L’Église au cœur des commémorations du Débarquement en Normandie
Xavier Sartre – Cité du Vatican
Le diocèse de Coutances a payé un lourd tribut à la Libération. Nombreuses sont les villes de la région à avoir été meurtries, parfois très profondément. Saint-Lô, par exemple, a été paré du triste titre de «capitale des ruines», tant les destructions matérielles y ont été conséquentes –90% de la ville étant détruit dès les premières heures du débarquement des troupes alliées sur les plages d’Utah Beach et d’Omaha Beach, les plus proches.
L’Église locale s’est beaucoup investie dans les commémorations qui animent toute la Normandie cette semaine à l’occasion des 80 ans du Débarquement. Exposition, temps de prière œcuménique, marche pour la paix, et bien sûr des messes. Idem dans le diocèse voisin de Bayeux et Lisieux où se situent quatre des cinq plages de l’opération Overlord. Rien d’étonnant pour le père Daniel Jamelot, prêtre et chancelier du diocèse de Coutances et Avranches, curé de la paroisse Saint-Léon de Carentan, car «l’Église se préoccupe d’être présente et d’accompagner les tristesses et les angoisses des personnes, ainsi que leurs joies et leur espérance» explique-t-il, citant l’un des textes du concile Vatican II, Gaudium et Spes.
La réconciliation, premier pas vers la paix
Commémorer le Débarquement, ce n’est pas seulement rendre hommage aux victimes militaires et civils de cet événement déterminant de la Seconde Guerre mondiale. C’est aussi rappeler le prix de la paix, et du long chemin à parcourir pour y parvenir. Un chemin qui passe par la réconciliation, mais c’est sans doute le «plus difficile» admet le père Jamelot. Il en veut pour preuve cet épisode dont il a été témoin en 2009, pour le 65e anniversaire du Débarquement. Une délégation catholique allemande venue pour l’occasion a participé à une messe au cours de laquelle elle a offert 65 roses à 65 Saint-Lois nés avant 1944. Un geste simple en apparence mais à forte valeur. Une des paroissiennes françaises, adolescente pendant le conflit, a alors déclaré: «Enfin, ma haine des Allemands est tombée».
La réconciliation, l’Église la promeut bien sûr et partout, au niveau local comme au niveau universel. «Le Christ lui-même demande à chaque être humain de pouvoir vivre en paix avec son frère, de se réconcilier avec lui», rappelle le curé de Carentan. La présence et l’engagement de l’Église dans les commémorations sont donc naturels et témoignent de sa «préoccupation pour la réconciliation entre les peuples». «Elle est là pour authentifier ce désir qui est effectif entre certains pays et pour donner de l’espérance», précise le prêtre normand.
Cette mission, le diocèse de Coutances ne la mène pas qu’en juin, dans le cadre des commémorations annuelles du Débarquement mais tout au long de l’année, via la Maison de la Paix, une communauté religieuse de diverses nationalités et une équipe de bénévoles laïcs, installée à Sainte-Mère-Église, petite commune située près d’Utah Beach. L’objectif est «de bâtir la paix au quotidien, c’est éduquer à la paix car c’est d’abord le cœur de l’être humain qui est invité à vivre la paix» explique le père Jamelot. «Bien sûr, il y a les grands traités, mais la paix doit venir du cœur de chacun d’entre nous». Une œuvre de longue haleine, et toujours à remettre sur l’ouvrage.
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