«Les six saints patrons de l’Europe nous apprennent l’unité»
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
Ils sont trois hommes et trois femmes, d’horizons, de siècles et de charismes différents. Les six saints co-patrons de l’Europe témoignent chacun à leur manière de l’expérience européenne et sont un modèle d’inspiration aujourd’hui, alors que l'est de l'Europe est témoin d'une guerre depuis trois ans.
Le premier de ces saints fut Benoît, père du monachisme occidental, proclamé patron de toute l’Europe en 1964 par le Pape Paul VI. L’expansion du monachisme à travers l’Europe a contribué à créer une forme d’unité européenne. Cette unité s’exprime aussi par les saints Cyrille et Méthode, connus comme les apôtres des Slaves, et «choisis par Jean-Paul II pour que l'Europe se souvienne qu'elle a un poumon occidental et un poumon oriental comme l'Église», souligne le père Jean-Baptiste Arnaud, co-directeur du département de recherches politiques et religions au Collège des Bernardins.
Les trois autres sont des femmes: sainte Catherine de Sienne, choisie pour l’unité de l’Église, sainte Brigitte de Suède, modèle de vie d’apostolat et de prière, et enfin sainte Édith Stein, carmélite du XXe siècle, au moment où l’Europe se déchire dans la guerre et les idéologies totalitaires.
La recherche de l’unité
Les six figures expriment l’unité de l’Europe, mais une unité qui est d’abord intérieure, explique le père Jean-Baptiste Arnaud. «Ces saints patrons se laissent unifier intérieurement par le Christ», ce qui leur permet de vivre cette unité au sein de leur monastère ou de leur carmel, mais également au sein d’un pays et avec d’autres nations.
L’unité européenne trouve sa source dans les diverses unités formées dans les communautés plus petites. Le père Arnaud trace un parallèle avec le monastère, dans lequel se vit une fraternité entre des personnes qui ne se sont pas choisies. L’unité européenne doit ainsi venir des personnes, capables de discerner entre un communautarisme qui enferme et un conformisme qui perd son identité propre, continue-t-il.
La prière pour la paix
Au milieu du XXe siècle, au sortir des deux guerres mondiales, la communauté européenne a été souhaitée afin d’éviter le retour de la guerre en Europe, en tissant des liens économiques d’abord, puis politiques et sociaux entre les peuples, ensuite. Le 9 mai 1950, le ministre français des Affaires étrangères, Robert Schuman, prononce une déclaration qui deviendra l’acte fondateur de la future Union européenne.
Dans un contexte de tensions internationales, avec une guerre ouverte sur le sol européen, cet idéal d’une harmonie entre pays européens visé par l’Union européenne semble loin. Les six saints patrons de l’Europe encouragent les Européens à porter un message de paix, souligne le père Arnaud, également professeur de théologie: «Cette prière pour la paix suppose notre propre conversion et de prier pour la conversion des dirigeants de ces pays pour qu’ils choisissent d'entrer dans une logique de vérité, de réconciliation, de pardon et d'humilité qui permette de surmonter les divisions».
La boussole de l’Évangile
Les racines culturelles et historiques de l’Europe restent vivantes, en témoigne par exemple la mobilisation pour la reconstruction de Notre-Dame. Le père Jean-Baptiste Arnaud est frappé par la force de la quête spirituelle qu’il constate en Europe et estime que «la foi chrétienne, ce n'est pas seulement des racines pour l'Europe, c'est un avenir, c'est une direction».
Le Pape rappelle en de nombreuses occasions la responsabilité des peuples européens à construire une véritable fraternité. Il avait estimé par exemple en 2023 devant une délégation d’évêques européens que l’Europe aura un avenir «si elle est vraiment une union et non une réduction de pays avec leurs caractéristiques respectives».
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