Inauguration prochaine d'un Institut pour la non-violence à Rome
Francesca Merlo – Cité du Vatican
Les éthiciens chrétiens sont aux prises avec le concept de «guerre juste» depuis que saint Augustin en a défini les fondements moraux au IVe siècle. Le cardinal Robert McElroy, évêque de San Diego, a précisé que la théorie de la guerre juste ne correspond pas au message de l'Évangile, même si elle est techniquement «morale».
«Dans la vie de l'Église, a déclaré le cardinal McElroy dans un entretien accordé à Vatican News, les théories de la guerre juste sont un élément secondaire de l'enseignement catholique; le premier est que nous ne devrions pas nous engager dans la guerre du tout. Trop souvent, a-t-il poursuivi, les gens ont utilisé la théorie de la guerre juste et la tradition qui la sous-tend pour justifier la guerre». Selon le cardinal McElroy, il s'agit là d'un «problème majeur».
La violence est toujours contraire à l'Évangile
Pax Christi International, mouvement catholique pour la paix, inaugure le nouvel Institut catholique pour la non-violence à Rome le 29 septembre, un événement auquel le cardinal McElroy assistera.
Concernant la mission du nouvel institut, le cardinal américain a expliqué que la violence est un mot très délicat, car il existe différents types de violence dans le monde, qui sont tous, a-t-il ajouté, «contraires à la voie de l'Évangile dans leur essence». Il indique que l'Institut pour la non-violence s'efforcera de se concentrer sur les nombreux conflits, les guerres civiles et les guerres transfrontalières.
«Il est de plus en plus important que l'Église soit témoin de la recherche de solutions alternatives pour résoudre ces conflits au fur et à mesure qu'ils éclatent», a-t-il déclaré. «Mais la construction de la paix est une entreprise beaucoup plus vaste que la fin des conflits».
La paix n'est donc pas simplement l'absence de guerre, estime-t-il, mais son absence est un premier pas, et l'élimination des conflits apporte une plus grande harmonie avec les valeurs de l'Évangile, l'attention à la dignité de la personne humaine et la solidarité entre les peuples. «Ces thèmes plus larges sont nécessaires dans le cadre de la construction de la paix», juge le cardinal, «mais c'est en plaçant la non-violence active au centre de la théologie catholique sur la guerre et la paix» que l'on en posera les fondations.
Au-delà de la foi catholique
Le cardinal McElroy note que les résultats de la non-violence sont clairs et ont fait l'objet d'études approfondies, affirmant que la paix établie par la non-violence active est bien plus solide que tout ce qui est obtenu en «gagnant» un conflit.
Le terme «non-violence» dépasse largement le cadre de l'Église catholique et a été introduit en anglais par le Mahatma Gandhi, qui a traduit le mot sanskrit ahimsa, vieux de 5 000 ans (qui signifie «ne pas déchirer», «ne pas blesser», «non-violence» et «le pouvoir libéré par le refus de faire du mal»). Ghandi, tout comme Martin Luther King Jr, qui n'étaient pas catholiques, ont été des pionniers dans la promotion de la non-violence.
La diffusion de la non-violence à travers le monde, a déclaré le cardinal McElroy, est «une conversation qui a déjà lieu dans une grande variété de contextes institutionnels et culturels, bien au-delà du monde catholique».
Mais, se demande-t-il, «comment pouvons-nous, de manière réaliste, faire avancer la discussion, de sorte que des normes internationales de non-violence puissent voir le jour et être cultivées?».
Un institut pour le monde
L'Institut catholique pour la non-violence de Pax Christi est composé de représentants du monde entier, issus de pays déchirés par des conflits, comme le Soudan du Sud et la Palestine, ou de ce que l'on appelle les «grandes puissances», comme les États-Unis.
Évoquant ses échanges avec un cardinal sud-soudanais, son voisin pendant toute la durée du synode au Vatican l'année dernière, le cardinal McElroy revient sur ce «conflit atroce, avec beaucoup de violence». Mais lors de leurs conversations, il est «apparu clairement que la seule façon de construire une paix réelle et d'aider la société à s'en sortir était d'éviter d'alimenter le cycle de la violence. Cela ne peut pas se faire simplement en prenant des mesures».
Les exemples de violence et de guerre ne manquent pas, a poursuivi le cardinal McElroy, déplorant les conflits internes dans certaines parties du Sud, que les habitants de l'hémisphère nord négligent souvent volontairement. «L'Institut pour la non-violence, par l'étendue de son champ d'action, nous aidera à ne pas perdre de vue tous ces problèmes», déclare-t-il.
L'un des objectifs du nouvel institut est précisément de comprendre ce qui se passe dans le monde, afin de développer des méthodes pour aborder les différents problèmes. Comme le conseille souvent le Pape François, l'Église doit étendre ses soins et son attention aux périphéries.
«C'est le pouvoir du témoignage, le pouvoir d'appeler les gens à la solidarité et de vaincre ainsi la violence», a déclaré le cardinal McElroy. «Bien que de tels efforts ne permettent pas toujours de parvenir à la paix, ils devraient être au cœur et à l'âme de ce que nous faisons en tant que catholiques, en tant que personnes et en tant que disciples de Jésus-Christ».
Notre indifférence doit cesser
Le cardinal conclut en rappelant les nouveaux horizons que l'Institut catholique pour la non-violence espère atteindre tout en restant ancré dans l'encyclique Fratelli tutti du Pape François. «Le Pape nous dit que nous devons penser en termes nouveaux», a-t-il affirmé. «Nous avons des œillères dans l'esprit à propos des périphéries, et nous pensons que certaines régions sont moins importantes. C'est un poison et c'est certainement contraire à l'Évangile».
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