alep, le métropolite grec-orthodoxe Boulos Yazigi et le métropolite syriaque-orthodoxe Gregorios Yohanna Ibrahim étaient kidnappés sur la route entre Alep et la frontière turque. Ils devaient négocier la libération de deux prêtres, aux mains de djihadistes. Depuis, aucune preuve de leur mort ou de leur détention n’a été donnée. Chaque année, leur disparition est commémorée et les Églises locales espèrent toujours les revoir en vie.
Le Conseil des Églises du Moyen-Orient (CEMO) avait annoncé en 2023, la tenue d’une Journée œcuménique des personnes enlevées et ou disparues sous la contrainte. «L'absence de ces deux vénérables pasteurs représente l'absence de tous ceux qui ont perdu leur famille et leurs proches par les mêmes moyens criminels qui ont plongé des familles entières dans une fournaise de misère et de chagrin» explique le CEMO dans un communiqué paru ce lundi 22 avril.
Une journée dédiée aux disparus
Le CEMO rassemble diverses Églises du Moyen-Orient, appartenant à presque toutes les traditions chrétiennes, notamment orthodoxes orientales, orthodoxes, catholiques, anglicanes et protestantes. Dans son communiqué, le Conseil s’inquiète de l’indifférence du monde quant aux personnes enlevées ou disparues.
[ Que pouvons-nous dire à un monde qui reste silencieux et indifférent face à cette tragédie? Devons-nous élever la voix, tout en sachant qu'il est sourd? Faisons-nous appel à sa conscience, sachant qu'il a perdu tout sens de la pitié? Nous tournons-nous vers ses institutions, sachant qu'elles sont inefficaces? ]
Contre le risque d’oublier les personnes enlevées ou disparues, le CEMO a décidé de leur dédier un jour de l’année. La date choisie correspond à la date d’enlèvement des deux archevêques d’Alep, le 22 avril. «Nous continuerons à défier le silence et l'ignorance des responsables du monde entier, et nous continuerons à faire appel à leur conscience, non seulement dans l'intérêt des deux vénérables dirigeants de l'Église, mais aussi dans celui de tous ceux qui sont absents de force dans le monde entier», poursuit le communiqué.
«Rester une voix forte dans le désert de l’indifférence»
Le CEMO appelle à l’aide «tous ceux qui se soucient des droits de l'homme, de la justice, de la liberté et de la paix» et implore l’aide de Dieu en lui demandant d’inspirer «un peu de réconfort à ceux qui restent éveillés la nuit en attendant un être cher qui n'est plus là».
Dans un message commun diffusé au cœur du Carême orthodoxe, le Patriarcat grec orthodoxe d'Antioche et de tout l'Orient et le Patriarcat syriaque orthodoxe d'Antioche et de tout l'Orient demandent de connaitre la vérité sur cet enlèvement des deux métropolites d'Alep en 2013: «Nous implorons le Seigneur du salut et le Dieu de tout réconfort, il est temps que cette affaire soit close, au moins en dévoilant la vérité, aussi douce ou amère soit-elle».
Une journée mondiale existe déjà le 30 août, particulièrement célébrée par la Croix-Rouge, qui se mobilise depuis 1959 pour rétablir et maintenir les liens entre les membres d’une même famille et faire la lumière sur le sort des personnes portées disparues victimes d’une séparation involontaire.
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